Catégorie : Actualité (Page 1 of 4)

Les origines du Forum chrétien mondial

La première rencontre du Forum chrétien mondial à Limuru, au Kenya

A l’occasion de la troisième rencontre du Forum chrétien romand, le 5 octobre 2024 à Cressier (NE), Hubert Van Beek, premier secrétaire général du Forum chrétien mondial, a fait un petit historique de cette démarche originale

Je vous salue dans la communion en Christ – je regrette de ne pas pouvoir être avec vous aujourd’hui.

Dans l’annonce de la réunion d’aujourd’hui sur le site de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vau,  il est dit que « la dynamique des forums chrétiens a été initiée par le Conseil oecuménique des Eglises (COE) au tournant de l’an 2000, et qu’elle vise la communion des croyants dans la prière, la méditation de la Bible, le soutien mutuel et le témoignage. En le lisant j’étais frappé par l’absence d’un mot, pourtant au coeur du Forum chrétien, unité.

Le Forum chrétien romand est une émanation du Forum chrétien mondial. Alors, je veux vous parler un peu de la dynamique de ce Forum chrétien mondial.

Dans les années 1990, il y a eu au Conseil œcuménique des Eglises une prise de conscience de la configuration du christianisme mondial. Grosso modo, l’Eglise catholique romaine représente la moitié des chrétiens dans le monde (2 milliards). Les Eglises membres du COE, protestantes, aanglicanes et orthodoxes comptent ensemble pour un quart. Quel est l’autre quart ? Ce sont les Eglises qui font partie de ce qu’on appelle les mouvements évangélique, pentecôtiste et charismatique.

En un siècle, il y a eu un bouleversement dans le monde protestant. Au début du XXIe siècle, les Eglises évangéliques et pentecôtistes représentaient 2% de la chrétienté – à la fin du XXIe 25%.

Au début du XXIe s. moins de 20% des chrétiens vivaient dans le ‘Sud global’. Aujourd’hui, c’est proche du 70%.

En un siècle, il y a eu aussi un bouleversement dans les relations entre le mouvement œcuménique et l’Eglise catholique. Quand le mouvement a commencé dans les années 1920, l’Eglise catholique y était farouchement opposée. Depuis Vatican II, elle y participe pleinement.

Prise de conscience du Conseil oecuménique des Eglises

La prise de conscience du COE était donc qu’un quart du christianisme mondial est en dehors du mouvement oecuménique.  

Le COE était conscient dès sa création en 1948  que les églises évangéliques et pentecôtistes ne voulaient pas rejoindre le mouvement oecuménique. A l’époque, elles étaient encore une minorité.

L’Association évangélique mondiale fondée en 1951 était encore mal organisée et faible.

Aujourd’hui l’Alliance évangélique mondiale (le nom a changé) représente 6 à 700 millions de chrétiens, le COE 5 à 600 millions. Le COE et l’AEM sont certes des organisations différentes, mais de taille tout à fait comparable.

Je n’ai malheureusement pas le temps de vous parler de toutes les tentatives de rapprochement entreprises par le COE depuis sa création. Je peux vous assurer qu’elles ont été nombreuses et sincères. C’est vrai d’ailleurs aussi pour l’Eglise catholique. Pour le COE, le plus souvent c’était sans beaucoup de résultats. Une dizaine d’Eglises pentecôtistes sont devenues membres depuis 1961 (Cette année là deux le sont devenues). C’est bon, mais peu. Une dizaine d’Eglises africaines indépendantes aussi.

Le but premier du COE a toujours été – et reste – l’unité visible de toutes les Eglises qui confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur (C’est la base du COE). Dans les années 1990 le COE s’est donc posé la question: comment poursuivre ce but, face à cette réalité qu’un quart du christianisme mondial ne se sent pas motivé par ce qu’offre et fait le COE.  

La réponse qui s’est imposée a été: il faut ouvrir une nouvelle voie. Non pas une nouvelle organisation qui remplacerait le COE, mais un nouveau cheminement dont le COE est un des composants. C’est ainsi que l’idée d’un Forum est née.  

Alors que l’idée était encore à l’état d’ébauche, le COE s’est assuré que l’Eglise catholique serait de la partie.

Ensuite, il fallait partager l’idée avec l’autre partenaire, les mouvements évangélique et pentecôtiste. Ce n’était pas simple, pour deux raisons:

– à l’époque, on se connaissait mal, il y avait peu de contacts, il y avait de la méfiance même.

– on avait une idée, une proposition d’un Forum,  sans avoir un plan développé.

Avec le recul, cela était une bonne chose. Il fallait bien sûr que le plan soit développé ensemble.

Il aura fallu beaucoup de travail pour réunir, en septembre 2000, un groupe d’une trentaine de dirigeants, du COE, du Vatican, de l’Alliance évangélique mondiale, des Alliances évangéliques d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes, de l’Europe, et quelques pentecôtistes. Où réunir un tel groupe ? Au COE à Genève? au Vatican? On a choisi un bastion du mouvement évangélique, le Séminaire théologique Fuller, à Pasadena, aux Etats-Unis.

Unité et mission

Est-ce que c’est le lieu, ou et-ce l’année (2000)  qui a permis à l’Esprit d’ouvrir ce nouveau cheminement ? Certainement l’Esprit, mais le lieu et l’année ont peut-être aidé… Toujours est-il que le groupe était d’un commun accord : il fallait se lancer.  Le groupe a défini le but : le COE et le Vatican ont dit unité, les évangéliques ont dit d’accord, mais il faut ajouter mission. 

Unité : cela veut dire travailler sur les relations, dépasser les préjugés et les stéréotypes, apprendre à se connaître et se comprendre, construire la confiance. 

Mission : cela veut dire là où c’est possible, coopérer et témoigner ensemble.

C’est aussi à cette réunion que le nom a été proposé – « Forum Chrétien Mondial » –  par un pentecôtiste de Malaisie, et que quelques évangéliques ont rejoint le comité.

