Auteur/autrice : Martin Hoegger (Page 2 of 3)

Première rencontre du Forum Chrétien Fribourgeois

Le 18 mars 2023, la chapelle de l’université de Fribourg a accueilli une célébration oecuménique comme première pierre pour la création d’un Forum Chrétien Fribourgeois.

Sur le thème : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert » (Jn 1,23)

Il fait suite aux Forum francophone et romand qui ont permis à des chrétiens de toutes les familles confessionnelles de se retrouver pour faire connaissance, échanger, partager les éléments qui nous unissent et en particulier notre foi en Jésus Christ.

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Recevoir le courage de témoigner ensemble. Célébration du Forum chrétien romand.

Morges, 9 avril 2022. Au début du mois d’octobre 2021 a eu lieu à Leysin le Forum chrétien romand, un événement marquant pour l’Église en Suisse romande. Dans l’esprit de ce Forum une célébration a rassemblé une soixantaine de personnes à Morges. Les Actes de ce Forum y ont été présentés et offerts aux participants.

Cette célébration vécue dans la chapelle des Charpentiers à Morges a été préparée par le comité du Forum chrétien romand. Anne Durrer, secrétaire générale de la Communauté travail des Églises chrétiennes en Suisse, accueille l’assemblée « avec un œil qui rit et un œil qui pleure ». Œil qui pleure à cause de l’horrible guerre en Ukraine. Œil qui rit : joie de se revoir et de se replonger dans la magnifique énergie de ces quelques jours d’octobre 2021.

Le pasteur Etienne Roulet, de l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud, accueille à son tour l’assemblée et remet la rencontre dans la prière, rendant grâce pour l’expérience marquante du Forum et pour la nouvelle impulsion pour l’unité chrétienne suscitée par le Forum.

C’est Catherine Wuthrich, membre du Conseil du Réseau évangélique suisse, qui apporte une méditation sur le thème de cette célébration – « Prions les uns, les unes pour les autres afin d’annoncer ensemble l’Évangile » – inspirée de l’exhortation de l’apôtre Paul aux chrétiens d’Éphèse (6:18-20). Elle souligne notre vocation chrétienne à prier en tout temps, en toutes circonstances, avec vigilance et constance : « Nous sommes appelés à prier les uns pour les autres. Nous porter dans la prière est une manière concrète de vivre l’amour fraternel, car nous avons un même Père et faisons partie de la famille de Dieu. » C’est grâce à cette prière commune que les premiers chrétiens avaient le courage de témoigner du Ressuscité. Elle nous est nécessaire aujourd’hui pour sortir de nos zones de confort et aller à la rencontre de tous.

Invité à introduire la récitation commune de la foi, Stefan Constantinescu, orthodoxe roumain, estime que le Forum chrétien représente une manière nouvelle et contemporaine de proclamer notre foi dans toute sa diversité. En disant ensemble les paroles du Symbole de Nicée-Constantinople, nous célébrons ensemble notre amitié dans le Christ.  

Découvrir le Christ qui nous unit

Après ce moment fort, la prière d’intercession a été conduite par trois jeunes ministres de la région de Morges : Monika Bovier (réformée) Jean Burin des Roziers (catholique) et Vincenzo Ravera. Dans foulée du thème de la célébration la première a demandé : « Revêts-nous de la puissance de la prière pour que nous soyons combattants du même combat. Ainsi nous serons sœurs et frères ; nous œuvrerons avec toi pour que ton Règne vienne dans le monde ».

Que retenir de la première édition du Forum chrétien romand ? Stéphane Klopfenstein, secrétaire général adjoint du Réseau évangélique suisse se souvient de belles rencontres avec des personnes qui partagent sa foi, dans la diversité de leur vécu. Également des découvertes de lieux de vie communautaire, comme l’abbaye de St. Maurice et la fraternité vécue par les Capucins dans cette même ville. Mais c’est surtout la joie d’être ensemble, à l’image de celle chantée par le Psaume 133, qui l’a marqué : « Oui, j’ai senti cette joie, ce côté agréable d’être connecté ensemble à Dieu, par des moments de méditation et de prière ».

