« Après ce forum, nous nous rencontrerons différemment. Nous serons heureux de nous revoir – et nous nous soutiendrons les uns les autres ». Telle est la conclusion d’un participant à la fin du 1er Forum chrétien en Suisse alémanique. Quelque 110 participants venus de toute la Suisse alémanique se sont renforcés mutuellement dans leur foi pour contribuer à la paix. La présence et les salutations de hauts représentants des familles d’Églises participantes ont témoigné du large soutien apporté à ce forum. Ainsi, les organisateurs, sous l’égide de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse, peuvent se réjouir de constater que « l’objectif est atteint ! »
Le premier Forum chrétien de Suisse alémanique s’est tenu du 27 au 30 octobre 2024 sur le Campus Chrischona de Bettingen (BS). Plus de 100 représentants d’un total d’environ 25 Eglises nationales et libres, traditionnelles et plus récentes, ainsi que de communautés chrétiennes d’origines et d’influences diverses ont participé à la rencontre.
L’échange des histoires de foi personnelles était au centre de la rencontre, première étape d’un chemin d’ouverture les uns aux autres et d’une nouvelle cohabitation. Pour beaucoup, c’était très inhabituel et positivement rafraîchissant de pouvoir parler de Jésus-Christ et de leur foi personnelle avec d’autres personnes de manière aussi informelle. « J’ai fait l’expérience que nous sommes riches lorsque nous sommes ensemble », a déclaré une voix qui reflète les impressions de tous les participants.
Lors de visites dans des institutions socio-diaconales de différentes Eglises et communautés chrétiennes à Bâle, les participants ont reçu des suggestions concrètes pour leur propre engagement. La prière publique de Taizé dans la cathédrale de Bâle pleine à craquer le mardi soir a été l’occasion d’intérioriser la devise du forum « Ayez du sel en vous et gardez la paix entre vous ».
Tous ont reçu un sachet de sel lors de la messe, avec la mission d’emporter le message de Jésus et d’en donner du goût et de la saveur à leur quotidien. Le dernier jour, à l’heure d’un premier bilan, les participants ont été invités à ramener chez eux un petit sachet de sel vide, à le remplir de sel et à l’offrir à une personne choisie. L’idée de base du Forum chrétien doit ainsi se propager, mais aussi et surtout la préoccupation fondamentale adressée à tous les chrétiens : être le sel de la terre, contribuer à la paix. « Nous avons besoin de la force du défi de l’espérance, afin de pouvoir faire face aux détresses à petite échelle », a déclaré une pasteure participante.
Le message final
Dans le message final de ce premier Forum chrétien pour la Suisse alémanique, les participants soulignent que la diversité n’entrave pas la communauté chrétienne, mais l’enrichit. « Avec l’aide de Dieu, ils veulent œuvrer pour la paix et la réconciliation entre les Eglises et les communautés chrétiennes. Ce qui est possible dans les Eglises peut aussi avoir un impact dans une humanité déchirée par les divisions, les crises et les conflits ».
Pour surprendre et égayer le bilan des échanges dans les onze « groupes interconfessionnels », la modératrice a généré les paroles et la mélodie d’une chanson à partir d’éléments clés des discussions avec l’intelligence artificielle (IA), orientation musicale choisie : pop !
La chanson n’a pas la prétention d’être un résumé exhaustif du forum, ni de renouveler la musique sacrée ou la musique pop. Ecoutez-la ici : Salt & Light
St. Chrischona (BL), 28 octobre 2024. Quelque 120 personnes sont montées sur la colline de Ste Chrischona, sur les hauteurs de Bâle, pour participer au premier Forum chrétien de Suisse allemande, durant quatre jours de rencontre et d’approfondissement dans un esprit de « mission dans l’unité ».
« Cette parole biblique sur le sel et la paix est peu connue, je serai curieux de voir quel lien nous ferons avec elle», dit, en ouverture, le théologien catholique Daniel Kosch, président du comité de préparation, à propos du thème tiré de l’évangile de Marc.
Le sel donne du goût, c’est aussi la vocation du disciple. Le deuxième mot est « paix ». En 1989, il y eut un grand rassemblement chrétien à Bâle sur la paix et la justice. Or la paix est menacée aujourd’hui. Nous sommes disciples dans un monde déchiré.
Jonas Rapp, un des responsables de la mission de St. Chrischona, explique que ce lieu héberge une œuvre chrétienne depuis 180 ans. Cette tradition vit avant tout dans les personnes qui viennent ici pour approfondir leur foi. Il cite le verset du jour « Il y a des activités différentes, mais c’est le même Dieu qui les produit toutes en tous » (1 Cor 12,6) et le trouve très adapté à cette rencontre, vu la grande diversité des participants. Que Dieu agisse en nous et nous fortifie, telle est sa prière !
Le partage des « itinéraires de foi », cœur d’un Forum chrétien
L’abbé Pierre-Yves Maillard, président de la Communauté de travail des Églises chrétiennes en Suisse (CTECH), ouvre ce rassemblement et rappelle que c’est en 2018, suite au Forum chrétien francophone de Lyon, que l’idée d’un Forum chrétien romand est née. Celui-ci eut lieu en octobre 2021 à Leysin. Anne Durrer, la secrétaire générale de la CTECH l’avait alors convaincu d’y participer. « J’ai été très heureux de vivre le partage des itinéraires de foi qui est le cœur d’un forum. J’y ai découvert des frères et sœurs, d’une manière profonde, presque plus que dans le cadre d’activités ecclésiales ». Cette rencontre est la première que la CTECH organise avec des institutions qui n’en sont pas membres. Il espère qu’il y a en aura d’autres.
Par vidéo, Casely Essamuah, secrétaire général du Forum chrétien mondial, aime le thème choisi. Il est convaincu que l’Esprit-Saint va nous encourager à le vivre, car le monde a besoin d’un Évangile de paix et d’espérance. Cela exige que les chrétiens soient unis. Le Forum nous y aide en découvrant la présence du Christ en chacun, à travers les relations que nous y vivons. Lors du 4e rassemblement du Forum chrétien mondial à Accra, au Ghana, des chrétiens de tous les horizons ont en fait l’expérience.
Le sel et la paix, au cœur de la vocation du Forum chrétien
L’évêque du diocèse de Coire Joseph Bonnemain lit ensuite le message du cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens. Ce dernier se rappelle qu’il a été évêque de Bâle durant 15 ans. Il souligne l’importance du Forum qui permet de créer des relations fraternelles pour grandir en confiance, dans la prière et le partage de la foi, dans une grande diversité.