L’étape suivante a été d’organiser pour la première fois un Forum, au niveau mondial. Tout était à concevoir : qui inviter, quelle représentation, quel thème, quel programme, quel résultat visé, où tenir la réunion. Un problème inattendu s’est posé : comment commencer une telle réunion.

Pour affronter ces défis, le comité a osé innover :

– pas de thème préconçu ;

– pas de programme fixé à l’avance – ce sera à la réunion d’élaborer son programme ;

– pas de résultat visé – laisser les choses ouvertes ;

– le même nombre de participants venus des mouvements évangéliques et pentecôtistes que du mouvement œcuménique (y compris les catholiques), pour qu’on soit à égalité.

– invitations adressées aux Eglises et aux organisations, qui nomment leurs représentant-e-s, pour engager les Eglises et responsabiliser les participant-e-s

– commencer la réunion avec une séance de partage des itinéraires de foi : chaque participant a sept minutes pour dire comment elle ou il a rencontré le Christ et ce que cela a changé dans sa vie.

C’est en appliquant ces principes que la première consultation mondiale s’est tenue, en juin 2002, de nouveau au Séminaire de théologie évangélique Fuller à Pasadena, avec 60 participants du monde entier, protestants, anglicans, orthodoxes, catholiques, évangéliques et pentecôtistes.

Le partage des itinéraires de foi a été la grande révélation de cette réunion. A travers cet exercice, les participants se sont reconnus unis en Christ, avec toutes leurs différences.

L’autre révélation a été la dynamique spontanée : l’absence de thème et de programme a permis aux participants de prendre en main la réunion, d’en faire un espace pour une véritable rencontre entre des traditions chrétiennes différentes.

Ce n’est donc pas étonnant que ce premier Forum ait vu dans la création de cet espace de rencontre le génie du Forum Chrétien Mondial. Elle a formulé la Déclaration d’intention, qui reste encore la même aujourd’hui :  

Créer un espace ouvert où les représentants d’un grand éventail d’Eglises et organisations chrétiennes, qui confessent le Dieu trinitaire et Jésus-Christ, parfait Dieu et parfait homme, peuvent se rassembler pour promouvoir le respect mutuel et pour étudier et aborder ensemble des défis communs.

Cette première consultation a été suivie de quatre réunions régionales, sur le même modèle, en Asie, Afrique, Europe et Amérique latine, pour tester la validité de l’expérience. Ensuite, un rassemblement mondial a eu lieu, qui a réuni les dirigeants du COE, de l’AEM, du Vatican, de l’Association mondiale pentecôtiste, et beaucoup de responsables d’Eglises de toutes les communions chrétiennes – en 2007, à Limuru au Kenya. Là, le comité a dit : « voilà ce que nous avons fait depuis 9 ans – à vous de dire s’il faut continuer, ou si on s’arrête là ».

Depuis, le Forum Chrétien Mondial existe comme lieu de rencontre et de rapprochement des deux mouvements qui ont marqué la vie et le témoignage des Eglises dans le monde entier, tout au long du XXIe s. – le mouvement oecuménique et le mouvement évangélique et pentecôtiste.

Le Forum chrétien ne remplace pas le mouvement oecuménique – que ce soit au niveau mondial, régional, national ou local – il ajoute une dimension – il l’élargit – il l’enrichit.

Le don d’être chrétiens ensemble

Voici un texte d’un dialogue entre catholiques et évangéliques aux États-Unis, qui prépare le thème « l’autre est un don » qui sera approfondi lors de la rencontre du Forum chrétien romand, le 5 octobre 2024

« On ne naît pas chrétien, on le devient » Tertullien (mort en 220), Apologie 18

« Ainsi, quiconque est en Christ est une nouvelle création : les choses anciennes sont passées ; voici, des choses nouvelles sont arrivées » (2 Cor. 5,17). Ensemble, évangéliques et catholiques remercient humblement Dieu pour le don d’être devenus chrétiens à travers la Croix salvatrice de Jésus, sa résurrection et l’envoi de l’Esprit. Tout comme le peuple d’Israël a été « appelé » parmi les nations pour devenir un peuple élu, de même nous reconnaissons que les chrétiens sont « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, son propre peuple », que Dieu a créé, appelé « des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pi. 2,9).

Dans la ville d’Antioche, les disciples de Jésus « furent, en premier, appelés chrétiens » (Actes 11, 26), et Dieu n’a cessé d’appeler des personnes à lui pour qu’elles portent le nom du Christ. Nous, catholiques et évangéliques, nous reconnaissons comme frères et sœurs dans le Christ, ayant reçu le même baptême et le même appel, appartenant à une seule et même famille chrétienne et partageant la même foi, la même espérance et le même amour (1 Thess1,3)

En tant que membres de la même maison de Dieu (1 Tim. 3,15), nous reconnaissons que bon nombre des différences doctrinales, disciplinaires et liturgiques entre évangéliques et catholiques – certaines substantielles – présupposent un engagement partagé, même s’il est contesté, envers le Christ. Ces désaccords – certains apparemment insolubles – démontrent néanmoins que nous affirmons chez l’autre une vocation commune du Christ et une foi en Lui comme Seigneur. Ainsi, nous acceptons le don d’accompagner nos frères et sœurs alors que nous cherchons tous à harmoniser nos vies et nos pensées avec le Christ, reconnaissant Jésus comme Seigneur et Sauveur (Phil. 2,5). 

Pour décrire ce que signifie être chrétien, les catholiques mettent souvent l’accent sur la vie sacramentelle de l’Église, et les évangéliques mettent souvent l’accent sur la foi personnelle au Christ. Pourtant, nous savons qu’il existe des degrés de conformité au Christ non seulement chez d’autres chrétiens avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, mais également au sein de nos propres vies et communautés. Ainsi, être chrétien, c’est être un pèlerin, c’est aller vers la pleine conformité à Celui dont nous portons le nom. C’est aussi être appelé de notre ancien mode de vie à une vie dans l’Esprit, qui ne se réalisera pleinement que dans la nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21 : 1-2 ) : « Bien-aimés, nous sommes maintenant les enfants de Dieu ; ce que nous serons n’a pas encore été révélé. Nous savons que lorsque cela sera révélé, nous serons comme lui, car nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3,2).