Hubert Van Beek, le premier secrétaire du Forum chrétien mondial, a rappelé que le but du Forum chrétien est de rapprocher les deux mouvements qui ont marqué le 20e siècle, à savoir le mouvement œcuménique et le mouvement évangélique et pentecôtiste. Toutes les réunions commencent par un partage des itinéraires de foi : « C’est dans ce partage que nous découvrons que c’est le Christ qui nous unit. C’est ce que nous avons vécu à Leysin ; cette expérience est appelée à rayonner dans toute la Suisse romande, entre tous les chrétiens ».

Le théologien catholique Panayotis Stelios, secrétaire de la Communauté des Églises chrétiennes dans le Canton de Vaud, présente ensuite les Actes du Forum intitulés « En Chemin d’Unité ».  Ce livre souhaite être un outil pour donner une suite au Forum. « Personnellement, dit-il, j’ai vécu une conversion à Leysin. Maintenant, avant d’élaborer des projets, de partir vite sur le terrain, en mission, je crois que prendre du temps ensemble afin de vivre une communion fraternelle profonde est essentielle ».

Cette belle célébration s’est conclue par une prière dite ensemble pour la paix dans chaque Église (inspirée de la Communauté du Chemin Neuf), suivie par une bénédiction donnée par une dizaine de ministres des diverses Églises. Elle a été ponctuée par des chants tirés du répertoire propre à chaque Église, conduits par Rolf Schneider et Bedros et Rebecca Nassanian.

Quels prochains pas ?

La célébration a été suivie d’un temps de convivialité où beaucoup ont exprimé leur joie et leur désir de continuer le bel élan donné par le Forum chrétien romand. Plusieurs propositions sont parvenues au comité, comme celle d’organiser des forums pour les groupes de jeunes des différentes Églises, ou pour les étudiants des divers lieux de formation théologique en Suisse romande avec leurs professeurs. L’idée d’organiser des rencontres des forums chrétiens locaux a aussi été partagée, comme celle d’une rencontre entre les personnes engagées dans les médias des diverses Églises, ou encore celle de préparer, dans le temps de Pâques 2023, une célébration pour entrer dans la « décennie de la Résurrection » qui conduit au Jubilé des 2000 ans de la résurrection du Christ en 2033.

L’Esprit souffle où il veut, mais il semble bien qu’il se manifeste de manière particulière lorsque les chrétiens « prient les uns pour les autres afin d’annoncer ensemble l’Évangile ». La balle est dans le camp de ceux et celles qui ont fait l’expérience vivifiante de ce Forum et qui désirent le vivre ailleurs en Suisse romande. Qu’il leur donne de discerner les prochains pas à faire !

Martin Hoegger

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

Ce livre de 200 pages avec plus de 50 contributions, contient toutes les interventions du Forum : une grande richesse spirituelle avec les réflexions et le regard de responsables des diverses Églises et des mouvements. Il contient notamment les textes du Cardinal Kurt Koch, président du Conseil pour l’unité des chrétiens (Vatican), de Ioan Sauca, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, de Casely Essamuah, secrétaire général du Forum chrétien mondial et de frère Alois, prieur de la communauté de Taizé, Jean-Daniel Plüss, président de la Fondation du Forum chrétien mondial), ainsi que de plusieurs responsables d’Églises et de mouvements de Suisse romande.

