L’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion et président de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse a salué le Forum chrétien romand réuni à Leysin avec ces paroles.

Au nom de la Conférence des évêques suisses et de l’évêque de Sion Monseigneur Jean-Marie Lovey, c’est avec beaucoup de joie que je vous souhaite la bienvenue pour ce Forum chrétien romand à Leysin. Car ici à Leysin, sur le plan des découpages territoriaux de l’Église catholique, nous sommes encore sur le diocèse de Sion, même si nous nous trouvons dans le canton de Vaud.

C’est là une particularité de cette région du Chablais, qui se situe comme au carrefour et au point de rencontre entre différentes réalités voisines et complémentaires. N’est-il pas significatif de noter que, non loin d’ici, les Chanoines de Saint-Maurice brassent leur bière sur un terrain leur appartenant et se situant sur la commune de Lavey, la paroisse de Bex, le secteur de Saint-Maurice, le décanat d’Aigle, le canton de Vaud et le diocèse de Sion ?

Le lieu de notre Forum semble donc tout indiqué pour nous inviter à cette démarche de rencontre fraternelle et de prière dans un esprit œcuménique. Ici à Leysin, nous sommes naturellement conduits à nous réjouir de la rencontre de l’autre, dans son identité et son altérité reconnues comme sources d’enrichissements mutuels.

Nous sommes proches d’un nouvel hôpital dont le Service d’aumônerie est confié à une équipe œcuménique, intercantonale et interdiocésaine. Nous découvrons la joie de témoigner ensemble d’un Dieu dont nous professons la nature trinitaire : un seul Dieu en trois Personnes qui ne sont pas des « identiques juxtaposés », mais au contraire des « autres » dans une parfaite unité de relations. Et cette prise de conscience, sur une frontière entre deux diocèses et deux cantons, ne peut-elle pas nous rappeler opportunément l’essence de la tradition chrétienne : ce qui valait vaut toujours… et ce qui Valais Vaud encore ?

Le poète Charles-Ferdinand Ramuz a bien exprimé la richesse de cette terre de rencontres unissant Derborence et le Lavaux, la montagne et le lac, le seigle et la vigne : « Nous sommes le pays de trois productions essentielles qui intéressent tout le sang : le pain, le vin, le sel. Choses de partout, choses de tous les temps, fruits essentiels, nourritures de l’âme, choses qui font rêver, et qui font qu’aussi, afin de vous avoir, on se détourne de son rêve pour le travail quotidien, dans ce pays qui est petit, mais qui tout à coup, grâce à vous, devient grand et grâce à vous l’égal de tous les autres, le plus beau et le plus aimé »[1].

Le pain, le vin, le sel : cette nourriture essentielle chantée par Ramuz est aussi biblique et chrétienne. Ici à Leysin, je forme le vœu que nous puissions la partager et nous en nourrir en simplicité et vérité, à la suite de Jésus qui nous a donné l’exemple en lavant les pieds de ses disciples et en les invitant à le faire à leur tour, non pas « les uns aux uns » ou « les autres aux autres », mais bien « les uns les autres » … « Leysin les autres ».


[1] C.-F. Ramuz, Adieu à beaucoup de personnages, éd. Mermod, Lausanne, 1953, p. 156-164.

Tiré de « En chemin d’unité. Actes du Forum chrétien romand ».

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

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