Au cœur de l’être chrétien se trouve la présence vivante et la puissance du Christ à l’œuvre en nous. C’est un don déjà reçu par la grâce par la foi, « Christ en vous, espérance de gloire », et qui arrive à maturité, « à la mesure de la stature de Dieu », la plénitude du Christ », au sein de la communauté chrétienne (Col 1,27-29 ; Eph. 4,13). Dans Actes 11, les premiers chrétiens se distinguent par la vie, la grâce, la puissance et la Parole ointe du Christ à l’œuvre en eux (Actes 11.19-26. Même avec la menace réelle de mort et le sang encore frais du martyre d’Étienne, ils maintiennent résolument leur témoignage (Actes 11,19,23).

Quelques décennies après que les disciples furent appelés pour la première fois chrétiens à Antioche, l’évêque de cette même ville, Ignace d’Antioche, fait allusion à la véritable signification de ce nom alors qu’il chemine vers le martyre et espère qu’il « ne sera pas simplement appelé chrétien, mais qu’il le sera véritablement » (lettre à l’Église de Rome ; cf. 1 Pt. 4, 16). Percevant ces marques du Christ les uns chez les autres, nous, catholiques et évangéliques, reconnaissons le même profond témoignage de Jésus chez nos frères chrétiens, dont certains ont même versé leur sang. Par conséquent, en progressant vers la pleine maturité en Christ et en dépendant de « sa puissance agissant en nous », nous prenons plaisir à nous appeler les uns les autres « chrétiens » (Col 1,28-29).

En tant que frères et sœurs dans le Christ, nous reconnaissons que nous sommes appelés par le même Seigneur à « nous supporter les uns les autres dans l’amour » car, malgré nos divisions, il n’y a qu’«un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de nous tous » (Éph. 4,2 ; 5-6). Nous nous repentons de toutes les absences d’amour familial entre évangéliques et catholiques, parmi lesquelles l’affirmation théologiquement douteuse selon laquelle les évangéliques ou les catholiques ne sont pas chrétiens. Contre cette œuvre de division, nous prions ensemble pour une unité plus complète entre catholiques et évangéliques, qui partagent déjà un appel et une mission commune, qui comprend une union à la fois avec le Christ et avec tous ses disciples (Jean 17,21), et un témoignage dans le monde par l’amour mutuel les uns pour les autres (Jean 13,

Source : https://thegiftofbeingchristiantogether.org/

« L’autre est un don ». Rencontre du Forum chrétien romand. 5 octobre 2024

« Accueillez-vous donc les uns et les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Rm 15, 7)

Samedi 5 octobre 2024, 09h00-16h00

Au centre paroissial de Cressier (chemin des Narches 3, 2088 Cressier (canton de Neuchâtel)

Prix : 25.-

Formulaire d’inscription

DÉROULEMENT : MATIN
9h00-9h30 : Café-croissants
9h30-10h00 : Louange et prière
10h00-10h30 : Accueil du Forum
10h30-11h30 : Partage en petits groupes selon la formule du Forum chrétien
11h30-11h50 : Partage en plenum sur les expériences vécues en petits groupes.
11h50-12h00 : Quelques cantiques d’action de grâce
12h00 et repas

APRES-MIDI
13h30-14h00 : Information à plusieurs voix sur le Forum mondial d’Accra, Ghana

14h45-15h15 : Bilan, projets d’avenir, mission commune.
14h00-14h45 : Ateliers

  1. 2025, 1700 ans du Concile de Nicée. Quelle actualité pour le Forum chrétien?
  2. Œcuménisme dans le canton de Neuchâtel
  3. Lecture plurielle de la Bible
  4. Présence chrétienne dans les médias

15h15-16h00 : Célébration finale

Forum chrétien mondial. Quatrième rencontre mondiale, Accra, Ghana

Martin Hoegger a participé à la quatrième rencontre du Forum chrétien mondial à Accra, au Ghana, du 16 au 19 avril 2024. Voici quelques articles de sa plume.

Message du 4e rassemblement mondial

Forum chrétien mondial : La diversité du christianisme mondial s’est manifestée à Accra

Accra Ghana, 16 avril 2024. Dans cette ville africaine grouillante de vie, le Global Christian Forum (FCM) réunit des chrétiens de plus de 50 pays et de toutes les familles d’Églises. D’origine ghanéenne, son secrétaire général Casely Essamuah explique que le FCM veut donner aux chrétiens l’occasion de connaître et de recevoir les dons que l’Esprit Saint a placés dans les différentes Églises. « C’est un espace de rencontre profonde de la foi. Nous apprenons ainsi à découvrir la richesse du Christ », dit-il.

Cape Coast. Les lamentations du Forum chrétien mondial

Accra, 19 avril 2024. Le guide nous a prévenus : l’histoire de Cape Coast – à 150 km d’Accra – est triste et révoltante ; il faut être fort pour la supporter psychologiquement ! Cette forteresse construite au XVIIe siècle par les Anglais a reçu la visite de quelque 250 délégués du Forum chrétien mondial.

« Pour que le monde sache ». L’invitation du Forum chrétien mondial.

Accra, Ghana, 19 avril 2024. Le thème central du quatrième Forum chrétien mondial est tiré de l’Évangile de Jean : « Pour que le monde sache » (Jean 17:21). À bien des égards, l’assemblée a approfondi ce grand texte, dans lequel Jésus prie pour l’unité de ses disciples en les envoyant dans le monde.

L’élargissement de l’unité visible au service de la mission. Les 25 ans du Forum chrétien mondial

La célébration des 25 ans du Forum chrétien mondial a été l’occasion de rendre grâce, à travers son action, pour l’élargissement de l’unité visible entre les « vieilles Églises » et les « jeunes Églises » animées par une spiritualité évangélique et pentecôtiste.