Il est à commander pour le prix de 15 Fr.- auprès des Éditions UNIxtus, www.unixtus.ch – Courriel : info@unixtus.ch

Forum chrétien romand

Site internet : https://romandie.forumchretien.org/

Courriel : forumchretienromand@gmail.com

Hubert Van Beek, La vocation fondamentale du Forum chrétien mondial

Septembre 2020 – Quelques réflexions

La discussion lors de la conférence virtuelle du comité du Forum chrétien mondial (FCM) du 3 septembre a clairement démontré le désir du comité de maintenir ensemble l’unité et la mission comme vocation principale du Forum chrétien mondial. Ainsi, le comité a été fidèle à la déclaration d’intention qui a guidé le Forum depuis sa création.[1]

La discussion a également montré clairement que deux questions fondamentales doivent être approfondies :

1. En termes d’unité, quel est le rôle spécifique du Forum, et quelle est la contribution spécifique qu’il peut apporter à la recherche de l’unité des chrétiens dans le mouvement œcuménique au sens large ?

2. Dans le domaine de la mission, ou du témoignage commun, que peut offrir le Forum au témoignage des Églises dans le monde sans faire ce qui est déjà fait par les nombreuses organisations inter-ecclésiales existantes (oecuméniques, évangéliques, confessionnelles) auxquelles appartiennent les Églises participant au Forum ?

Unité

Une réflexion est en cours au sein et au-delà du mouvement œcuménique sur la nature de l’unité. Si l’impératif biblique (Jean 17,21) est admis par tous, les opinions divergent sur la légitimité des divisions et sur la manière dont l’unité doit se manifester. Des expressions telles que « unité visible », « unité organique », « unité des chrétiens », « unité dans la diversité », « unité spirituelle » indiquent un large éventail d’interprétations et d’options, qui ont toutes des implications pour les efforts faits – ou non – pour favoriser l’unité des Églises.

Dans les Églises engagées dans le mouvement œcuménique, on peut également observer une certaine lassitude par rapport à la lenteur des progrès dans le domaine de la théologie et de la doctrine ; ou, lorsque des progrès sont réalisés (par exemple sur le baptême, l’eucharistie et la mission), l’impact tangible et durable sur la vie des Églises peut sembler modeste. Parmi les dirigeants d’Églises et les théologiens qui continuent à donner une orientation à la recherche de l’unité, cela a conduit à l’élaboration de nouveaux modèles, tels que l’œcuménisme réceptif ou l’œcuménisme spirituel, qui sont moins directement axés sur le dépassement des controverses doctrinales.

Une autre tendance, qui a également été soulignée lors de la discussion du comité du 3 septembre, est de considérer que nous sommes entrés dans une nouvelle étape de l’œcuménisme, dans laquelle les différences théologiques ne sont plus la préoccupation première. Dans cette optique, l’accent devrait être mis sur le témoignage commun au monde. Cela pourrait en effet donner un nouvel élan au mouvement oecuménique et être une source de renouveau, si le témoignage partagé est vraiment conçu par les Églises comme un défi exigeant et coûteux.

Dans la pratique, cependant, l’œcuménisme est aujourd’hui compris dans de nombreuses situations locales comme une coexistence amicale, au mieux fraternelle, d’Églises de traditions différentes qui coopèrent volontiers mais restent néanmoins divisées.

Les différents points de vue et attitudes à l’égard de l’unité sont tous présents au sein du Forum chrétien mondial, dans le comité ainsi que parmi les participants aux réunions du Forum. C’est en soi une raison suffisante pour poursuivre la discussion théologique sur l’unité, l’approfondir et favoriser la compréhension mutuelle.

Mais le Forum a la capacité d’être plus qu’une plate-forme de réflexion sur l’unité. Il a la particularité de réunir pratiquement toutes les traditions du christianisme mondial actuel – tant les Églises participant au mouvement œcuménique que celles appartenant aux mouvements évangélique et pentecôtiste.

Il n’existe aucune autre configuration inter-églises mondiale qui soit capable de le faire tout à fait de la même manière que le Forum, et dans le même but : favoriser l’unité et le témoignage commun. C’est cette spécificité du Forum qui détermine le rôle qu’il est appelé à jouer et la contribution qu’il est appelé à apporter dans la poursuite de l’unité des chrétiens. Il s’agit de réunir les Églises appartenant aux deux courants, œcuménique et évangélique/pentecôtiste, qui se sont divisés depuis plus d’un siècle, et de favoriser leur rapprochement dans les différents contextes et aux différents niveaux où ils fonctionnent.