Il donne ensuite une brève méditation sur le thème. Les paroles de Jésus sur le sel conduisent au cœur de la vocation du Forum. Le sel nous fait réfléchir sur la qualité de notre témoignage. Il est symbole de fidélité à l’alliance et d’intégrité, contre des compromis moraux et spirituels. Jésus ajoute l’invitation à être en paix les uns avec les autres. La recherche de la réconciliation et de la compréhension mutuelle ont une grande signification. De même la prière pour l’unité de l’Église pour laquelle Jésus lui-même a prié. Nous sommes appelés à être ouvriers de réconciliation.
Le théologien orthodoxe Octavian Mihoc, responsable des relations avec les Eglises au Conseil oecuménique des Eglises (COE), affirme qu’être ensemble nous donne le sel – la force – pour apporte la paix dont le monde a besoin. « Nous sommes ici parce que nous confessons la Trinité et Jésus Christ comme vrai Dieu et vrai homme« , dit-il
Il rappelle la fondation du Forum chrétien mondial voulu par le COE. Son but est d’élargir le mouvement oecuménique sans fonder une nouvelle organisation formelle. Il a « quatre piliers« : l’Eglise catholique, le COE, l’Alliance évangélique mondiale et la Fraternité pentecôtiste mondiale. L’œcuménisme a besoin d’être renouvelé par cet oecuménisme de la vie, animé par les relations et le témoignage à Jésus-Christ: « Nous voulons vivre un œcuménisme du cœur mais aussi de pieds, car nous sommes en chemin. Que notre rencontre soit un temoignage puissant entendu par le monde et que l’Esprit saint nous fortifie« , conclut-il
St. Chrischona, un lieu et un chemin
Après le repas, la célébration d’ouverture a lieu dans l’église historique de St. Chrischona, dont les fondations remontent au 7e siècle. Elle garde la mémoire de sainte Christine et fut un lieu de pèlerinage. Après la Réforme du 16e siècle, elle fut progressivement abandonnée. Christian Friedrich Spittler obtint l’autorisation de la rénover et y fonda en 1840 la Mission de St. Chrischona, avec une maison de diaconesses et un séminaire théologique qui existent encore aujourd’hui.
Des jeunes étudiants de ce séminaire animent la louange, et forment aussi un chœur classique (voir la photo ci-dessus). Leurs voix claires louent l’Éternel de tout leur cœur ! « Chacun apporte sur cette colline les trésors de sa tradition. Je me réjouis de les découvrir. Qu’il est beau d’être ensemble pour constituer une partie du Corps du Christ! Qu’il nous donne la grâce de nous ouvrir les uns aux autres », s’exclame Andi Bachmann-Roth, le secrétaire de l’Alliance évangélique suisse.
Dans sa brève prédication Jean-Daniel Plüss, de la Mission pentecôtiste suisse et président de la Fondation du Forum chrétien mondial, note que l’œuvre de Dieu est dynamique et diverse ; ainsi notre chemin avec Lui. L’image du chemin sera au cœur de ce forum. Dans le Nouveau Testament il signifie la communauté chrétienne. « Durant ces jours, nous allons commencer un nouveau chemin en découvrant le Christ chez les autres. Que l’Esprit saint nous donne de marcher ensemble », dit-il !
A la fin de cette belle et paisible célébration, l’assemblée a été invitée à dire la prière de Nicolas de Flüe, homme de paix :
Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de Toi.
Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de Toi.
Mon Seigneur et mon Dieu, détache-moi de moi-même pour me donner tout à Toi.
Martin Hoegger
Le comité d’organisation est composé de 9 personnes qui représentent l’Église catholique, les Églises réformées, l’Alliance évangélique suisse, les Églises pentecôtistes, la CTECH et « En chemin ensemble » (un réseau de communautés et mouvements). Pour plus de détails, voir https://agck.ch/christliches-forum-deutschschweiz/
Lors du Forum chrétien romand, à Cressier ( 5.10. 2024), Martin Hoegger a présenté logique du Forum d’Accra auquel il a participé, avec deux autres déléguées de Suisse romande, Esther Solari et Franck Jeanneret.
C’est à Accra, au Ghana, que le Forum chrétien mondial (FCM) a donné rendez-vous à 250 chrétiens venant de plus de 50 pays et de toutes les familles d’Églises. D’origine ghanéenne, son secrétaire général Casely Essamuah explique que le FCM veut donner aux chrétiens l’occasion de connaître et de recevoir les dons que l’Esprit-Saint a déposés dans les diverses Églises. « Il est un espace pour une rencontre profonde de foi. Nous apprenons ainsi à découvrir la richesse du Christ », dit-il.
Ce forum avait une belle logique en trois temps. Le premier jour, nous avons affirmé que c’est le Christ seul qui nous unit. Le deuxième, avec la visite de la forteresse de Cape Coast où des millions d’esclaves ont transité, nous avons confessé nos infidélités à la volonté de Dieu et reconnu notre besoin d’être pardonnés et guéris, avant d’être envoyés. L’envoi est le thème du troisième temps. (Lire ici plusieurs articles sur ce rassemblement, sur ce site)
Premier temps : le monde a besoin de voir les chrétiens ensemble
Le Forum commence dans le lieu de culte de la Ridge Church, une grande Église interdénominationelle. Un chœur entraîne l’assemblée dans des chants des diverses traditions. La prédication est apportée par Lydia Neshangwe, une jeune pasteur, modératrice de l’Église presbytérienne du Zimbabwe.
Pour montrer la nécessité de considérer nos diversités comme des complémentarités, elle prend l’exemple de Paul et Barnabas. Elle a découvert entre eux treize différences ; la probabilité d’une division entre eux était grande, pourtant ils ont été envoyés ensemble. Pourquoi le Saint-Esprit les a-t-il réunis alors qu’ils sont si différents, comme le montre le livre des Actes des Apôtres ? (13,1-2)
Il en va de même pour nos Églises. Elles sont très différentes, mais le Saint-Esprit nous rassemble et nous envoie afin que le monde sache qui est le Christ.
Partager nos itinéraires de foi
Au cœur de la démarche du Forum se trouve le partage des « itinéraires de foi » dans des petits groupes d’une dizaine de personnes au maximum. La seule chose à faire est d’écouter ce que l’Esprit veut nous dire à travers le cheminement des autres avec le Christ. En sept minutes ! Voir la présence du Christ dans l’autre est le but de cet exercice.
Jerry Pillay, le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, voit dans ce partage de nos récits personnels de foi, « une très belle tapisserie ». Il est comme un « chemin d’Emmaüs » où les cœurs brûlent de passion pour Christ.
Le théologien Richard Howell, de l’Inde, reconnaît que ces partages ont transformé sa vie. « Après que ma maman a été miraculeusement guérie quand j’avais 12 ans, je suis alors devenu pentecôtiste. Je pensais que seuls les pentecôtistes étaient sauvés. En entendant des chrétiens d’autres Églises partager leur foi dans le cadre du Forum, j’ai demandé à Dieu de pardonner mon ignorance. J’ai découvert des frères et sœurs et qu’il me manquait 2000 ans d’héritage chrétien. Cela a été une nouvelle conversion ».