Sanctification et unité, les deux conditions de la mission.

Le thème de la rencontre du Forum chrétien mondial à Accra était tiré de cette page de l’Évangile : « Afin que le monde sache » (Jean 17,23). Voici une méditation sur ce passage!

Forum chrétien mondial et JC203, une histoire d’unité et de témoignage

« Notre thème, écrit C. Essamuah, secrétaire du FCM, s’accorde à merveille avec le titre du livre d’Olivier Fleury et l’objectif de l’initiative JC2033 : mobiliser les chrétiens du monde entier dans la joie de l’unité que nous partageons les uns avec les autres ».

Global Christian Forum. Forth Global Gathering, Accra, Ghana

Martin Hoegger took part in the fourth Global Christian Forum gathering in Accra, Ghana, from April 16 to 19, 2024. Here are a few articles from his pen.

Global Christian Forum: Diversity of global Christianity on display in Accra

Accra Ghana, 16th April 2024. In this African city teeming with life, the Global Christian Forum (GCF) brings together Christians from more than 50 countries and from all families of Churches. Of Ghanaian origin, its general secretary Casely Essamuah explains that the GCF wants to give Christians the opportunity to know and receive the gifts that the Holy Spirit has placed in the various Churches. “It is a space for a deep encounter of faith. We thus learn to discover the richness of Christ,” he says.

Cape Coast. Laments from the Global Christian Forum

Accra, April 19, 2024. The guide warned us: the history of Cape Coast – 150 km from Accra – is sad and revolting; we must be strong to bear it psychologically! This fortress built in the 17th century by the English received a visit from some 250 delegates to the Global Christian Forum (GFM)

“That the world may know.” The invitation from the Global Christian Forum.

Accra, Ghana, April 19, 2024. The central theme of the fourth Global Christian Forum (GCF) is taken from the Gospel of John: “That the world may know” (John 17:21). In many ways, the assembly delved deeper into this great text, where Jesus prays for the unity of his disciples by sending them into the world.

Global Christian Forum and JC2033 : A Story of Unity and Witness

« Our theme, writes C.Essamuah, secretary of the GCF, fits wonderfully with the title of Olivier Fleury’s book and the aim of the JC2033 initiative: to mobilize Christians around the world in the joy of the unity we share with one another »

L’élargissement de l’unité visible au service de la mission. Les 25 ans du Forum chrétien mondial

Le « gâteau » d’anniversaire des 25 ans du Forum chrétien mondial

La célébration des 25 ans du Forum chrétien mondial (FCM) a été l’occasion de rendre grâce, à travers son action, pour l’élargissement de l’unité visible entre les « vieilles Églises » et les « jeunes Églises » animées par une spiritualité évangélique et pentecôtiste.

Cette célébration a eu lieu dans une grande Église pentecôtiste d’Accra. Lors du culte, son pasteur principal a insisté sur le fait que l’amour réciproque auquel Jésus nous appelle (Jean 13) est plus important que toutes les manifestations de l’Esprit-Saintt, sans quoi on ne peut pas accomplir le grand mandat d’évangélisation.

Il ajoute que tous les dons de l’Esprit Saint sont donnés pour le bénéfice du corps du Christ, afin qu’il soit uni dans l’amour, et conclut par une fervente prière demandant à Dieu de bénir chaque Église, pays et participant. Qu’il verse son Esprit sur nous tous et que le Forum soit un outil pour faire connaître l’amour de Dieu à tous !

Un nouvel esprit de respect et de confiance

Le pasteur allemand Konrad Raiser, ancien secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, a été un des initiateurs du Forum chrétien mondial. Il rappelle que le FCM a été fondé pour servir « l’unique mouvement œcuménique » en y invitant les évangéliques et les pentecôtistes. Il est né en 2002 du constat qu’à l’époque le Conseil œcuménique des Églises ne représentait qu’un quart de l’ensemble de la chrétienté mondiale.

Il pense qu’il était également important de prendre très tôt la décision claire de veiller à ce que la moitié des participants aux réunions du Forum proviennent de communautés évangéliques et pentecôtistes charismatiques. « Durant ces 25 années, conclut-il, le Forum a été en mesure de générer un nouvel esprit de respect et de confiance entre tous ceux qui invoquent le nom de Jésus-Christ et de renforcer ainsi leur témoignage commun dans le monde contemporain ».

Un don de l’Esprit saint

Pour le Patriarche Bartholomée, le FCM est « un don de l’Esprit dans le pèlerinage de foi vers l’unité ». Il rappelle que le patriarcat œcuménique s’est engagé sans cesse dans le mouvement œcuménique depuis l’encyclique de 1920 qui a posé les bases du Conseil œcuménique des Églises. Pour lui, le Forum « reflète l’essence même de notre foi chrétienne, à savoir que « nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps » (1 Cor 12,13) et qu’il y a « un seul Seigneur, une seule foi et un seul baptême » (Eph. 4,5), dans le Christ Jésus, et que nous sommes appelés à nous aimer et à nous soutenir mutuellement dans notre pèlerinage commun de justice, de paix et de réconciliation avec le monde ».

Une magnifique mosaïque du christianisme

Le pape François voit dans le Forum « une magnifique mosaïque du christianisme contemporain » uni par une « identité commune comme disciples de Jésus-Christ ». Il offre un espace pour faire grandir notre amour réciproque en vue de l’unité visible de tous les chrétiens. Pour lui le Forum a contribué de manière significative à la promotion du lien entre l’unité de la mission chrétienne en donnant un « espace dans lequel les membres des diverses expressions historiques de la foi chrétienne croissent dans le respect mutuel et la fraternité en se rencontrant dans le Christ ».

Une plateforme pour nous stimuler à l’amour réciproque

« Je suis avant tout un croyant, Jésus est vivant », s’écrie au début de son allocution Stephen Asamoah-Boateng, ministre des Affaires religieuses du Ghana. « Quand vous êtes en Christ, vous vivez la vie en Christ à votre manière, mais vous êtes reliés aux croyants de toutes tribus et nations. » Il reconnaît la contribution du FCM à offrir une plateforme où les chrétiens peuvent se stimuler à l’amour réciproque.