Le Forum chrétien mondial a vu le jour à un moment de kairos où les deux parties ont pris conscience que le temps était venu de surmonter les divisions du passé. Il serait erroné de croire qu’il s’agissait d’une première tâche, d’un premier pas pour ainsi dire, qui, après vingt ans, est maintenant pratiquement achevée. C’est peut-être vrai pour le comité du Forum, et d’ailleurs, diverses affirmations lors de la discussion du 3 septembre ont témoigné avec gratitude du niveau de confiance qui existe.

Mais ce n’est pas le cas dans de nombreuses situations, que ce soit au niveau des grandes régions[2] ou dans de nombreuses situations nationales et locales. Comme l’a également souligné la discussion, la peur et l’ignorance sont encore très présentes, et l’on pourrait aussi ajouter la méfiance et le rejet mutuels. L’aliénation, l’exclusion et l’hostilité ont profondément affecté les relations entre les Églises établies et les mouvements évangélique et pentecôtiste.

Ce serait également une erreur de sous-estimer la profondeur et la douleur de la division, tant en termes d’histoire que de réalités actuelles. Heureusement, il est également vrai qu’aujourd’hui, les dirigeants des Églises et les fidèles des deux parties font preuve de plus de bonne volonté et d’ouverture les uns envers les autres qu’il y a seulement quelques décennies.

Concrètement, le Forum a donc pour vocation d’identifier les contextes régionaux et nationaux dans lesquels un commencement devrait être fait, où il faudrait faire davantage pour rassembler les entités œcuméniques et évangéliques/pentecôtistes existantes, par exemple les Églises, les conseils, les conférences, les alliances, les communautés, etc. Les consultations régionales sont le moyen le plus efficace dont dispose le Forum pour y parvenir.

Le Forum chrétien mondial n’a pas la capacité de fonctionner de manière adéquate au niveau national, et encore moins au niveau local. En réunissant des représentants des organismes régionaux et des Églises d’un certain nombre de pays dans une région donnée, en leur offrant l’expérience du Forum grâce aux outils de la représentation égale (50/50) et de la narration des itinéraires de foi, la vision du Forum peut imprégner le contexte national. Comme nous l’avons déjà indiqué, il en existe des exemples dans plusieurs pays.[3]

Les consultations régionales doivent bien sûr être préparées et organisées en coopération étroite avec les conseils ou conférences œcuméniques régionaux existants, les alliances évangéliques, les conférences épiscopales, etc. Comme la dernière série de réunions de ce type a eu lieu il y a dix ans, il sera d’une importance cruciale de repérer la nouvelle génération de dirigeants d’Églises qui sont entrés en fonction et qui ne connaissent pas le Forum chrétien mondial.

Il y a encore un autre aspect du rôle et de la contribution du Forum en ce qui concerne l’unité. Il se résume à la question qui a toujours accompagné le FCM dans ses étapes successives : « qui manque autour de la table »? Si, en effet, « un large éventail d’Églises chrétiennes et d’organisations interconfessionnelles » (déclaration d’intention) y participe, il y a encore des groupes qui ne sont pas, ou pas suffisamment, représentés.

Du côté œcuménique, c’est le cas en particulier de la famille orthodoxe, comme cela a également été souligné lors de la discussion du 3 septembre. Cela demande un effort ciblé du Forum pour favoriser l’intérêt des Églises orthodoxes et leur participation à celui-ci. Par exemple, la priorité pourrait être donnée à la tenue de consultations dans des (sous-)régions telles que l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient où l’orthodoxie est historiquement enracinée et constitue la majorité. Et dans les régions où les Églises orthodoxes sont minoritaires, par exemple en Amérique latine, leur participation devrait faire l’objet d’une attention particulière, notamment parce que l’orthodoxie, en tant que famille d’Églises, ne dispose pas de ses propres structures régionales représentatives.