Billy Wilson, président de la World pentecostal Fellowship (Fraternité pentecôtiste mondiale) dit sa reconnaissance que les pentecôtistes – la famille ecclésiale qui grandit le plus rapidement – soient accueillis autour de la table du FCM. Ils apprennent ainsi à mieux connaître les autres Églises.
C’est la cinquième fois que je me livre à cet exercice. Son fruit est, à chaque fois, une grande joie qui donnera la tonalité de la rencontre. Ce partage suscite une amitié spirituelle qui permet de témoigner ensuite du cœur de notre foi commune.
Deuxième temps : reconnaître nosinfidélités et notre besoin d’être pardonnés et guéris.
Le guide nous a avertis : l’histoire de Cape Coast – à 150 km d’Accra – est triste et révoltante ; nous devons être forts pour la supporter psychologiquement ! Cette forteresse construite au 17e siècle par les Anglais a reçu notre visite au 2e jour du Forum.
Nous visitons les souterrains, certains sans lucarnes, où s’entassaient des esclaves en transit vers les Amériques. Quel contraste avec la grande salle du gouverneur avec neuf fenêtres et sa lumineuse chambre à coucher avec cinq fenêtres ! Au-dessus de ces sombres lieux une église anglicane construite par la « Société pour la propagation de l’Évangile ». « Où l’on chantait alléluia, alors que les esclaves criaient leur souffrance en dessous », précise notre guide ! Le plus troublant a été la justification religieuse de l’esclavage.
Apporter la réconciliation offerte par l’Évangile
La question qui m’habitait en entrant dans la cathédrale méthodiste de Cape Coast, contemporaine de la traite des noirs, est posée par Casely Essamuah, le secrétaire général du FCM : « où est-ce que ces horreurs continuent aujourd’hui ? »
Une « prière de lamentation et de réconciliation » est ensuite conduite en présence de l’évêque méthodiste local. Ce verset du psaume 130 donne le ton à la célébration : « Des profondeurs, nous crions vers toi. Seigneur, écoute ma voix » (v.1)
Ensuite, Setri Nyomi, secrétaire général par intérim de la Communion mondiale des Églises réformées, avec deux autres délégués d’Églises réformées, rappellent la confession d’Accra publiée en 2004, qui a dénoncé la complicité des chrétiens avec l’injustice. « Cette complicité continue et nous appelle à la repentance aujourd’hui».
Cette visite a marqué la rencontre du FCM. Plusieurs orateurs ont exprimé par la suite l’impression qu’elle leur a faite.
Comme on nous a exhortés à raconter ce que nous avons vu dans cet horrible endroit et vécu ensuite dans la cathédrale de Cape Cost, je vous ai livré ce moment marquant de la quatrième rencontre mondiale du Forum chrétien, avec les réflexions qu’il a suscitées.
3e temps : « Pour que le monde sache ».
Le thème au centre du quatrième Forum chrétien mondial (FCM) est tiré de l’évangile de Jean : « Afin que le monde sache » (Jean 17,21). De multiples manières, l’assemblée a approfondi ce grand texte où Jésus prie pour l’unité de ses disciples en les envoyant dans le monde.
Ce n’est pas un hasard que Jean 17 ait été choisi comme texte phare. En effet, « si la Bible est un sanctuaire, Jean 17 est le « saint des saints » : une révélation d’un dialogue intime entre le Père et le Fils fait chair », dit Ganoun Diop, de l’Église adventiste du Sénégal. C’est un grand mystère : Jésus nous a aimés afin que nous renaissions dans une vie nouvelle. Le FCM est un outil que Dieu utilise pour amener son amour. Et, l’amour est le ciment de l’œcuménisme !
Pour l’archevêque copte orthodoxe Angaelos, l’appel à l’unité par Jésus est un défi qui demande de la patience et bienveillance. « Nous devons fonctionner comme corps avec le Christ à notre tête. Cela signifie considérer dans nos décisions les autres parties de ce corps ».
Un chemin d’Emmaüs
Le récit des deux disciples en marche vers Emmaüs est au cœur de ce que recherche le Forum chrétien mondial.
A deux reprises, les délégués ont été invités à un « chemin d’Emmaüs » pour faire connaissance avec une personne que nous ne connaissions pas encore. En ce qui me concerne, je me suis promené avec Sharaz Alam, un jeune pasteur, secrétaire général de l’Église presbytérienne du Pakistan, dans le parc jouxtant le centre de la conférence, puis à l’ombre de grands arbres, autour d’une bière fraiche. Nous avons partagé sur le sens du récit d’Emmaüs. Il m’a aussi parlé de son action d’évangélisation auprès des 300 jeunes de sa paroisse et de son projet de doctorat sur les défis que lance l’islam à l’Église de son pays.
L’horizon de 2033 est comme un chemin d’Emmaüs vers le jubilé des 2000 ans de la résurrection de Jésus. Le Suisse Olivier Fleury, président de l’initiative JC2033, parle avec passion de l’occasion merveilleuse de témoignage dans l’unité que représente ce Jubilé… « afin que le monde sache » que le Christ est ressuscité !
Pour l’archevêque Flávio Pace, secrétaire du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, il symbolise l’Église en marche, rejointe par le Christ. C’est lui qu’il faut mettre au centre, et c’est avec lui qu’il faut ouvrir les Écritures.
Réfléchissant sur le récent synode de l’Église catholique, il affirme qu’il ne peut y avoir de véritable synode sans la dimension œcuménique. La veillée de prière au Vatican « Together » a donné un signe fort dans ce sens.
La célébration des 25 ans du Forum chrétien mondial (FCM).
Elle a été l’occasion de rendre grâce, à travers son action, pour l’élargissement de l’unité visible entre les « vieilles Églises » et les « jeunes Églises » animées par une spiritualité évangélique et pentecôtiste.
Cette célébration a eu lieu dans l’Action Chapel International, une grande Église pentecôtiste d’Accra. Lors du culte, son pasteur principal, l’archevêque Nicholas Duncan Williams a insisté sur le fait que l’amour réciproque auquel Jésus nous appelle (Jean 13) est plus important que toutes les manifestations de l’Esprit Saint, sans quoi on ne peut accomplir le grand mandat d’évangélisation.
Le pasteur allemand Konrad Raiser, ancien secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, est reconnaissant qu’au cours de ces 25 années le Forum a été en mesure de générer un nouvel esprit de respect et de confiance entre tous ceux qui invoquent le nom de Jésus-Christ et de renforcer ainsi leur témoignage commun
Pour le Patriarche Bartholomée le FCM est « un don de l’Esprit dans le pèlerinage de foi vers l’unité ».