Le pasteur américain Wesley Granberg-Michaelson lui répond en disant que 40% des chrétiens sont aujourd’hui en Afrique, alors qu’ils n’étaient que 2% en 1910. C’est une des transformations les plus remarquables du christianisme. « Hier, nous avons fait un pèlerinage à Cape Coast pour nous repentir des injustices commises contre l’Afrique par l’Europe », lui dit-il aussi en le remerciant pour l’hospitalité reçue de la part des habitants du Ghana et du gouvernement.

Les évangéliques et les pentecôtistes, des héritiers

Thomas Schirrmacher, le secrétaire général sortant de l’Alliance évangélique mondiale, est convaincu qu’avec le Forum chrétien mondial, on est au cœur de l’Église de Jésus-Christ, unie par une foi commune trinitaire, en la résurrection de Jésus et à son retour proche. Le credo de Nicée nous est aussi commun, mais surtout les Saintes Écritures qui ont une autorité ultime. Sur cette base, l’Alliance évangélique, peut se retrouver dans une mission commune avec les autres Églises.

« Les évangéliques sont vos petits-enfants et les pentecôtistes vos arrières-petits-enfants. Aujourd’hui, ils sont des adolescents qui parfois se bagarrent avec les parents et les grands-parents… Mais à travers le Forum, j’ai découvert des frères et sœurs dans les vieilles Églises et ai été édifié par leur témoignage. Ensemble, nous devons témoigner au monde du salut en Jésus-Christ, sinon nous ne serions que des ONG. Et, nous ne pourrons le faire qu’ensemble », conclut-il.

Martin Hoegger

Pour que le monde sache… L’invitation du Forum chrétien mondial.

Par Martin Hoegger

Accra, Ghana, 19 avril 2024. Le thème au centre du quatrième Forum chrétien mondial (FCM) est tiré de l’évangile de Jean : « Afin que le monde sache » (Jean 17,21). De multiples manières, l’assemblée a approfondi ce grand texte où Jésus prie pour l’unité de ses disciples en les envoyant dans le monde.

Ce forum avait une belle logique. Le premier jour, nous avons affirmé que c’est le Christ seul qui nous unit. Le deuxième, avec la visite de la forteresse de Cape Coast où des millions d’esclaves ont transité, nous avons confessé nos infidélités à la volonté de Dieu. Au troisième jour, nous avons reconnu notre besoin d’être pardonnés et guéris, avant d’être envoyés. L’envoi est le thème du quatrième jour.

L’amour est le ciment de l’œcuménisme

Ce n’est pas un hasard que Jean 17 ait été choisi comme texte phare. En effet, « si la Bible est un sanctuaire, Jean 17 est le « saint des saints » : une révélation d’un dialogue intime entre le Père et le Fils fait chair », dit Ganoun Diop, de l’Église adventiste du Sénégal. C’est un grand mystère : Jésus nous a aimés afin que nous renaissions dans une vie nouvelle. Le FCM est un outil que Dieu utilise pour amener son amour. Et l’amour est le ciment de l’œcuménisme !

Pour Catherine Shirk Lukas, professeur à l’université catholique de Paris, le mouvement œcuménique est un mouvement d’amour, car Jésus a prié pour que l’amour divin soit répandu sur le monde (Jean 3.16). « Pour que le monde sache » : cette promesse est d’abord pour ceux et celles qui ont été victimes des violences et d’abus. « Nous avons à les écouter, les voir et les soutenir, en étant humbles et en nous repentant de nos erreurs ».

La ghanéenne Gertrude Fefoame, s’est engagée dans le réseau pour les handicapés du Conseil œcuménique des Églises. Elle-même, aveugle, témoigne qu’il y a encore bien des barrières pour les accueillir dans la communauté : « Le pardon et la guérison donnés par le Christ sont une libération. Elle délivre de toute discrimination et inclut les personnes avec un handicap ».

Pour l’archevêque copte orthodoxe Angaelos, l’appel à l’unité par Jésus est un défi qui demande de la patience et bienveillance. « Nous devons fonctionner comme corps avec le Christ à notre tête. Cela signifie prendre en compte dans nos décisions les autres parties de ce corps ». La prière de Jésus en Jean 17 l’appelle à vivre la vérité que le Fils de Dieu est venu pour que nous ayons la vie en plénitude. Nous sommes ministres de sa réconciliation, afin que le monde le voie Lui et non pas nous.

La méthodologie efficace du Forum

Ce qui plaît à Victor Lee, pentecôtiste de Malaisie, est la méthodologie du partage des chemins de foi dans le Forum. Elle permet aux pentecôtistes de faire connaître Jésus en collaborant avec les autres Églises, par la puissance de l’Esprit.

Le théologien Richard Howell, de l’Inde, reconnaît que ces partages ont transformé sa vie. « Après que ma maman a été miraculeusement guérie quand j’avais 12 ans, je suis alors devenu pentecôtiste. Je pensais que seuls les pentecôtistes étaient sauvés. En entendant des chrétiens d’autres Églises partager leur foi dans le cadre du Forum, j’ai demandé à Dieu de pardonner mon ignorance. J’ai découvert des frères et sœurs et qu’il me manquait 2000 ans d’héritage chrétien. Cela a été une nouvelle conversion ».

De même, un responsable d’une Église africaine indépendante a découvert la richesse de cette écoute des récits de foi. « On réalise que nous avons la même foi au Christ. Si nous nous mettons à nous écouter réciproquement, nous nous aimerons et surmonterons nos séparations ».