D’autre part, certaines des grandes dénominations classiques pentecôtistes et évangéliques de diverses régions ne participent pas pleinement au Forum, ou n’y participent pas du tout. Des efforts similaires sont nécessaires pour renforcer leur participation. Dans le monde évangélique et pentecôtiste en constante évolution, des groupes plus récents tels que les néo-pentecôtistes, les grandes Églises néo-charismatiques (par exemple en Afrique de l’Ouest), les nouvelles Églises émergentes, les méga-Églises également, sont restés largement en dehors du champ du FCM.

Ici aussi, une approche intentionnelle est nécessaire pour mettre autour d’une table ces nouvelles expressions de la présence chrétienne. Une question particulièrement difficile et problématique est celle des évangéliques radicalisés (États-Unis, Brésil) qui promeuvent des positions morales et politiques de manière à rendre tout dialogue pratiquement impossible. Que cela soit traité ou non, cela fait partie de la vocation du FCM d’élargir le cercle des groupes évangéliques et pentecôtistes participant aux efforts du Forum vers l’unité des chrétiens, et il est particulièrement bien placé pour le faire.

La contribution du FCM à l’unité est loin d’être mineure, comparée à ce qui est fait par exemple par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises (COE) ou dans les dialogues théologiques bilatéraux entre les participants aux Communions chrétiennes mondiales. Au contraire, il suffit d’examiner les statistiques du christianisme mondial pour en constater l’importance.

Aujourd’hui, les évangéliques et les pentecôtistes comptent pour un quart, contre moins de deux pour cent il y a environ un siècle ; les chiffres représentés au sein du COE constituent un autre quart et les catholiques l’autre moitié. Traverser les clivages et guérir les divisions qui séparent ces parties d’un même corps est une tâche majeure. L’objectif n’est pas de faire en sorte que l’un rejoigne l’autre, mais de s’ouvrir les uns aux autres et d’aller ensemble vers ce qui sera nouveau.

Mission

Dans la première phrase de l’énoncé de l’objectif du FCM, maintenir ensemble l’unité et la mission, est exprimé dans les expressions « favoriser le respect mutuel » et « explorer et relever ensemble les défis communs« . Au stade initial du Forum, et dans les années qui ont suivi, il y a eu une réticence considérable à reprendre la partie « mission » de la déclaration. Le concept de « défis communs » était principalement compris en termes de questions potentiellement controversées.

On a estimé que les relations étaient encore trop fragiles pour prendre le risque d’entrer dans des discussions où des désaccords pourraient conduire à une rupture du processus, en particulier du côté évangélique et pentecôtiste. Cela pourrait également fournir un argument contre toute implication de ceux qui ont été invités à se joindre au processus mais qui ont choisi de se tenir à l’écart. L’accent a donc été mis sur l’établissement de relations et le développement de la confiance mutuelle.

Des questions ont été soulevées lors des consultations et des réunions et ont été, dans une certaine mesure, discutées, notamment des questions comme l’évangélisation et le prosélytisme, les valeurs morales, les relations avec les autres religions, etc. mais on a pris soin de ne pas aller plus loin. Les désaccords ont simplement été notés. Lors de certaines réunions, des suggestions ont été faites pour que le Forum traite des questions auxquelles les Églises sont confrontées dans leur témoignage ; il a toutefois été considéré que ce n’était pas son rôle, car le FCM n’était pas censé devenir opérationnel.