Le pape François voit dans le Forum « une magnifique mosaïque du christianisme contemporain » uni par une « identité commune en tant que disciples de Jésus-Christ».
Thomas Schirrmacher, le secrétaire général de l’Alliance évangélique mondiale, est convaincu qu’avec le Forum chrétien mondial on est au cœur de l’Église de Jésus Christ, unie par une foi commune trinitaire.
Martin Hoegger(délégué d’En Chemin Ensemble au comité du Forum chrétien romand)
Cressier (NE), 5 octobre 2024. Une cinquantaine de personnes se sont donné rendez-vous pour la troisième rencontre du Forum chrétien romand (FCR). Une riche journée où les participants, venus de multiples Églises et mouvements, ont pu découvrir ce qui les relie.
Par Martin Hoegger
La parole de l’apôtre Paul a éclairé cette journée : « Accueillez-vous donc les uns et les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu » (Rom. 15, 7). Cet accueil réciproque où l’autre est reçu comme un don, non comme une menace, a été vécu de diverses manières.
C’était la première fois qu’une telle rencontre avait lieu dans le canton de Neuchâtel. Au nom de la Communauté des Églises de ce canton (COTEC-NE), Richard Jeanneret a souhaité la bienvenue : « Parce que vous êtes là, cela fait toute la différence », dit-il avec joie. « Qui manque autour de notre table », telle est la question que les Forums chrétiens posent souvent, et que Catherine Wüthrich, déléguée du Réseau évangélique romand, évoque, en saluant l’assemblée au nom du comité du FCR.
Le pasteur réformé vaudois, Frédéric Keller, autre membre du comité, rappelle que « le socle du Forum est la conviction que Dieu travaille dans chaque communauté et parle la langue de chacune ». En 2018, le Forum chrétien francophone de Lyon a été une expérience extraordinaire. Sur sa lancée, le Forum romand a été créé. « Le Forum nous donne une force d’être ensemble. Mais son but est de témoigner ensemble du Christ« , dit-il.
Unité et mission : le but du Forum
Comme le Forum chrétien romand est une émanation du Forum chrétien mondial (FCM), Hubert Van Beek, premier secrétaire général du FCM, parle ensuite de sa dynamique. (Lire sa conférence ici)
A la fin des années 1990, le Conseil œcuménique des Églises (COE) a pris conscience qu’un quart du christianisme mondial est en dehors du mouvement oecuménique. En effet, l’Église catholique en représente la moitié, les Églises membres du COE un quart et les Églises évangéliques et pentecôtistes un autre quart.
« La réponse qui s’est imposée a été : il faut ouvrir une nouvelle voie. Non pas une nouvelle organisation qui remplacerait le COE, mais un nouveau cheminement dont le COE est un des composants. C’est ainsi que l’idée d’un Forum est née ».
Un groupe composé de membres de ces différentes familles d’Églises s’est mis d’accord pour organiser une première rencontre. « Le groupe a défini le but : le COE et le Vatican ont dit unité, les évangéliques ont dit d’accord, mais il faut ajouter mission. Unité : cela veut dire travailler sur les relations, dépasser les préjugés et les stéréotypes, apprendre à se connaître et se comprendre, construire la confiance. Mission : cela veut dire là où c’est possible, coopérer et témoigner ensemble ».
Plusieurs rencontres mondiales et régionales ont eu lieu. Depuis, le Forum Chrétien Mondial existe comme lieu de rencontre et de rapprochement des deux mouvements qui ont marqué la vie et le témoignage des Églises dans le monde entier, tout au long du 20e siècle – le mouvement oecuménique et le mouvement évangélique et pentecôtiste.
Le cœur d’un forum : le partage des chemins de foi
Dans des petits groupes, les personnes présentes ont pris le temps d’écouter les « itinéraires de foi« . Chacun avait 7 minutes pour témoigner comment il a vécu la rencontre avec le Christ. Comme à Leysin, lors du premier Forum romand, « oser échanger en « je » crée un lien comme rien au monde. Quelle joie de découvrir comment le Christ a choisi nos frères et sœurs ! L’aimer nous fait aussi aimer la communion fraternelle. »
Échos du 4e rassemblement mondial du Forum chrétien.
Après le repas, trois romands ayant participé au rassemblement d’Accra (Ghana) ont témoigné de leur expérience. Martin Hoegger, représentant le réseau de communautés et mouvements « En chemin ensemble » a montré que ce Forum avait une belle logique en trois temps. « Au premier temps, nous avons affirmé que c’est le Christ seul qui nous unit. Au deuxième, avec la visite de la forteresse de Cape Coast où des millions d’esclaves ont transité, nous avons reconnu nos infidélités et notre besoin d’être pardonnés et guéris. L’envoi est le thème du troisième temps ». (Lire ici son exposé )
Esther Solari, jeune catholique vaudoise, a été touchée par la place donnée aux jeunes. Mais elle s’interroge sur le fait que les célébrations n’aient pas assez inclus les catholiques et les orthodoxes. Quant à Franck Jeanneret, délégué de la Communion d’églises protestantes évangéliques en France, mais aussi membre de la Fédération évangélique neuchâteloise, il s’est réjoui de découvrir la dimension mondiale du Forum, après avoir participé à des Forums régionaux. La rencontre avec des membres d’Églises orthodoxes l’a particulièrement touché.
Quatre ateliers
L’atelier « Présence chrétienne dans les médias », animé par le théologien Shafique Keshavjee, a permis de riches échanges. Après un « état des lieux » de la présence chrétienne dans les médias laïcs et confessionnels, trois propositions furent discutées. 1. Interpeller la RTS afin qu’aux fêtes chrétiennes un film ou documentaire inspiré par des valeurs chrétiennes et humanistes puisse être diffusé. 2. Soutenir la diffusion de l’émission Ma Foi c’est comme ça sur les différentes télévisions locales de Suisse romande. 3. Soutenir la diffusion du Quart d’heure pour l’essentiel comme tout ménage en 2025. La nouvelle Fondation de soutien aux médias Régénération fut aussi présentée.
Dans un autre atelier, Nassouh Toutoungi, prêtre de l’Église catholique chrétienne, Christophe Godel, prêtre de l’Eglise catholique, de la Fédération évangélique neuchâteloise, et Hyonou Paik, pasteur de l’Église réformée évangélique de Neuchâtel, ont présenté les « cinq engagements » de la Communauté de travail des Églises chrétiennes de Neuchâtel : s’ouvrir à la richesse de nos différentes traditions – créer des occasions de prier ensemble – reconnaitre que nous partageons la même foi – nous engager pour le bien de la cité – favoriser entre nos Églises la mise en commun de leurs missions.