La méthodologie du Forum croise aussi les exposés avec des temps de dialogue entre six à huit personnes autour d’une table. Ce « tricotage » est très efficace pour apprendre à mieux se connaître sur un plan personnel. Nous avons ainsi été invités à partager sur ces trois questions : « Que voulez-vous que le monde sache ? Comment avez-vous connu le Christ ? Comment faites-vous connaître le Christ ? » Et, à la fin de la rencontre, cette autre question : « Quelle inspiration avez-vous reçue durant ces jours et que vous voudriez transmettre chez vous »

Un chemin d’Emmaüs

Le récit des deux disciples en marche vers Emmaüs est au cœur de ce que recherche le Forum chrétien mondial. Pour l’archevêque Flávio Pace, secrétaire du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, il symbolise l’Église en marche, rejointe par le Christ. C’est lui qu’il faut mettre au centre, et c’est avec lui qu’il faut ouvrir les Écritures. Réfléchissant sur le récent synode de l’Église catholique, il affirme qu’il ne peut y avoir de véritable synode sans la dimension œcuménique. La veillée de prière au Vatican « Together » a donné un signe fort dans ce sens.

A deux reprises, les délégués ont été invités à un « chemin d’Emmaüs » pour faire connaissance avec une personne que nous ne connaissions pas encore. En ce qui me concerne, je me suis promené avec Sharaz Alam, un jeune pasteur, secrétaire général de l’Église presbytérienne du Pakistan, dans le parc jouxtant le centre de la conférence, puis à l’ombre de grands arbres, autour d’une boisson fraiche. Nous avons partagé sur le sens du récit d’Emmaüs. Il m’a aussi parlé de son action d’évangélisation auprès des 300 jeunes de sa paroisse et de son projet de doctorat sur les défis que lance l’Islam à l’Église de son pays.

Le récit d’Emmaüs est aussi au cœur de la spiritualité des Focolari qui insiste sur l’importance de vivre la présence du Christ parmi nous. Elle est présentée par Enno Dijkema, codirecteur du Centre pour l’unité de ce grand mouvement catholique ouvert aux membres d’autres Églises. En effet son but est de contribuer à réaliser le « testament de Jésus » en Jean 17. L’Évangile est à sa base, en particulier le commandement nouveau de l’amour réciproque donné par le Christ.

Enfin l’horizon de 2033 est comme un chemin d’Emmaüs vers le jubilé des 2000 ans de la résurrection de Jésus. Le Suisse Olivier Fleury, président de l’initiative JC2033, parle avec passion de l’occasion merveilleuse de témoignage dans l’unité que représente ce Jubilé… « afin que le monde sache » que le Christ est ressuscité !

Autres articles de Martin Hoegger

Message du 4e rassemblement mondial

Forum chrétien mondial : La diversité du christianisme mondial s’est manifestée à Accra

Cape Coast. Les lamentations du Forum chrétien mondial

Sanctification et unité, les deux conditions de la mission.

Forum chrétien mondial et JC203, une histoire d’unité et de témoignage

Cape Coast. Les lamentations du Forum chrétien mondial

Par Martin Hoegger

Accra, 19 avril 2024. Le guide nous a avertis : l’histoire de Cape Coast – à 150 km d’Accra – est triste et révoltante ; nous devons être forts pour la supporter psychologiquement ! Cette forteresse construite au 17e siècle par les Anglais a reçu la visite des quelque 250 délégués au Forum chrétien mondial.

Nous visitons les souterrains, certains sans lucarnes, où s’entassaient des esclaves en transit vers les Amériques. Quel contraste avec la grande salle du gouverneur avec neuf fenêtres et sa lumineuse chambre à coucher avec cinq fenêtres ! En dessus de ces sombres lieux une église anglicane construite par la « Société pour la propagation de l’Évangile ». « Où l’on chantait alléluia, alors que les esclaves criaient leur souffrance en dessous », précise notre guide !

Le plus troublant est la justification religieuse de l’esclavage. Outre l’église de la forteresse et la cathédrale méthodiste à quelques centaines de mètres, voici cette inscription en hollandais en haut d’une porte, dans une autre forteresse située pas loin de la nôtre que me montre un participant qui l’a visitée : « Le Seigneur a choisi Sion, il a désiré en faire son habitation » Qu’a voulu dire celui qui a écrit cette citation du Psaume 132, verset 12 ? Une autre porte a l’inscription « porte du non-retour » : emmenés vers les colonies, les esclaves perdaient tout : leur identité, leur culture, leur dignité !   

Pour marquer les 300 ans de la construction de ce fort, l’African Genesis Institute a posé une plaque commémorative avec cette citation d’un passage du livre de la Genèse : « (Dieu) dit à Abram : Sache que tes descendants séjourneront en immigrés dans un pays qui n’est pas le leur ; ils y seront esclaves, et on les affligera pendant quatre cents ans. Mais je jugerai la nation dont ils auront été les esclaves, et ils sortiront ensuite avec de grands biens.» (15,13-14)

Dans la cathédrale méthodiste de Cape Coast

La question qui m’habitait en entrant dans cette cathédrale contemporaine de la traite des noirs, est posée par Casely Essamuah, le secrétaire général du FCM : « où est-ce que ces horreurs continuent aujourd’hui ? »

Une « prière de lamentation et de réconciliation » est ensuite conduite en présence de l’évêque méthodiste local. Ce verset du psaume 130 donne le ton à la célébration : « Des profondeurs, nous crions vers toi. Seigneur, écoute ma voix » (v.1). La prédication est apportée par  Merlyn Hyde Riley, de l’Union baptiste de la Jamaïque, et vice-présidente du comité central du Conseil œcuménique des Églises. Elle s’identifie comme une « descendante de parents esclaves ». A partir du livre de Job, elle montre que celui-ci proteste contre l’esclavage, avec comme principe fondamental la défense de la dignité humaine, envers et contre tout. L’inexcusable ne peut être excusé, ni l’injustifiable justifié. « Nous avons à reconnaître nos échecs et à nous lamenter comme Job, et à réaffirmer notre humanité commune, créée à l’image de Dieu », dit-elle.

