Catégorie : Actualité

Première rencontre du Forum chrétien vaudois

Nous aimerions inscrire la démarche du Forum chrétien dans la durée en créant un Forum Vaudois en collaboration avec la démarche des Forums Romand et Francophone.

Pour que l’œcuménisme de demain soit toujours plus le reflet de ce qui se vit localement nous vous invitons  à une journée de retraite et de discernement pour faire un pas de plus dans la communion et la mission commune des chrétiens.

le samedi 1er juillet 2023, de 9h à 16h

à Saint Légier-La Chiésaz, Rte de Fenil 40 (Forum Emmaüs)

S’inscrire ici : https://forms.gle/gsmjrFZeVwUgSF1x7 

Lire la Lettre aux Églises présentant le projet du Forum Chrétien vaudois

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

Ce livre de 200 pages avec plus de 50 contributions, contient toutes les interventions du Forum : une grande richesse spirituelle avec les réflexions et le regard de responsables des diverses Églises et des mouvements. Il contient notamment les textes du Cardinal Kurt Koch, président du Conseil pour l’unité des chrétiens (Vatican), de Ioan Sauca, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, de Casely Essamuah, secrétaire général du Forum chrétien mondial et de frère Alois, prieur de la communauté de Taizé, Jean-Daniel Plüss, président de la Fondation du Forum chrétien mondial), ainsi que de plusieurs responsables d’Églises et de mouvements de Suisse romande.

Il est à commander pour le prix de 15 Fr.- auprès des Éditions UNIxtus, www.unixtus.ch – Courriel : info@unixtus.ch

La Suisse romande a vécu un tournant majeur en octobre 2021, dans l’œcuménisme, ce chemin vers l’unité de tous les chrétiens. En effet, en
automne dernier a eu lieu le premier Forum chrétien romand à Leysin.
Une centaine de responsables d’Eglises et de délégués se sont réunis sur
la montagne vaudoise durant trois jours afin de prier, chanter ensemble
et méditer la Parole de Dieu. Mais c’est surtout l’amitié vécue et le
partage de nos cheminements de foi qui sont au cœur du Forum.

Quelques échos


« Le Forum de Leysin a suivi une méthode développée au plan mondial (Global Christian Forum) qui fait, une fois encore, preuve de son extraordinaire fécondité. Vivre un Forum, c’est répondre à l’invitation de partager son intimité de chrétienne, de chrétien, d’écouter l’autre, de créer les relations de confiance et d’amitié qui permettront alors de témoigner et de s’engager ensemble pour le monde »

Anne Durrer, Secrétaire générale de la Communauté de travail des Églises chrétiennes en Suisse.

« En tant que président de la Fondation du Forum chrétien mondial, j’ai le privilège d’aider à rendre possibles les activités du Forum. Nous devons nous demander qui manque à la table de la fraternité chrétienne ? Comment pouvons-nous aider à rassembler les gens sur cette plateforme commune ? Comment pouvons-nous réunir les moyens nécessaires pour rendre ces rencontres possibles ? »

Jean-Daniel Plüss, Mission pentecôtiste suisse, président de la Fondation du Forumchrétien mondial

« En rencontrant des chrétiens de diverses origines confessionnelles, nous découvrons toujours plus que c’est le Christ lui-même qui nous rassemble, et que notre diversité trouve en Lui seul son unité. Oui, aimer le Christ a pour conséquence directe de nous faire aimer la communion fraternelle. En effet, nous avons besoin les uns des autres dans notre grande diversité. N’ayons pas peur de
recevoir les uns des autres, de nous échanger les dons les plus beaux de
nos traditions chrétiennes respectives. »

Frère Alois, prieur de la communauté de Taizé.

« Une des particularités des rencontres organisées sur le style du
Forum est de partager avec d’autres des expériences personnelles et
ecclésiales de foi. C’est une belle tradition qui permet de découvrir, dans
la vie d’autres chrétiens et d’autres Églises, l’action de l’Esprit Saint et
d’en être conforté dans sa propre foi. La foi est un trésor qui augmente
lorsqu’il est partagé. »

Cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens

« À quand un livre à quatre, cinq, six ou sept plumes, intégrant un théologien évangélique, un adventiste, un méthodiste, un anglican, un catholique-chrétien, un pentecôtiste, etc. ? Peut-être que ce livre naîtra de votre cheminement ici, à Leysin. La seule raison de continuer de faire de l’œcuménisme, et de vivre en régime œcuménique, est une raison missiologique. C’est parce que nous vivons
dans le même monde, la même pandémie, les mêmes défis sociaux, que nous sommes appelés à y être témoins ensemble. »


Pasteur Jean-Baptiste Lipp, président de la Conférence des Églises réformées romandes

Célébration œcuménique de Pâques

« Christ est vivant »

Samedi 8 avril – 17h
à la Cathédrale Saint-Pierre et sur Léman Bleu

Une célébration œcuménique de Pâques, sur le thème ‘Christ est vivant’, aura lieu le samedi 8 avril à 17h à la cathédrale Saint-Pierre. Elle sera diffusée en direct sur la télévision régionale, Léman Bleu

Fruit d’une collaboration entre les Églises Protestante et Catholique Romaine de Genève, le Réseau évangélique de Genève et l’Église anglicane, Holy Trinity, la célébration sera proposée en deux langues (français et anglais).