Lors du deuxième rassemblement mondial (à Manado en 2011), les participants ont affirmé que la confiance mutuelle était désormais suffisante pour que le Forum passe à l’étape suivante. Ils ont déclaré dans la prière :  » Nous avons entendu l’Esprit qui nous appelle, non seulement à promouvoir le respect les uns pour les autres, mais maintenant aussi à avancer ensemble en abordant des défis communs« .[4] Le Forum de Manado a clairement déclaré que « le FCM devrait continuer à établir des relations en organisant des rassemblements périodiques » et que « l’unité expérimentée dans le partage des itinéraires de foi prouve que nous sommes des agents de la mission de Dieu, appelés et envoyés par le même Seigneur Jésus-Christ, et poussés par le même Esprit Saint« .[5]

Le rassemblement de Manado a donc donné l’impulsion nécessaire pour aborder la question de l’unité et de la mission, ou pour la mettre dans la formulation de la deuxième partie de la déclaration d’intention : « favoriser les relations qui peuvent conduire à un témoignage commun« .

Comme le Forum contribue à rapprocher les organismes œcuméniques et évangéliques ainsi que les organismes pentecôtistes dans les principales régions du monde et dans les situations nationales, ces Églises, conseils, conférences et alliances peuvent – espérons-le – en arriver à un point où ils considèrent que l’action commune et la coopération sont souhaitées et deviennent possibles.

Ces partenaires décideront alors de la ou des formes que devront prendre leurs actions, des défis communs à relever et de la manière de les relever, en fonction de leurs priorités et dans le contexte de la région ou de la nation qu’ils partagent. Que ce soit sur l’évangélisation, l’action sociale ou les grands enjeux contemporains comme le racisme, les droits de l’homme, la paix, l’environnement, leur rapprochement permettra d’améliorer et de renforcer leur témoignage chrétien. La compétence théologique, l’expertise et l’expérience dans tous ces domaines existent des deux côtés, mais les dons diffèrent. Il sera bénéfique pour tous de les mettre ensemble.

Dans ce même esprit, Manado a également encouragé la tenue de « forums destinés à des ministères spécialisés (p. ex. de réconciliation, de guérison, de justice, etc.) ».[6] Rassembler des personnes d’origine œcuménique et évangélique dans une région (ou un pays) qui partagent des compétences et un appel dans un domaine spécifique, en utilisant les outils du Forum pour établir une confiance mutuelle et guider leur discussion sur la question, peut être un moyen supplémentaire pour le FCM de remplir sa mission.

C’est là que réside la contribution unique que le Forum peut offrir au témoignage des Églises dans le monde sans faire ce qui est déjà fait par les organisations interconfessionnelles mondiales existantes : le témoignage commun de communautés œcuméniques et évangéliques ou pentecôtistes de foi en Christ, qui depuis trop longtemps témoignent en étant séparées les unes des autres, en tant qu’agents de la mission de Dieu, aux niveaux régional, national et local.

Le rôle du comité n’est pas de s’engager dans des actions telles que la prise de position dans des situations qui exigent que la voix de l’Église soit entendue, de faire des déclarations publiques ou de lancer des programmes axés sur des questions particulières. Cela conduirait inévitablement à des malentendus et des tensions, comme le passé l’a enseigné.

Le FCM n’est pas une organisation qui peut parler ou agir au nom d’un groupe de membres. Les Églises et les organisations interconfessionnelles qui se réunissent sous l’inspiration du Forum peuvent le faire, en leur nom commun et par leurs propres moyens de collaboration.

Les défis posés au comité par ses membres plus jeunes doivent devenir effectifs dans les contextes régionaux et nationaux. Le FCM devrait renforcer encore la participation des jeunes en leur permettant et en leur donnant les moyens de s’impliquer pleinement là aussi, aux côtés des responsables d’Églises et d’autres personnes.

Si le comité est capable de mettre en œuvre la vision exposée ici, il sera en soi une puissante manifestation de témoignage commun.


[1] Cet article a été écrit suite à une discussion du comité international lors d’une réunion le 3 sept 2020, et à l’intention des membres de ce comité. 

[2] Lorsque le terme « région » ou « régionalement » est mentionné dans ce document, il désigne essentiellement l’Afrique, l’Asie, les Caraïbes et l’Europe, Amérique latine, Moyen-Orient, Amérique du Nord et Pacifique.