Ensuite, Setri Nyomi, secrétaire général par intérim de la Communion mondiale des Églises réformées, avec deux autres délégués d’Églises réformées, rappellent la confession d’Accra publiée en 2004, qui a dénoncé la complicité des chrétiens avec l’injustice. « Cette complicité continue et nous appelle à la repentance aujourd’hui ».

Quant à Rosemarie Wenner, évêque méthodiste allemande, elle rappelle que Wesley a pris position contre l’esclavage. Cependant, les méthodistes se sont compromis et l’ont justifié. Pardon, repentance et restauration sont nécessaires : « Le S. Esprit nous conduit non seulement à la repentance mais aussi à la réparation », précise-t-elle.

La célébration était rythmée par des chants, dont le très émouvant « Oh freedom », composé par un esclave des plantations de coton en Amérique :

Oh, liberté / Oh, liberté / Oh liberté sur moi

Avant que je sois un esclave / Je serais enterré dans ma tombe

Et rentré à la maison vers mon Seigneur en étant libre

Échos à la visite de Cape Coast

Cette visite a marqué la rencontre du FCM. Plusieurs orateurs ont exprimé par la suite l’impression qu’elle leur a faite. Flávio Pace, secrétaire du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens (Vatican), relate que durant la semaine sainte, il a prié à l’endroit où Jésus était enfermé, sous l’Eglise S. Pierre en Gallicante, à Jérusalem, avec le psaume 88 : « Tu m’as mis tout au fond du gouffre, dans l’obscurité profonde » (v. 7). Il a pensé à ce psaume dans la forteresse des esclaves. « Nous devons travailler ensemble contre toute forme d’esclavage, témoigner de la réalité de Dieu et apporter le pouvoir réconciliateur de l’Évangile », dit-il

Méditant sur la « voix du bon berger » (Jean 10), Lawrence Kochendorfer, évêque luthérien, au Canada, dit : « Nous avons été témoins des horreurs de Cape Coast. Nous avons entendu les cris des esclaves. Aujourd’hui, il y a de nouveaux esclavages où d’autres voix crient. Au Canada, des dizaines de milliers d’Indiens ont été enlevés de leur famille dans des pensionnats religieux. Ces voix s’élèvent aussi et crient justice. Quels cris entendons-nous dans notre contexte local ? » Nous avons à faire silence pour les écouter, comme nous avons à écouter la voix du bon berger qui apporte guérison, justice, restauration. Une voix très différente des voix qui défigurent la dignité humaine.  

Au lendemain de cette visite inoubliable, Esmé Bowers, de l’Alliance évangélique mondiale, s’est réveillée avec un chant au cœur écrit par un capitaine de navire transportant des esclaves : « Amazing Grace ». Converti au Christ, il est devenu par la suite un ardent combattant contre l’esclavage.

Ce qui a le plus touché Michel Chamoun, évêque syriaque orthodoxe au Liban, durant ces jours de Forum, est cette interrogation : « Comment a-t-il été possible de justifier ce si grand péché de l’esclavage ? » Chaque esclave est un être humain avec le droit de vivre dans la dignité et destiné à la vie éternelle par la foi en Jésus. La volonté de Dieu est que nous soyons tous sauvés. Mais, il y a aussi une autre forme d’esclavage : être prisonnier de son propre péché. « Refuser de chercher le pardon de Jésus met dans une situation terrible, car cela a des conséquences éternelles », affirme-t-il.

Daniel Okoh, de l’organisation des Églises africaines instituées, voit dans l’amour de l’argent la racine de l’esclavagisme, comme de toute iniquité. Si nous sommes capables de le comprendre, nous pourrons demander pardon et nous réconcilier.

Pour le théologien évangélique indien Richard Howell, le système perdurant des castes en Inde nous conduit à réaffirmer avec force la vérité de l’être humain créé à l’image de Dieu, selon le premier chapitre de la Genèse. Aucune discrimination n’est alors plus possible. C’est à cela qu’il a pensé en visitant Cape Coast.

Chers lecteurs, comme on nous a exhortés à raconter ce que nous avons vu dans cet horrible endroit et vécu ensuite dans la cathédrale de Cape Cost, je vous ai livré ce moment marquant de la quatrième rencontre mondiale du Forum chrétien, avec les réflexions qu’il a suscitées.

Message du 4e rassemblement mondial

Autres articles de Martin Hoegger

Forum chrétien mondial : La diversité du christianisme mondial s’est manifestée à Accra

Cape Coast. Les lamentations du Forum chrétien mondial

« Pour que le monde sache ». L’invitation du Forum chrétien mondial.

Sanctification et unité, les deux conditions de la mission.

Forum chrétien mondial et JC203, une histoire d’unité et de témoignage

Forum chrétien mondial : la diversité du christianisme mondial s’est manifestée à Accra

Par Martin Hoegger

Accra, Ghana, 16 avril 2024. C’est dans cette ville africaine grouillante de vie que le Forum chrétien mondial (FCM) a donné rendez-vous à des chrétiens venant de plus de 50 pays et de toutes les familles d’Églises. D’origine ghanéenne, son secrétaire général Casely Essamuah explique que le FCM veut donner aux chrétiens l’occasion de connaître et de recevoir les dons que l’Esprit-Saint a déposés dans les diverses Églises. « Il est un espace pour une rencontre profonde de foi. Nous apprenons ainsi à découvrir la richesse du Christ », dit-il.

Le monde a besoin de voir les chrétiens ensemble

Le Forum commence dans le lieu de culte de la Ridge Church, une grande Église interdénominationelle. Un chœur entraîne l’assemblée dans des chants des diverses traditions. La prédication est apportée par Lydia Neshangwe, une jeune pasteur, modératrice de l’Église presbytérienne du Zimbabwe. Son expérience ecclésiale parle d’elle-même : « Je suis née dans une Église indépendante qui s’est divisée. Je suis reconnaissante aux pentecôtistes qui m’ont donné ensuite une bonne base pour ma foi, à l’Église catholique qui m’a éduquée dans ses écoles. Puis j’ai suivi une formation théologique chez les presbytériens. Mais mon Église favorite est la méthodiste, qui m’a donné un mari » !