Il s’agit de la 8ème célébration de ce genre diffusée sur Léman Bleu. Ces célébrations représentent une occasion pour les différentes communautés chrétiennes de Genève de se rassembler pour transmettre un message commun et mettre en avant ce qui les unit.

Cette année, cette collaboration a donné vie à une belle invitation adressée à la population genevoise, celle de se réunir pour célébrer ensemble la résurrection du Christ, que ce soit au cœur de la ville, à la cathédrale Saint-Pierre, ou chez soi grâce à Léman Bleu.

Cette initiative a débuté lors du confinement de mars 2020 sous l’impulsion de Noor, une association locale qui a pour but de valoriser l’héritage spirituel de Genève et de construire un dialogue inter-confessionnel dans un esprit d’unité.

Recevoir le courage de témoigner ensemble. Célébration du Forum chrétien romand.

Morges, 9 avril 2022. Au début du mois d’octobre 2021 a eu lieu à Leysin le Forum chrétien romand, un événement marquant pour l’Église en Suisse romande. Dans l’esprit de ce Forum une célébration a rassemblé une soixantaine de personnes à Morges. Les Actes de ce Forum y ont été présentés et offerts aux participants.

Cette célébration vécue dans la chapelle des Charpentiers à Morges a été préparée par le comité du Forum chrétien romand. Anne Durrer, secrétaire générale de la Communauté travail des Églises chrétiennes en Suisse, accueille l’assemblée « avec un œil qui rit et un œil qui pleure ». Œil qui pleure à cause de l’horrible guerre en Ukraine. Œil qui rit : joie de se revoir et de se replonger dans la magnifique énergie de ces quelques jours d’octobre 2021.

Le pasteur Etienne Roulet, de l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud, accueille à son tour l’assemblée et remet la rencontre dans la prière, rendant grâce pour l’expérience marquante du Forum et pour la nouvelle impulsion pour l’unité chrétienne suscitée par le Forum.

C’est Catherine Wuthrich, membre du Conseil du Réseau évangélique suisse, qui apporte une méditation sur le thème de cette célébration – « Prions les uns, les unes pour les autres afin d’annoncer ensemble l’Évangile » – inspirée de l’exhortation de l’apôtre Paul aux chrétiens d’Éphèse (6:18-20). Elle souligne notre vocation chrétienne à prier en tout temps, en toutes circonstances, avec vigilance et constance : « Nous sommes appelés à prier les uns pour les autres. Nous porter dans la prière est une manière concrète de vivre l’amour fraternel, car nous avons un même Père et faisons partie de la famille de Dieu. » C’est grâce à cette prière commune que les premiers chrétiens avaient le courage de témoigner du Ressuscité. Elle nous est nécessaire aujourd’hui pour sortir de nos zones de confort et aller à la rencontre de tous.

Invité à introduire la récitation commune de la foi, Stefan Constantinescu, orthodoxe roumain, estime que le Forum chrétien représente une manière nouvelle et contemporaine de proclamer notre foi dans toute sa diversité. En disant ensemble les paroles du Symbole de Nicée-Constantinople, nous célébrons ensemble notre amitié dans le Christ.  

Découvrir le Christ qui nous unit

Après ce moment fort, la prière d’intercession a été conduite par trois jeunes ministres de la région de Morges : Monika Bovier (réformée) Jean Burin des Roziers (catholique) et Vincenzo Ravera. Dans foulée du thème de la célébration la première a demandé : « Revêts-nous de la puissance de la prière pour que nous soyons combattants du même combat. Ainsi nous serons sœurs et frères ; nous œuvrerons avec toi pour que ton Règne vienne dans le monde ».

Que retenir de la première édition du Forum chrétien romand ? Stéphane Klopfenstein, secrétaire général adjoint du Réseau évangélique suisse se souvient de belles rencontres avec des personnes qui partagent sa foi, dans la diversité de leur vécu. Également des découvertes de lieux de vie communautaire, comme l’abbaye de St. Maurice et la fraternité vécue par les Capucins dans cette même ville. Mais c’est surtout la joie d’être ensemble, à l’image de celle chantée par le Psaume 133, qui l’a marqué : « Oui, j’ai senti cette joie, ce côté agréable d’être connecté ensemble à Dieu, par des moments de méditation et de prière ».