Dans l’atelier « Lecture plurielle de la Bible », Daniel Romet et Adrian Craciun ont proposé la lecture du texte de Romains 15,7, avec les perspectives d’un juif croyant en Jésus et d’un théologien de l’Église orthodoxe. Ce texte parle de l’accueil réciproque entre juifs et gens des nations, au nom du Christ. Il a été souligné que c’est la première fois qu’un « juif messianique » participe à une rencontre du Forum chrétien. Et, c’est une richesse !
Le quatrième atelier est intitulé « 2025 : les 1700 ans du Concile de Nicée. Quelle actualité ? » L’année 2025 marquera les 1700 ans du premier concile œcuménique de Nicée : un exemple de prise de décisions communes en des temps difficiles et à partir de cultures différentes. Les repères de la foi chrétienne ont alors été posés, avec le Symbole de Nicée, complété 50 ans plus tard au concile de Constantinople. C’est également à Nicée qu’a été décidée la manière de calculer la date de Pâques. Panayotis Stelios, théologien catholique et Martin Hoegger, pasteur réformé ont animé cet atelier. Ce dernier participe à l’initiative « Pâques ensemble 2025 » qui a récemment organisé un séminaire sur le sens actuel de ce Concile
Rassemblés par le don de Jésus
Cette riche journée s’est terminée par une célébration où une « lectio divina » a été animée par l’abbé Vincent Lafargue, membre du comité de l’École de la Parole en Suisse romande. Elle était, évidemment, basée sur le texte de Romains 15 invitant à nous accueillir les uns les autres. Par des temps de lecture, d’écoute, de partage et de prière, nous avons remercié Dieu de nous avoir rassemblés par le don de Jésus, sa croix salvatrice, sa résurrection et l’envoi de l’Esprit. Ce temps, comme d’autres moments, a été nourri par des chants entraînés par Jean-François Bussy et Daniel Romet.
« L’unité n’est pas au bout du chemin, mais elle est déjà donnée en Christ. Il nous rapproche en une même famille », telle a été la conclusion enthousiaste d’un membre d’une Église évangélique, qui a découvert cette démarche originale pour rassembler les chrétiens de Suisse romande. Plusieurs ont aussi été nourris par la richesse des partages en petits groupes, particulièrement les « itinéraires de foi », et désirent la vivre dans leur contexte.
D’autres personnes ont à cœur de faire rayonner la vision du Forum en devenant « ambassadeur ». Nous sommes, en effet, tous les acteurs de ce mouvement d’unité et pouvons le faire connaître autour de nous.
La première rencontre du Forum chrétien mondial à Limuru, au Kenya
A l’occasion de la troisième rencontre du Forum chrétien romand, le 5 octobre 2024 à Cressier (NE), Hubert Van Beek, premier secrétaire général du Forum chrétien mondial, a fait un petit historique de cette démarche originale
Je vous salue dans la communion en Christ – je regrette de ne pas pouvoir être avec vous aujourd’hui.
Dans l’annonce de la réunion d’aujourd’hui sur le site de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vau, il est dit que « la dynamique des forums chrétiens a été initiée par le Conseil oecuménique des Eglises (COE) au tournant de l’an 2000, et qu’elle vise la communion des croyants dans la prière, la méditation de la Bible, le soutien mutuel et le témoignage. En le lisant j’étais frappé par l’absence d’un mot, pourtant au coeur du Forum chrétien, unité.
Le Forum chrétien romand est une émanation du Forum chrétien mondial. Alors, je veux vous parler un peu de la dynamique de ce Forum chrétien mondial.
Dans les années 1990, il y a eu au Conseil œcuménique des Eglises une prise de conscience de la configuration du christianisme mondial. Grosso modo, l’Eglise catholique romaine représente la moitié des chrétiens dans le monde (2 milliards). Les Eglises membres du COE, protestantes, aanglicanes et orthodoxes comptent ensemble pour un quart. Quel est l’autre quart ? Ce sont les Eglises qui font partie de ce qu’on appelle les mouvements évangélique, pentecôtiste et charismatique.
En un siècle, il y a eu un bouleversement dans le monde protestant. Au début du XXIe siècle, les Eglises évangéliques et pentecôtistes représentaient 2% de la chrétienté – à la fin du XXIe 25%.
Au début du XXIe s. moins de 20% des chrétiens vivaient dans le ‘Sud global’. Aujourd’hui, c’est proche du 70%.
En un siècle, il y a eu aussi un bouleversement dans les relations entre le mouvement œcuménique et l’Eglise catholique. Quand le mouvement a commencé dans les années 1920, l’Eglise catholique y était farouchement opposée. Depuis Vatican II, elle y participe pleinement.
Prise de conscience du Conseil oecuménique des Eglises
La prise de conscience du COE était donc qu’un quart du christianisme mondial est en dehors du mouvement oecuménique.
Le COE était conscient dès sa création en 1948 que les églises évangéliques et pentecôtistes ne voulaient pas rejoindre le mouvement oecuménique. A l’époque, elles étaient encore une minorité.
L’Association évangélique mondiale fondée en 1951 était encore mal organisée et faible.
Aujourd’hui l’Alliance évangélique mondiale (le nom a changé) représente 6 à 700 millions de chrétiens, le COE 5 à 600 millions. Le COE et l’AEM sont certes des organisations différentes, mais de taille tout à fait comparable.
Je n’ai malheureusement pas le temps de vous parler de toutes les tentatives de rapprochement entreprises par le COE depuis sa création. Je peux vous assurer qu’elles ont été nombreuses et sincères. C’est vrai d’ailleurs aussi pour l’Eglise catholique. Pour le COE, le plus souvent c’était sans beaucoup de résultats. Une dizaine d’Eglises pentecôtistes sont devenues membres depuis 1961 (Cette année là deux le sont devenues). C’est bon, mais peu. Une dizaine d’Eglises africaines indépendantes aussi.
Le but premier du COE a toujours été – et reste – l’unité visible de toutes les Eglises qui confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur (C’est la base du COE). Dans les années 1990 le COE s’est donc posé la question: comment poursuivre ce but, face à cette réalité qu’un quart du christianisme mondial ne se sent pas motivé par ce qu’offre et fait le COE.
La réponse qui s’est imposée a été: il faut ouvrir une nouvelle voie. Non pas une nouvelle organisation qui remplacerait le COE, mais un nouveau cheminement dont le COE est un des composants. C’est ainsi que l’idée d’un Forum est née.
Alors que l’idée était encore à l’état d’ébauche, le COE s’est assuré que l’Eglise catholique serait de la partie.