Pour montrer la nécessité de considérer nos diversités comme des complémentarités, elle prend l’exemple de Paul et Barnabas. Elle a découvert entre eux treize différences ; la probabilité d’une division entre eux était grande, pourtant ils ont été envoyés ensemble  Pourquoi le Saint-Esprit les a-t-il réunis alors qu’ils sont si différents, comme le montre le livre des Actes des Apôtres ? (13,1-2)

Il en va de même pour nos Églises. Elles sont très différentes, mais le Saint-Esprit nous rassemble et nous envoie afin que le monde sache qui est le Christ. « Si nous sommes unis dans notre mission pour annoncer le Christ, nos diversités sont une bénédiction, pas une malédiction. C’est ce dont le monde a besoin », dit-elle.

Pour illustrer l’extraordinaire diversité du christianisme mondial, la théologienne américaine Gina A. Zurlo montre qu’il s’est déplacé vers le sud. Contrairement à il y a cent ans, la majorité des 2,6 milliards de chrétiens s’y trouvent, qu’ils soient catholiques, protestants ou indépendants, évangéliques ou pentecôtistes. Alors que les orthodoxes sont majoritaires dans les pays de l’Est de l’Europe. https://www.gordonconwell.edu/center-for-global-christianity/publications/ )

Partager nos itinéraires de foi

Au cœur de la démarche du Forum se trouve le partage des « itinéraires de foi » dans des petits groupes d’une dizaine de personnes au maximum. La seule chose à faire est d’écouter ce que l’Esprit veut nous dire à travers le cheminement des autres avec le Christ. En sept minutes ! Rosemarie Bernard, secrétaire du conseil méthodiste mondial, l’explique : « Voir le Christ dans l’autre est le but de cet exercice. Laissons l’Esprit saint guider nos mots et écouter avec attention les récits des autres. »

Jerry Pillay, le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, voit dans ce partage de nos récits personnels de foi, « une très belle tapisserie ». Il est comme un « chemin d’Emmaüs » où les cœurs brûlent de passion pour Christ. « Écouter ensemble la voix du Berger, discerner et agir ensemble renouvelle notre confiance en la puissance de transformation de Dieu. Un monde en crise a besoin de chrétiens se tenant les coudes ».

C’est la cinquième fois que je me livre à cet exercice. Son fruit est, à chaque fois, une grande joie qui donnera la tonalité de la rencontre. Ce partage suscite une amitié spirituelle qui permet de témoigner ensuite du cœur de notre foi commune.

Des relations en vue de la mission

Billy Wilson, président de la World pentecostal Fellowship (Fraternité pentecôtiste mondiale) dit sa reconnaissance que les pentecôtistes – la famille ecclésiale qui grandit le plus rapidement – soient accueillis autour de la table du FCM. Ils apprennent ainsi à mieux connaître les autres Églises. Il a beaucoup réfléchi sur le chapitre 17 de l’évangile de Jean 17, où Jésus prie pour l’unité. Selon lui, cette unité est avant tout relationnelle. Puis elle se réalise dans la mission : « afin que le monde sache et croie ». Enfin elle est spirituelle, à l’image des relations se vivant entre les personnes de la Trinité. 

« Si nos relations ne conduisent pas à la mission, notre unité disparaîtra. Notre espérance jaillit du Tombeau vide à Pâques. Que ce Forum nous unisse de nouvelle manière pour apporter Jésus ressuscité à cette génération », conclue-t-il.

Dans l’après-midi, la théologienne évangélique latino-américaine Ruth Padilla Deborst, apporte une méditation sur Jean 17, où elle insiste sur notre responsabilité de chercher une unité dans l’amour, qui reflète qui est Dieu en vérité. « L’amour n’est pas un sentiment mais un engagement radical de soumission mutuelle. C’est ainsi que nous serons envoyés afin que tous puissent connaître l’amour de Dieu ». Comme l’orateur précédent, elle insiste sur le fait que l’unité n’est pas une fin en soi, mais a en vue le témoignage. Cependant, ce témoignage n’est crédible que si nous sommes ensemble dans ce monde fracturé afin qu’il puisse connaitre l’amour de Dieu.

La journée se termine par trois temps de partage. D’abord, sur ce texte biblique, puis entre familles confessionnelles, et finalement entre personnes venant du même continent. Le lendemain, nous irons à Cape Coast, la forteresse d’où trois millions d’esclaves ont été brutalement envoyés aux Amériques.

Message du 4e rassemblement mondial

Autres articles de Martin Hoegger

Forum chrétien mondial : La diversité du christianisme mondial s’est manifestée à Accra

Cape Coast. Les lamentations du Forum chrétien mondial

« Pour que le monde sache ». L’invitation du Forum chrétien mondial.

Sanctification et unité, les deux conditions de la mission.

Forum chrétien mondial et JC203, une histoire d’unité et de témoignage

Voeux de Noël et lettre de nouvelles

« Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. C’est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Jean 15, 10-12

Dans l’Évangile, Jésus parle de « son » commandement. Il l’appelle aussi « nouveau ». Mais l’Ancien Testament le connaissait déjà. Alors qu’est-ce qui est nouveau ? Rien de moins que d’aimer « comme » Jésus a aimé !

A Noël, Dieu est entré dans nos relations afin de les renouveler, en nous réconciliant en Dieu par sa croix et sa résurrection. L’image de la nativité ci-dessus exprime cette force de rassemblement quand le Christ est au centre.

Ce commandement souligne l’importance de nos relations dans la vie de l’Église. C’est justement ce que nous voulons vivre dans le Forum chrétien romand, en nous centrant sur le Christ et en partageant notre cheminement avec lui.

Nous sommes heureux de reprendre contact pour vous donner quelques nouvelles.

En vous souhaitant à chacun le bonheur d’être aimé et d’aimer, la joie de donner, et de recevoir ! Heureux Noël et Bonne année 2024 !

Le comité du Forum chrétien romand

Lettre de Nouvelle décembre 2023

« Older posts