Hubert Van Beek, le premier secrétaire du Forum chrétien mondial, a rappelé que le but du Forum chrétien est de rapprocher les deux mouvements qui ont marqué le 20e siècle, à savoir le mouvement œcuménique et le mouvement évangélique et pentecôtiste. Toutes les réunions commencent par un partage des itinéraires de foi : « C’est dans ce partage que nous découvrons que c’est le Christ qui nous unit. C’est ce que nous avons vécu à Leysin ; cette expérience est appelée à rayonner dans toute la Suisse romande, entre tous les chrétiens ».

Le théologien catholique Panayotis Stelios, secrétaire de la Communauté des Églises chrétiennes dans le Canton de Vaud, présente ensuite les Actes du Forum intitulés « En Chemin d’Unité ».  Ce livre souhaite être un outil pour donner une suite au Forum. « Personnellement, dit-il, j’ai vécu une conversion à Leysin. Maintenant, avant d’élaborer des projets, de partir vite sur le terrain, en mission, je crois que prendre du temps ensemble afin de vivre une communion fraternelle profonde est essentielle ».

Cette belle célébration s’est conclue par une prière dite ensemble pour la paix dans chaque Église (inspirée de la Communauté du Chemin Neuf), suivie par une bénédiction donnée par une dizaine de ministres des diverses Églises. Elle a été ponctuée par des chants tirés du répertoire propre à chaque Église, conduits par Rolf Schneider et Bedros et Rebecca Nassanian.

Quels prochains pas ?

La célébration a été suivie d’un temps de convivialité où beaucoup ont exprimé leur joie et leur désir de continuer le bel élan donné par le Forum chrétien romand. Plusieurs propositions sont parvenues au comité, comme celle d’organiser des forums pour les groupes de jeunes des différentes Églises, ou pour les étudiants des divers lieux de formation théologique en Suisse romande avec leurs professeurs. L’idée d’organiser des rencontres des forums chrétiens locaux a aussi été partagée, comme celle d’une rencontre entre les personnes engagées dans les médias des diverses Églises, ou encore celle de préparer, dans le temps de Pâques 2023, une célébration pour entrer dans la « décennie de la Résurrection » qui conduit au Jubilé des 2000 ans de la résurrection du Christ en 2033.

L’Esprit souffle où il veut, mais il semble bien qu’il se manifeste de manière particulière lorsque les chrétiens « prient les uns pour les autres afin d’annoncer ensemble l’Évangile ». La balle est dans le camp de ceux et celles qui ont fait l’expérience vivifiante de ce Forum et qui désirent le vivre ailleurs en Suisse romande. Qu’il leur donne de discerner les prochains pas à faire !

Martin Hoegger

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

Ce livre de 200 pages avec plus de 50 contributions, contient toutes les interventions du Forum : une grande richesse spirituelle avec les réflexions et le regard de responsables des diverses Églises et des mouvements. Il contient notamment les textes du Cardinal Kurt Koch, président du Conseil pour l’unité des chrétiens (Vatican), de Ioan Sauca, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, de Casely Essamuah, secrétaire général du Forum chrétien mondial et de frère Alois, prieur de la communauté de Taizé, Jean-Daniel Plüss, président de la Fondation du Forum chrétien mondial), ainsi que de plusieurs responsables d’Églises et de mouvements de Suisse romande.

Il est à commander pour le prix de 15 Fr.- auprès des Éditions UNIxtus, www.unixtus.ch – Courriel : info@unixtus.ch

Forum chrétien romand

Site internet : https://romandie.forumchretien.org/

Courriel : forumchretienromand@gmail.com

Jean-Baptiste Lipp: Elargir l’oecuménisme

Vous me croirez ou ne me croirez pas, mais je préfère que vous me croyez : si je n’avais pas les fonctions qui sont les devenues les miennes au Conseil synodal de l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) et à la présidence de la Conférence des Églises (réformées) Romandes, je serais l’un des vôtres en continu, depuis hier et jusqu’à mercredi. Soit dit en passant, merci à celles et ceux qui ont cru, prié et œuvré pour que ce Forum ait lieu malgré tout, alors qu’il était encore dans les limbes au mois de juillet…

S’il n’y avait, dans mon agenda, des séances à Lausanne et à Strasbourg, j’aurais donc été le 66ème participant régulier au Forum Chrétien Romand de Leysin, dont j’avais noté les dates bien à l’avance, espérant y participer… Pour une raison institutionnelle, d’abord. En effet, la Conférence des Eglises Romandes était partie prenante, de manière assez officielle, au Forum de Lyon, en 2018, d’où est née l’idée de mettre sur pied le Forum que vous vivez.