Ensuite, il fallait partager l’idée avec l’autre partenaire, les mouvements évangélique et pentecôtiste. Ce n’était pas simple, pour deux raisons:
– à l’époque, on se connaissait mal, il y avait peu de contacts, il y avait de la méfiance même.
– on avait une idée, une proposition d’un Forum, sans avoir un plan développé.
Avec le recul, cela était une bonne chose. Il fallait bien sûr que le plan soit développé ensemble.
Il aura fallu beaucoup de travail pour réunir, en septembre 2000, un groupe d’une trentaine de dirigeants, du COE, du Vatican, de l’Alliance évangélique mondiale, des Alliances évangéliques d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes, de l’Europe, et quelques pentecôtistes. Où réunir un tel groupe ? Au COE à Genève? au Vatican? On a choisi un bastion du mouvement évangélique, le Séminaire théologique Fuller, à Pasadena, aux Etats-Unis.
Unité et mission
Est-ce que c’est le lieu, ou et-ce l’année (2000) qui a permis à l’Esprit d’ouvrir ce nouveau cheminement ? Certainement l’Esprit, mais le lieu et l’année ont peut-être aidé… Toujours est-il que le groupe était d’un commun accord : il fallait se lancer. Le groupe a défini le but : le COE et le Vatican ont dit unité, les évangéliques ont dit d’accord, mais il faut ajouter mission.
Unité : cela veut dire travailler sur les relations, dépasser les préjugés et les stéréotypes, apprendre à se connaître et se comprendre, construire la confiance.
Mission : cela veut dire là où c’est possible, coopérer et témoigner ensemble.
C’est aussi à cette réunion que le nom a été proposé – « Forum Chrétien Mondial » – par un pentecôtiste de Malaisie, et que quelques évangéliques ont rejoint le comité.
L’étape suivante a été d’organiser pour la première fois un Forum, au niveau mondial. Tout était à concevoir : qui inviter, quelle représentation, quel thème, quel programme, quel résultat visé, où tenir la réunion. Un problème inattendu s’est posé : comment commencer une telle réunion.
Pour affronter ces défis, le comité a osé innover :
– pas de thème préconçu ;
– pas de programme fixé à l’avance – ce sera à la réunion d’élaborer son programme ;
– pas de résultat visé – laisser les choses ouvertes ;
– le même nombre de participants venus des mouvements évangéliques et pentecôtistes que du mouvement œcuménique (y compris les catholiques), pour qu’on soit à égalité.
– invitations adressées aux Eglises et aux organisations, qui nomment leurs représentant-e-s, pour engager les Eglises et responsabiliser les participant-e-s
– commencer la réunion avec une séance de partage des itinéraires de foi : chaque participant a sept minutes pour dire comment elle ou il a rencontré le Christ et ce que cela a changé dans sa vie.
C’est en appliquant ces principes que la première consultation mondiale s’est tenue, en juin 2002, de nouveau au Séminaire de théologie évangélique Fuller à Pasadena, avec 60 participants du monde entier, protestants, anglicans, orthodoxes, catholiques, évangéliques et pentecôtistes.
Le partage des itinéraires de foi a été la grande révélation de cette réunion. A travers cet exercice, les participants se sont reconnus unis en Christ, avec toutes leurs différences.
L’autre révélation a été la dynamique spontanée : l’absence de thème et de programme a permis aux participants de prendre en main la réunion, d’en faire un espace pour une véritable rencontre entre des traditions chrétiennes différentes.
Ce n’est donc pas étonnant que ce premier Forum ait vu dans la création de cet espace de rencontre le génie du Forum Chrétien Mondial. Elle a formulé la Déclaration d’intention, qui reste encore la même aujourd’hui :
Créer un espace ouvert où les représentants d’un grand éventail d’Eglises et organisations chrétiennes, qui confessent le Dieu trinitaire et Jésus-Christ, parfait Dieu et parfait homme, peuvent se rassembler pour promouvoir le respect mutuel et pour étudier et aborder ensemble des défis communs.
Cette première consultation a été suivie de quatre réunions régionales, sur le même modèle, en Asie, Afrique, Europe et Amérique latine, pour tester la validité de l’expérience. Ensuite, un rassemblement mondial a eu lieu, qui a réuni les dirigeants du COE, de l’AEM, du Vatican, de l’Association mondiale pentecôtiste, et beaucoup de responsables d’Eglises de toutes les communions chrétiennes – en 2007, à Limuru au Kenya. Là, le comité a dit : « voilà ce que nous avons fait depuis 9 ans – à vous de dire s’il faut continuer, ou si on s’arrête là ».
Depuis, le Forum Chrétien Mondial existe comme lieu de rencontre et de rapprochement des deux mouvements qui ont marqué la vie et le témoignage des Eglises dans le monde entier, tout au long du XXIe s. – le mouvement oecuménique et le mouvement évangélique et pentecôtiste.
Le Forum chrétien ne remplace pas le mouvement oecuménique – que ce soit au niveau mondial, régional, national ou local – il ajoute une dimension – il l’élargit – il l’enrichit.
Voici un texte d’un dialogue entre catholiques et évangéliques aux États-Unis, qui prépare le thème « l’autre est un don » qui sera approfondi lors de la rencontre du Forum chrétien romand, le 5 octobre 2024
« On ne naît pas chrétien, on le devient » — Tertullien (mort en 220), Apologie 18
« Ainsi, quiconque est en Christ est une nouvelle création : les choses anciennes sont passées ; voici, des choses nouvelles sont arrivées » (2 Cor. 5,17). Ensemble, évangéliques et catholiques remercient humblement Dieu pour le don d’être devenus chrétiens à travers la Croix salvatrice de Jésus, sa résurrection et l’envoi de l’Esprit. Tout comme le peuple d’Israël a été « appelé » parmi les nations pour devenir un peuple élu, de même nous reconnaissons que les chrétiens sont « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, son propre peuple », que Dieu a créé, appelé « des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pi. 2,9).
Dans la ville d’Antioche, les disciples de Jésus « furent, en premier, appelés chrétiens » (Actes 11, 26), et Dieu n’a cessé d’appeler des personnes à lui pour qu’elles portent le nom du Christ. Nous, catholiques et évangéliques, nous reconnaissons comme frères et sœurs dans le Christ, ayant reçu le même baptême et le même appel, appartenant à une seule et même famille chrétienne et partageant la même foi, la même espérance et le même amour (1 Thess1,3)
En tant que membres de la même maison de Dieu (1 Tim. 3,15), nous reconnaissons que bon nombre des différences doctrinales, disciplinaires et liturgiques entre évangéliques et catholiques – certaines substantielles – présupposent un engagement partagé, même s’il est contesté, envers le Christ. Ces désaccords – certains apparemment insolubles – démontrent néanmoins que nous affirmons chez l’autre une vocation commune du Christ et une foi en Lui comme Seigneur. Ainsi, nous acceptons le don d’accompagner nos frères et sœurs alors que nous cherchons tous à harmoniser nos vies et nos pensées avec le Christ, reconnaissant Jésus comme Seigneur et Sauveur (Phil. 2,5).