[3] Par exemple, l’Inde, l’Indonésie, etc. Il existe heureusement aussi des situations où un rapprochement a eu lieu sans avoir été directement inspiré par le Forum. Le Forum devrait en tenir compte avec gratitude et rechercher une interaction au profit de la cause.

[4] Voir les lignes directrices du deuxième rassemblement international du Forum chrétien mondial, 4-7 octobre 2011, Manado, Indonésie. https://globalchristianforum.org/fr/manado-2011-introduction/lignes-directrices-de-manado-2011/m

[5] Idem

[6] Idem

Forum Chrétien romand : partageons nos itinéraires de foi !

Dans ce document final, les participants au premier Forum chrétien romand (Leysin, 10 au 13 octobre 2021), donne un écho de cette riche rencontre et veut faire part de quelques découvertes aux Églises, communautés et mouvements de Suisse romande, en particulier celle de partager nos itinéraires de foi.

Issus de plusieurs confessions ou familles chrétiennes des différents cantons de Suisse romande – catholiques, orthodoxes, réformés, évangéliques, pentecôtistes, catholiques chrétiens, anglicans, adventistes, salutistes, baptistes, et membres de communautés et mouvements – « réunis tous ensemble » (Actes 2,1) dans la joie de l’Esprit saint à Leysin, nous avons écouté la Parole de Dieu, partagé nos chemins de foi et prié ensemble. Une célébration nous a aussi rassemblés à Aigle avec des membres des Églises de la région.

 Le thème de ce Forum était tiré de l’Évangile de Jean :

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alors, ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. » (15,16).

Ce texte nous a accompagnés durant ces jours. A travers ces paroles si élevées, vives et efficaces, le Christ nous a appelés. Il fait toujours le premier pas, afin que nous lui répondions dans la foi et nous nous tournions vers les autres.

Inspirés par la démarche des récents Forum Chrétien Mondial et Francophone (Bogota et Lyon 2018), nous avons vécu des temps de découverte mutuelle avec nos cultures, nos histoires personnelles et nos manières de vivre la foi.

Nous sommes montés sur la montagne, non pour régler nos différences de théologie, mais pour mieux nous connaître et nous laisser toucher par l’Esprit saint. Tant de choses semblent nous séparer ; nous avons souvent des images des autres qui ne sont pas vraies. Nous oublions nos racines communes et que nous habitons une seule et même maison : « Vous faites partie de la famille de Dieu » (1 Pierre 2,5-10).

Ce Forum nous a rappelé que ce qui nous unit est bien plus fort que ce qui nous sépare : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, envoyé par le Père et donateur de l’Esprit Saint pour nous réunir en Lui.

Souvent de manière surprenante, sa grâce visite nos cœurs pour nous envoyer vers ce monde en souffrance, particulièrement durant ce temps de pandémie du Coronavirus.

Le Christ est la perle de grand prix. Il nous enseigne à mettre Dieu en premier, à l’aimer par-dessus tout et à vivre son commandement nouveau de l’amour réciproque.  

Dans des petits groupes, nous avons pris le temps d’écouter nos itinéraires de foi. Oser échanger en « je » crée un lien comme rien au monde. Quelle joie de découvrir comment le Christ a choisi nos frères et soeurs !  L’aimer nous fait aussi aimer la communion fraternelle.

A travers nos partages, nos chants et nos prières, nous avons découvert qu’il y a des trésors dans toutes les Églises. Cette diversité nous enrichit et nous en rendons grâce. Nous sommes pauvres des autres Églises. Reconnaissons en elles des lumières qui manquent chez nous !  

Nous avons également vécu ces jours avec plusieurs membres de communautés, mouvements et oeuvres, engagés de différentes manières dans le témoignage et le service. En visitant des lieux d’Église dans le Chablais et sur la Riviera vaudoise, nous nous sommes réjouis de leur engagement dans la vie communautaire, la prière et la formation. Nous avons aussi été inspirés par la fécondité d’actions communes à plusieurs Églises.