L’autre raison est plus personnelle. Je vis l’oecuménisme au quotidien au sein d’un couple mixte, puisque ma femme est catholique… Je le vis au sein de ma fratrie, puisque l’une de mes sœurs et sa famille fréquentent une assemblée évangélique… Mais surtout, surtout je le vis de manière multilatérale au cœur de mon ministère de pasteur réformé. Je dis bien au cœur de ce ministère, et non en marge. Et je vais vous dire pourquoi.

Lorsque j’étais pasteur à Fribourg, dans les années 90, – c’était dans une autre vie, – il y avait deux lieux d’œcuménisme pour les responsables d’Eglises, et non un seul. D’un côté la Commission œcuménique qui réunissait les représentants catholiques (majoritaires), réformés et orthodoxes autour des projets de la Semaine de l’Unité au mois de janvier et, par la suite, du Jeûne fédéral au mois de septembre. Cette Commission, bilingue, réunissait les Eglises dites « historiques » (comme si les autres n’avaient pas aussi une histoire).

Mais il y avait, en parallèle, officieusement, un autre groupe qui réunissait des responsables d’Eglise évangéliques : réveil, adventiste, GBU alémaniques, les VBG, tenus par deux catholiques un peu évangéliques, et puis moi, le réformé de service. Et l’on se réunissait aussi pour des raisons d’encouragement au témoignage commun. Cherchez l’erreur : deux lieux œcuméniques, et non un seul, comme cela se fait dans d’autres villes comme Nyon, ou encore ici, au Forum chrétien…

Pourquoi vivre un « œcuménisme des grands », d’un côté, et un autre « œcuménisme des petits », de l’autre ? Ne sommes-nous pas tous petits, même lorsque nous sommes majoritaires ? Il a fallu que le pasteur de l’église du Réveil nous informe de son projet de faire venir une exposition de la Société Biblique Suisse à Fribourg pour que je lui dise : « Beau projet. Mais pas sans les cathos, mais pas sans les orthodoxes ! »

C’est impossible, c’est impensable de promouvoir nos communes Saintes Ecritures sans le faire avec l’Eglise catholique, et même avec la Faculté de théologie de cette ville universitaire. L’Expo a donc eu lieu. Non pas émanant du petit groupe œcuménique seulement, mais avec les autres. Et c’est ainsi que j’ai collaboré avec un jeune prêtre du nom de Alain de Raemy, aujourd’hui évêque auxiliaire du diocèse de LGF…

Cette histoire est à la fois anecdotique et emblématique. Je ne vous la livre pas pour vous raconter les souvenirs d’un vieux combattant convaincu. Je l’ai choisie pour vous encourager à vivre un œcuménisme multilatéral, et non bilatéral. Car enfin, s’il reste vrai que les dialogues d’une confession à l’autre sont de la plus grande importance, on ne saurait, aujourd’hui, dans la situation qui est la nôtre, de se contenter de jouer la partition œcuménique en duos.

A cet égard, je salue le livre à trois plumes de mes amis Claude Ducarroz, catholique, Noël Ruffieux, orthodoxe et Shaffique Keshavjee, réformé. Mais je me dis aussi, et devant vous : à quand ? A quand un livre à quatre, cinq, six ou sept plumes, intégrant un théologien évangélique, un adventiste, un méthodiste, un anglican, un catholique-chrétien, un pentecôtiste, etc… ? Peut-être que ce livre naîtra de votre cheminement ici, à Leysin…  Comme est née l’initiative trilatérale d’un commentaire biblique hebdomadaire sur le net, intitulé Evangile à l’écran, pris en charge par des personnes de confession catholique, réformé et évangélique, sur le net. Bravo et merci à Vincent Lafargue et à ses co-fondateurs !

Pour terminer ce mot d’accueil, qui se veut plutôt une exhortation, vous dire pourquoi, de mon point de vue, nous devons impérativement aller de l’avant ensemble, et de manière multilatérale, dans la moisson du Seigneur. Non pas seulement parce que ce serait plus sympa de vivre de manière multilatérale, et non plus bilatérale ou trilatérale, l’exigence œcuménique voulue et priée par le Christ en Jean 17.

Non pas seulement pour cette raison, qui pourtant constitue en elle-même une raison nécessaire et suffisante… (Je dirais même plus, une obéissance œcuménique à la suite de Jésus.) La raison pour laquelle nous sommes conviés, convoqués, condamnés à travailler ensemble est une raison missiologique. Finies, les Eglises historiques et non historiques ! Nous avons tous une histoire. Finies les Eglises majoritaires et minoritaires ! Nous sommes tous minoritaires dans cette société, quelle que soit l’histoire que l’on se raconte (du genre de celle que se racontait il n’y a pas si longtemps mon Eglise, comme « Eglise du peuple vaudois tout entier » !). Finies, les Eglises fidèles ou compromises. Nous sommes tous à la fois fidèles et infidèles à quelque chose, pourvu que ce ne soit pas au Christ, au Père et à l’Esprit Saint.