Pour décrire ce que signifie être chrétien, les catholiques mettent souvent l’accent sur la vie sacramentelle de l’Église, et les évangéliques mettent souvent l’accent sur la foi personnelle au Christ. Pourtant, nous savons qu’il existe des degrés de conformité au Christ non seulement chez d’autres chrétiens avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, mais également au sein de nos propres vies et communautés. Ainsi, être chrétien, c’est être un pèlerin, c’est aller vers la pleine conformité à Celui dont nous portons le nom. C’est aussi être appelé de notre ancien mode de vie à une vie dans l’Esprit, qui ne se réalisera pleinement que dans la nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21 : 1-2 ) : « Bien-aimés, nous sommes maintenant les enfants de Dieu ; ce que nous serons n’a pas encore été révélé. Nous savons que lorsque cela sera révélé, nous serons comme lui, car nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3,2).
Au cœur de l’être chrétien se trouve la présence vivante et la puissance du Christ à l’œuvre en nous. C’est un don déjà reçu par la grâce par la foi, « Christ en vous, espérance de gloire », et qui arrive à maturité, « à la mesure de la stature de Dieu », la plénitude du Christ », au sein de la communauté chrétienne (Col 1,27-29 ;Eph. 4,13). Dans Actes 11, les premiers chrétiens se distinguent par la vie, la grâce, la puissance et la Parole ointe du Christ à l’œuvre en eux (Actes 11.19-26. Même avec la menace réelle de mort et le sang encore frais du martyre d’Étienne, ils maintiennent résolument leur témoignage (Actes 11,19,23).
Quelques décennies après que les disciples furent appelés pour la première fois chrétiens à Antioche, l’évêque de cette même ville, Ignace d’Antioche, fait allusion à la véritable signification de ce nom alors qu’il chemine vers le martyre et espère qu’il « ne sera pas simplement appelé chrétien, mais qu’il le sera véritablement » (lettre à l’Église de Rome ; cf. 1 Pt. 4, 16). Percevant ces marques du Christ les uns chez les autres, nous, catholiques et évangéliques, reconnaissons le même profond témoignage de Jésus chez nos frères chrétiens, dont certains ont même versé leur sang. Par conséquent, en progressant vers la pleine maturité en Christ et en dépendant de « sa puissance agissant en nous », nous prenons plaisir à nous appeler les uns les autres « chrétiens » (Col 1,28-29).
En tant que frères et sœurs dans le Christ, nous reconnaissons que nous sommes appelés par le même Seigneur à « nous supporter les uns les autres dans l’amour » car, malgré nos divisions, il n’y a qu’«un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de nous tous » (Éph. 4,2 ; 5-6). Nous nous repentons de toutes les absences d’amour familial entre évangéliques et catholiques, parmi lesquelles l’affirmation théologiquement douteuse selon laquelle les évangéliques ou les catholiques ne sont pas chrétiens. Contre cette œuvre de division, nous prions ensemble pour une unité plus complète entre catholiques et évangéliques, qui partagent déjà un appel et une mission commune, qui comprend une union à la fois avec le Christ et avec tous ses disciples (Jean 17,21), et un témoignage dans le monde par l’amour mutuel les uns pour les autres (Jean 13,
DÉROULEMENT : MATIN 9h00-9h30 : Café-croissants 9h30-10h00 : Louange et prière 10h00-10h30 : Accueil du Forum 10h30-11h30 : Partage en petits groupes selon la formule du Forum chrétien 11h30-11h50 : Partage en plenum sur les expériences vécues en petits groupes. 11h50-12h00 : Quelques cantiques d’action de grâce 12h00 et repas
APRES-MIDI 13h30-14h00 : Information à plusieurs voix sur le Forum mondial d’Accra, Ghana
14h45-15h15 : Bilan, projets d’avenir, mission commune. 14h00-14h45 : Ateliers
2025, 1700 ans du Concile de Nicée. Quelle actualité pour le Forum chrétien?
Martin Hoegger a participé à la quatrième rencontre du Forum chrétien mondial à Accra, au Ghana, du 16 au 19 avril 2024. Voici quelques articles de sa plume.
Ce forum avait une belle logique en trois temps. Le premier jour, nous avons affirmé que c’est le Christ seul qui nous unit. Le deuxième, avec la visite de la forteresse de Cape Coast où des millions d’esclaves ont transité, nous avons confessé nos infidélités à la volonté de Dieu et reconnu notre besoin d’être pardonnés et guéris, avant d’être envoyés. L’envoi est le thème du troisième temps.
Accra Ghana, 16 avril 2024. Dans cette ville africaine grouillante de vie, le Global Christian Forum (FCM) réunit des chrétiens de plus de 50 pays et de toutes les familles d’Églises. D’origine ghanéenne, son secrétaire général Casely Essamuah explique que le FCM veut donner aux chrétiens l’occasion de connaître et de recevoir les dons que l’Esprit Saint a placés dans les différentes Églises. « C’est un espace de rencontre profonde de la foi. Nous apprenons ainsi à découvrir la richesse du Christ », dit-il.
Accra, 19 avril 2024. Le guide nous a prévenus : l’histoire de Cape Coast – à 150 km d’Accra – est triste et révoltante ; il faut être fort pour la supporter psychologiquement ! Cette forteresse construite au XVIIe siècle par les Anglais a reçu la visite de quelque 250 délégués du Forum chrétien mondial.
Accra, Ghana, 19 avril 2024. Le thème central du quatrième Forum chrétien mondial est tiré de l’Évangile de Jean : « Pour que le monde sache » (Jean 17:21). À bien des égards, l’assemblée a approfondi ce grand texte, dans lequel Jésus prie pour l’unité de ses disciples en les envoyant dans le monde.
La célébration des 25 ans du Forum chrétien mondial a été l’occasion de rendre grâce, à travers son action, pour l’élargissement de l’unité visible entre les « vieilles Églises » et les « jeunes Églises » animées par une spiritualité évangélique et pentecôtiste.
Le thème de la rencontre du Forum chrétien mondial à Accra était tiré de cette page de l’Évangile : « Afin que le monde sache » (Jean 17,23). Voici une méditation sur ce passage!
« Notre thème, écrit C. Essamuah, secrétaire du FCM, s’accorde à merveille avec le titre du livre d’Olivier Fleury et l’objectif de l’initiative JC2033 : mobiliser les chrétiens du monde entier dans la joie de l’unité que nous partageons les uns avec les autres ».