La seule raison de continuer de faire de l’œcuménisme, et de vivre en régime œcuménique, est une raison missiologique. C’est parce que nous vivons dans le même monde, la même pandémie, les mêmes défis sociaux, que nous sommes appelés à y être témoins ensemble. Il y a une vingtaine d’années, le pasteur Jean Arnold de Clermont, alors président de la Fédération Protestante de France, le disait comme une prophétie : « Si nous ne travaillons pas ensemble, c’est ensemble que nous serons laminés. »  

« Si nous ne travaillons pas ensemble, c’est ensemble que nous serons laminés. » Je le crois, plus que jamais. Je le vois, plus que jamais. Les Réformés, que je représente ici, ne sont plus trans-missionnaires comme nous l’étions encore il y a quelques temps : baptêmes, confirmations, mariages, enterrements… Le bon vieux système arrive en bout de course et s’essouffle. Nous allons clairement vers un effondrement, et cet effondrement a commencé. Je viens d’apprendre que la moitié seulement des enfants qui nous étaient encore confiés reprennent une activité pour l’enfance dans nos paroisses de l’EERV…   

Nous ne sommes plus trans-missionnaires. Nous ne voulons pas trop être missionnaires (ce n’est pas vraiment dans notre ADN). Nous allons peut-être même disparaître. Sauf… Sauf si nous reprenons la mission avec d’autres Eglises : catholique, orthodoxe, évangélique, pentecôtiste, et je n’allongerai pas ici la liste des confessions que vous représentez. Et si vos Eglises pensent pouvoir continuer sans les autres, cela durera un temps, deux temps, mais pas tout le temps. A ce propos, je vous laisserai découvrir ma lecture missiologico-oecuménique de l’appel des quatre premiers disciples de Jésus, et que j’ai renommés ainsi : Petrus, Andrej, Johannes et Jack…  Une feuille est à disposition pour vous sur la table à la sortie.

Merci de votre attention aux enjeux missionnaires de l’œcuménisme ! Et que ce Forum soit béni.            

Jean-Baptiste Lipp, président de la Conférence des Églises (réformées) Romandes,

Forum Chrétien Romand, lundi 11 octobre 2021 à Leysin

Hubert Van Beek, La vocation fondamentale du Forum chrétien mondial

Septembre 2020 – Quelques réflexions

La discussion lors de la conférence virtuelle du comité du Forum chrétien mondial (FCM) du 3 septembre a clairement démontré le désir du comité de maintenir ensemble l’unité et la mission comme vocation principale du Forum chrétien mondial. Ainsi, le comité a été fidèle à la déclaration d’intention qui a guidé le Forum depuis sa création.[1]

La discussion a également montré clairement que deux questions fondamentales doivent être approfondies :

1. En termes d’unité, quel est le rôle spécifique du Forum, et quelle est la contribution spécifique qu’il peut apporter à la recherche de l’unité des chrétiens dans le mouvement œcuménique au sens large ?

2. Dans le domaine de la mission, ou du témoignage commun, que peut offrir le Forum au témoignage des Églises dans le monde sans faire ce qui est déjà fait par les nombreuses organisations inter-ecclésiales existantes (oecuméniques, évangéliques, confessionnelles) auxquelles appartiennent les Églises participant au Forum ?

Unité

Une réflexion est en cours au sein et au-delà du mouvement œcuménique sur la nature de l’unité. Si l’impératif biblique (Jean 17,21) est admis par tous, les opinions divergent sur la légitimité des divisions et sur la manière dont l’unité doit se manifester. Des expressions telles que « unité visible », « unité organique », « unité des chrétiens », « unité dans la diversité », « unité spirituelle » indiquent un large éventail d’interprétations et d’options, qui ont toutes des implications pour les efforts faits – ou non – pour favoriser l’unité des Églises.

Dans les Églises engagées dans le mouvement œcuménique, on peut également observer une certaine lassitude par rapport à la lenteur des progrès dans le domaine de la théologie et de la doctrine ; ou, lorsque des progrès sont réalisés (par exemple sur le baptême, l’eucharistie et la mission), l’impact tangible et durable sur la vie des Églises peut sembler modeste. Parmi les dirigeants d’Églises et les théologiens qui continuent à donner une orientation à la recherche de l’unité, cela a conduit à l’élaboration de nouveaux modèles, tels que l’œcuménisme réceptif ou l’œcuménisme spirituel, qui sont moins directement axés sur le dépassement des controverses doctrinales.

Une autre tendance, qui a également été soulignée lors de la discussion du comité du 3 septembre, est de considérer que nous sommes entrés dans une nouvelle étape de l’œcuménisme, dans laquelle les différences théologiques ne sont plus la préoccupation première. Dans cette optique, l’accent devrait être mis sur le témoignage commun au monde. Cela pourrait en effet donner un nouvel élan au mouvement oecuménique et être une source de renouveau, si le témoignage partagé est vraiment conçu par les Églises comme un défi exigeant et coûteux.

Dans la pratique, cependant, l’œcuménisme est aujourd’hui compris dans de nombreuses situations locales comme une coexistence amicale, au mieux fraternelle, d’Églises de traditions différentes qui coopèrent volontiers mais restent néanmoins divisées.

Les différents points de vue et attitudes à l’égard de l’unité sont tous présents au sein du Forum chrétien mondial, dans le comité ainsi que parmi les participants aux réunions du Forum. C’est en soi une raison suffisante pour poursuivre la discussion théologique sur l’unité, l’approfondir et favoriser la compréhension mutuelle.

Mais le Forum a la capacité d’être plus qu’une plate-forme de réflexion sur l’unité. Il a la particularité de réunir pratiquement toutes les traditions du christianisme mondial actuel – tant les Églises participant au mouvement œcuménique que celles appartenant aux mouvements évangélique et pentecôtiste.

Il n’existe aucune autre configuration inter-églises mondiale qui soit capable de le faire tout à fait de la même manière que le Forum, et dans le même but : favoriser l’unité et le témoignage commun. C’est cette spécificité du Forum qui détermine le rôle qu’il est appelé à jouer et la contribution qu’il est appelé à apporter dans la poursuite de l’unité des chrétiens. Il s’agit de réunir les Églises appartenant aux deux courants, œcuménique et évangélique/pentecôtiste, qui se sont divisés depuis plus d’un siècle, et de favoriser leur rapprochement dans les différents contextes et aux différents niveaux où ils fonctionnent.

Le Forum chrétien mondial a vu le jour à un moment de kairos où les deux parties ont pris conscience que le temps était venu de surmonter les divisions du passé. Il serait erroné de croire qu’il s’agissait d’une première tâche, d’un premier pas pour ainsi dire, qui, après vingt ans, est maintenant pratiquement achevée. C’est peut-être vrai pour le comité du Forum, et d’ailleurs, diverses affirmations lors de la discussion du 3 septembre ont témoigné avec gratitude du niveau de confiance qui existe.

Mais ce n’est pas le cas dans de nombreuses situations, que ce soit au niveau des grandes régions[2] ou dans de nombreuses situations nationales et locales. Comme l’a également souligné la discussion, la peur et l’ignorance sont encore très présentes, et l’on pourrait aussi ajouter la méfiance et le rejet mutuels. L’aliénation, l’exclusion et l’hostilité ont profondément affecté les relations entre les Églises établies et les mouvements évangélique et pentecôtiste.

Ce serait également une erreur de sous-estimer la profondeur et la douleur de la division, tant en termes d’histoire que de réalités actuelles. Heureusement, il est également vrai qu’aujourd’hui, les dirigeants des Églises et les fidèles des deux parties font preuve de plus de bonne volonté et d’ouverture les uns envers les autres qu’il y a seulement quelques décennies.

Concrètement, le Forum a donc pour vocation d’identifier les contextes régionaux et nationaux dans lesquels un commencement devrait être fait, où il faudrait faire davantage pour rassembler les entités œcuméniques et évangéliques/pentecôtistes existantes, par exemple les Églises, les conseils, les conférences, les alliances, les communautés, etc. Les consultations régionales sont le moyen le plus efficace dont dispose le Forum pour y parvenir.

Le Forum chrétien mondial n’a pas la capacité de fonctionner de manière adéquate au niveau national, et encore moins au niveau local. En réunissant des représentants des organismes régionaux et des Églises d’un certain nombre de pays dans une région donnée, en leur offrant l’expérience du Forum grâce aux outils de la représentation égale (50/50) et de la narration des itinéraires de foi, la vision du Forum peut imprégner le contexte national. Comme nous l’avons déjà indiqué, il en existe des exemples dans plusieurs pays.[3]

Les consultations régionales doivent bien sûr être préparées et organisées en coopération étroite avec les conseils ou conférences œcuméniques régionaux existants, les alliances évangéliques, les conférences épiscopales, etc. Comme la dernière série de réunions de ce type a eu lieu il y a dix ans, il sera d’une importance cruciale de repérer la nouvelle génération de dirigeants d’Églises qui sont entrés en fonction et qui ne connaissent pas le Forum chrétien mondial.