Martin Hoegger took part in the fourth Global Christian Forum gathering in Accra, Ghana, from April 16 to 19, 2024. Here are a few articles from his pen.
Accra Ghana, 16th April 2024. In this African city teeming with life, the Global Christian Forum (GCF) brings together Christians from more than 50 countries and from all families of Churches. Of Ghanaian origin, its general secretary Casely Essamuah explains that the GCF wants to give Christians the opportunity to know and receive the gifts that the Holy Spirit has placed in the various Churches. “It is a space for a deep encounter of faith. We thus learn to discover the richness of Christ,” he says.
Accra, April 19, 2024. The guide warned us: the history of Cape Coast – 150 km from Accra – is sad and revolting; we must be strong to bear it psychologically! This fortress built in the 17th century by the English received a visit from some 250 delegates to the Global Christian Forum (GFM)
Accra, Ghana, April 19, 2024. The central theme of the fourth Global Christian Forum (GCF) is taken from the Gospel of John: “That the world may know” (John 17:21). In many ways, the assembly delved deeper into this great text, where Jesus prays for the unity of his disciples by sending them into the world.
« Our theme, writes C.Essamuah, secretary of the GCF, fits wonderfully with the title of Olivier Fleury’s book and the aim of the JC2033 initiative: to mobilize Christians around the world in the joy of the unity we share with one another »
Le « gâteau » d’anniversaire des 25 ans du Forum chrétien mondial
La célébration des 25 ans du Forum chrétien mondial (FCM) a été l’occasion de rendre grâce, à travers son action, pour l’élargissement de l’unité visible entre les « vieilles Églises » et les « jeunes Églises » animées par une spiritualité évangélique et pentecôtiste.
Cette célébration a eu lieu dans une grande Église pentecôtiste d’Accra. Lors du culte, son pasteur principal a insisté sur le fait que l’amour réciproque auquel Jésus nous appelle (Jean 13) est plus important que toutes les manifestations de l’Esprit-Saintt, sans quoi on ne peut pas accomplir le grand mandat d’évangélisation.
Il ajoute que tous les dons de l’Esprit Saint sont donnés pour le bénéfice du corps du Christ, afin qu’il soit uni dans l’amour, et conclut par une fervente prière demandant à Dieu de bénir chaque Église, pays et participant. Qu’il verse son Esprit sur nous tous et que le Forum soit un outil pour faire connaître l’amour de Dieu à tous !
Un nouvel esprit de respect et de confiance
Le pasteur allemand Konrad Raiser, ancien secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, a été un des initiateurs du Forum chrétien mondial. Il rappelle que le FCM a été fondé pour servir « l’unique mouvement œcuménique » en y invitant les évangéliques et les pentecôtistes. Il est né en 2002 du constat qu’à l’époque le Conseil œcuménique des Églises ne représentait qu’un quart de l’ensemble de la chrétienté mondiale.
Il pense qu’il était également important de prendre très tôt la décision claire de veiller à ce que la moitié des participants aux réunions du Forum proviennent de communautés évangéliques et pentecôtistes charismatiques. « Durant ces 25 années, conclut-il, le Forum a été en mesure de générer un nouvel esprit de respect et de confiance entre tous ceux qui invoquent le nom de Jésus-Christ et de renforcer ainsi leur témoignage commun dans le monde contemporain ».
Un don de l’Esprit saint
Pour le Patriarche Bartholomée, le FCM est « un don de l’Esprit dans le pèlerinage de foi vers l’unité ». Il rappelle que le patriarcat œcuménique s’est engagé sans cesse dans le mouvement œcuménique depuis l’encyclique de 1920 qui a posé les bases du Conseil œcuménique des Églises. Pour lui, le Forum « reflète l’essence même de notre foi chrétienne, à savoir que « nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps » (1 Cor 12,13) et qu’il y a « un seul Seigneur, une seule foi et un seul baptême » (Eph. 4,5), dans le Christ Jésus, et que nous sommes appelés à nous aimer et à nous soutenir mutuellement dans notre pèlerinage commun de justice, de paix et de réconciliation avec le monde ».
Une magnifique mosaïque du christianisme
Le pape François voit dans le Forum « une magnifique mosaïque du christianisme contemporain » uni par une « identité commune comme disciples de Jésus-Christ ». Il offre un espace pour faire grandir notre amour réciproque en vue de l’unité visible de tous les chrétiens. Pour lui le Forum a contribué de manière significative à la promotion du lien entre l’unité de la mission chrétienne en donnant un « espace dans lequel les membres des diverses expressions historiques de la foi chrétienne croissent dans le respect mutuel et la fraternité en se rencontrant dans le Christ ».
Une plateforme pour nous stimuler à l’amour réciproque
« Je suis avant tout un croyant, Jésus est vivant », s’écrie au début de son allocution Stephen Asamoah-Boateng, ministre des Affaires religieuses du Ghana. « Quand vous êtes en Christ, vous vivez la vie en Christ à votre manière, mais vous êtes reliés aux croyants de toutes tribus et nations. » Il reconnaît la contribution du FCM à offrir une plateforme où les chrétiens peuvent se stimuler à l’amour réciproque.
Le pasteur américain Wesley Granberg-Michaelson lui répond en disant que 40% des chrétiens sont aujourd’hui en Afrique, alors qu’ils n’étaient que 2% en 1910. C’est une des transformations les plus remarquables du christianisme. « Hier, nous avons fait un pèlerinage à Cape Coast pour nous repentir des injustices commises contre l’Afrique par l’Europe », lui dit-il aussi en le remerciant pour l’hospitalité reçue de la part des habitants du Ghana et du gouvernement.
Les évangéliques et les pentecôtistes, des héritiers
Thomas Schirrmacher, le secrétaire général sortant de l’Alliance évangélique mondiale, est convaincu qu’avec le Forum chrétien mondial, on est au cœur de l’Église de Jésus-Christ, unie par une foi commune trinitaire, en la résurrection de Jésus et à son retour proche. Le credo de Nicée nous est aussi commun, mais surtout les Saintes Écritures qui ont une autorité ultime. Sur cette base, l’Alliance évangélique, peut se retrouver dans une mission commune avec les autres Églises.
« Les évangéliques sont vos petits-enfants et les pentecôtistes vos arrières-petits-enfants. Aujourd’hui, ils sont des adolescents qui parfois se bagarrent avec les parents et les grands-parents… Mais à travers le Forum, j’ai découvert des frères et sœurs dans les vieilles Églises et ai été édifié par leur témoignage. Ensemble, nous devons témoigner au monde du salut en Jésus-Christ, sinon nous ne serions que des ONG. Et, nous ne pourrons le faire qu’ensemble », conclut-il.