Il y a encore un autre aspect du rôle et de la contribution du Forum en ce qui concerne l’unité. Il se résume à la question qui a toujours accompagné le FCM dans ses étapes successives : « qui manque autour de la table »? Si, en effet, « un large éventail d’Églises chrétiennes et d’organisations interconfessionnelles » (déclaration d’intention) y participe, il y a encore des groupes qui ne sont pas, ou pas suffisamment, représentés.

Du côté œcuménique, c’est le cas en particulier de la famille orthodoxe, comme cela a également été souligné lors de la discussion du 3 septembre. Cela demande un effort ciblé du Forum pour favoriser l’intérêt des Églises orthodoxes et leur participation à celui-ci. Par exemple, la priorité pourrait être donnée à la tenue de consultations dans des (sous-)régions telles que l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient où l’orthodoxie est historiquement enracinée et constitue la majorité. Et dans les régions où les Églises orthodoxes sont minoritaires, par exemple en Amérique latine, leur participation devrait faire l’objet d’une attention particulière, notamment parce que l’orthodoxie, en tant que famille d’Églises, ne dispose pas de ses propres structures régionales représentatives.

D’autre part, certaines des grandes dénominations classiques pentecôtistes et évangéliques de diverses régions ne participent pas pleinement au Forum, ou n’y participent pas du tout. Des efforts similaires sont nécessaires pour renforcer leur participation. Dans le monde évangélique et pentecôtiste en constante évolution, des groupes plus récents tels que les néo-pentecôtistes, les grandes Églises néo-charismatiques (par exemple en Afrique de l’Ouest), les nouvelles Églises émergentes, les méga-Églises également, sont restés largement en dehors du champ du FCM.

Ici aussi, une approche intentionnelle est nécessaire pour mettre autour d’une table ces nouvelles expressions de la présence chrétienne. Une question particulièrement difficile et problématique est celle des évangéliques radicalisés (États-Unis, Brésil) qui promeuvent des positions morales et politiques de manière à rendre tout dialogue pratiquement impossible. Que cela soit traité ou non, cela fait partie de la vocation du FCM d’élargir le cercle des groupes évangéliques et pentecôtistes participant aux efforts du Forum vers l’unité des chrétiens, et il est particulièrement bien placé pour le faire.

La contribution du FCM à l’unité est loin d’être mineure, comparée à ce qui est fait par exemple par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises (COE) ou dans les dialogues théologiques bilatéraux entre les participants aux Communions chrétiennes mondiales. Au contraire, il suffit d’examiner les statistiques du christianisme mondial pour en constater l’importance.

Aujourd’hui, les évangéliques et les pentecôtistes comptent pour un quart, contre moins de deux pour cent il y a environ un siècle ; les chiffres représentés au sein du COE constituent un autre quart et les catholiques l’autre moitié. Traverser les clivages et guérir les divisions qui séparent ces parties d’un même corps est une tâche majeure. L’objectif n’est pas de faire en sorte que l’un rejoigne l’autre, mais de s’ouvrir les uns aux autres et d’aller ensemble vers ce qui sera nouveau.

Mission

Dans la première phrase de l’énoncé de l’objectif du FCM, maintenir ensemble l’unité et la mission, est exprimé dans les expressions « favoriser le respect mutuel » et « explorer et relever ensemble les défis communs« . Au stade initial du Forum, et dans les années qui ont suivi, il y a eu une réticence considérable à reprendre la partie « mission » de la déclaration. Le concept de « défis communs » était principalement compris en termes de questions potentiellement controversées.

On a estimé que les relations étaient encore trop fragiles pour prendre le risque d’entrer dans des discussions où des désaccords pourraient conduire à une rupture du processus, en particulier du côté évangélique et pentecôtiste. Cela pourrait également fournir un argument contre toute implication de ceux qui ont été invités à se joindre au processus mais qui ont choisi de se tenir à l’écart. L’accent a donc été mis sur l’établissement de relations et le développement de la confiance mutuelle.

Des questions ont été soulevées lors des consultations et des réunions et ont été, dans une certaine mesure, discutées, notamment des questions comme l’évangélisation et le prosélytisme, les valeurs morales, les relations avec les autres religions, etc. mais on a pris soin de ne pas aller plus loin. Les désaccords ont simplement été notés. Lors de certaines réunions, des suggestions ont été faites pour que le Forum traite des questions auxquelles les Églises sont confrontées dans leur témoignage ; il a toutefois été considéré que ce n’était pas son rôle, car le FCM n’était pas censé devenir opérationnel.

Lors du deuxième rassemblement mondial (à Manado en 2011), les participants ont affirmé que la confiance mutuelle était désormais suffisante pour que le Forum passe à l’étape suivante. Ils ont déclaré dans la prière :  » Nous avons entendu l’Esprit qui nous appelle, non seulement à promouvoir le respect les uns pour les autres, mais maintenant aussi à avancer ensemble en abordant des défis communs« .[4] Le Forum de Manado a clairement déclaré que « le FCM devrait continuer à établir des relations en organisant des rassemblements périodiques » et que « l’unité expérimentée dans le partage des itinéraires de foi prouve que nous sommes des agents de la mission de Dieu, appelés et envoyés par le même Seigneur Jésus-Christ, et poussés par le même Esprit Saint« .[5]

Le rassemblement de Manado a donc donné l’impulsion nécessaire pour aborder la question de l’unité et de la mission, ou pour la mettre dans la formulation de la deuxième partie de la déclaration d’intention : « favoriser les relations qui peuvent conduire à un témoignage commun« .

Comme le Forum contribue à rapprocher les organismes œcuméniques et évangéliques ainsi que les organismes pentecôtistes dans les principales régions du monde et dans les situations nationales, ces Églises, conseils, conférences et alliances peuvent – espérons-le – en arriver à un point où ils considèrent que l’action commune et la coopération sont souhaitées et deviennent possibles.

Ces partenaires décideront alors de la ou des formes que devront prendre leurs actions, des défis communs à relever et de la manière de les relever, en fonction de leurs priorités et dans le contexte de la région ou de la nation qu’ils partagent. Que ce soit sur l’évangélisation, l’action sociale ou les grands enjeux contemporains comme le racisme, les droits de l’homme, la paix, l’environnement, leur rapprochement permettra d’améliorer et de renforcer leur témoignage chrétien. La compétence théologique, l’expertise et l’expérience dans tous ces domaines existent des deux côtés, mais les dons diffèrent. Il sera bénéfique pour tous de les mettre ensemble.

Dans ce même esprit, Manado a également encouragé la tenue de « forums destinés à des ministères spécialisés (p. ex. de réconciliation, de guérison, de justice, etc.) ».[6] Rassembler des personnes d’origine œcuménique et évangélique dans une région (ou un pays) qui partagent des compétences et un appel dans un domaine spécifique, en utilisant les outils du Forum pour établir une confiance mutuelle et guider leur discussion sur la question, peut être un moyen supplémentaire pour le FCM de remplir sa mission.

C’est là que réside la contribution unique que le Forum peut offrir au témoignage des Églises dans le monde sans faire ce qui est déjà fait par les organisations interconfessionnelles mondiales existantes : le témoignage commun de communautés œcuméniques et évangéliques ou pentecôtistes de foi en Christ, qui depuis trop longtemps témoignent en étant séparées les unes des autres, en tant qu’agents de la mission de Dieu, aux niveaux régional, national et local.

Le rôle du comité n’est pas de s’engager dans des actions telles que la prise de position dans des situations qui exigent que la voix de l’Église soit entendue, de faire des déclarations publiques ou de lancer des programmes axés sur des questions particulières. Cela conduirait inévitablement à des malentendus et des tensions, comme le passé l’a enseigné.

Le FCM n’est pas une organisation qui peut parler ou agir au nom d’un groupe de membres. Les Églises et les organisations interconfessionnelles qui se réunissent sous l’inspiration du Forum peuvent le faire, en leur nom commun et par leurs propres moyens de collaboration.

Les défis posés au comité par ses membres plus jeunes doivent devenir effectifs dans les contextes régionaux et nationaux. Le FCM devrait renforcer encore la participation des jeunes en leur permettant et en leur donnant les moyens de s’impliquer pleinement là aussi, aux côtés des responsables d’Églises et d’autres personnes.

Si le comité est capable de mettre en œuvre la vision exposée ici, il sera en soi une puissante manifestation de témoignage commun.


[1] Cet article a été écrit suite à une discussion du comité international lors d’une réunion le 3 sept 2020, et à l’intention des membres de ce comité. 

[2] Lorsque le terme « région » ou « régionalement » est mentionné dans ce document, il désigne essentiellement l’Afrique, l’Asie, les Caraïbes et l’Europe, Amérique latine, Moyen-Orient, Amérique du Nord et Pacifique.

[3] Par exemple, l’Inde, l’Indonésie, etc. Il existe heureusement aussi des situations où un rapprochement a eu lieu sans avoir été directement inspiré par le Forum. Le Forum devrait en tenir compte avec gratitude et rechercher une interaction au profit de la cause.

[4] Voir les lignes directrices du deuxième rassemblement international du Forum chrétien mondial, 4-7 octobre 2011, Manado, Indonésie. https://globalchristianforum.org/fr/manado-2011-introduction/lignes-directrices-de-manado-2011/m

[5] Idem

[6] Idem