Nous avons été heureux du soutien apporté à notre démarche par les autorités de nos Églises qui nous ont ouvert leur cœur et dit leur espérance pour l’Église. Nous avons prié pour les responsables de toutes les Églises afin que la paix du Christ règne en chacune.  

Qu’avons-nous encore découvert durant ces quelques jours ?

  1. Dans le partage de nos chemins de vie et de foi, nous avons exprimé nos souffrances. Nous faisons partie d’un Corps blessé. La désaffection de beaucoup et la découverte d’abus de toutes sortes provoquent un séisme spirituel. Une spiritualité authentique donne sens à la douleur en unissant nos vulnérabilités à celles du Christ qui les a toutes assumées. Sans un regard constant vers sa croix par laquelle Il nous a réconciliés nous ne pouvons recevoir le don de la vive présence du Ressuscité, ni progresser vers l’unité telle qu’Il la veut.
  • Nous avons été réjouis par la présence de plusieurs jeunes de nos Églises. Ils nous inspirent par leur recherche de Dieu.  Avec eux nous voulons nous entraider pour être des témoins crédibles du Christ ressuscité.
  • Le partage de nos itinéraires de foi a renouvelé nos relations les uns avec les autres. Nous désirons que nos familles, communautés et paroisses expérimentent cette démarche fructueuse.
  • Nous avons élargi nos rencontres entre Églises. Le Forum chrétien veut créer des ponts entre les deux mouvements qui ont marqué le 20e siècle : le mouvement œcuménique et le mouvement évangélique-pentecôtiste. Demandons-nous toujours qui manque autour de la table de la fraternité chrétienne !  
  • Nous affirmons la dignité de chaque être humain créé à l’image de Dieu. Avec plusieurs mouvements nous voulons, dans une relation d’amitié et d’accompagnement, rencontrer le Christ dans les marginaux, les jeunes désespérés, les migrants, les prostituées et tant d’autres personnes dans le besoin en recherche.
  • Nous avons réfléchi à notre relation avec la création, comme fruit de notre vocation. Des projets concrets sont portés par des associations chrétiennes qui ne demandent qu’à proposer leurs services aux paroisses.
  • Aujourd’hui le Christ nous veut pèlerins les uns, les unes avec les autres, car nous sommes tous fragilisés. Ne remettons pas à demain son appel à vivre ensemble la mission qu’Il nous confie… en nous rappelant qu’elle passe d’abord par nous-mêmes : nous sommes la mission du Christ !

Aux Églises, communautés et mouvements de Suisse romande, nous disons donc :

Partagez en confiance ce que le Christ est pour vous !

Cherchez à vous découvrir les uns les autres en vérité !

Priez sans cesse et mettez-vous ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu !

Osez dépasser les limites qui nous séparent pour témoigner, en communion d’amour, du Christ qui nous rend libres et veut que tous parviennent à la connaissance de sa vérité !

Cherchez des voies nouvelles pour rejoindre le Christ qui nous attend dans chaque frère et sœur, particulièrement dans les plus démunis.

Annoncez avec courage l’espérance ouverte par la résurrection de Jésus à tous les désespérés du sens de la vie !

Cela ne résoudra pas tout, mais, en faisant des pas concrets, cela nous aidera à changer nos cœurs et nos regards, à dissiper quelques préjugés et à aborder plus sereinement nos différends.

« Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres » (Jean 15,17).

Forum chrétien romand, Leysin, le 13 octobre 2021

Unité en vue du témoignage : l’appel du Forum chrétien romand. Ouverture du Forum.

Le partage des itinéraires de foi : l’expérience du Forum Chrétien romand.

Leysin, 13 octobre 2021. « Ce qui nous unit – Jésus-Christ – est bien plus fort que ce qui nous sépare. » Environ une centaine de membres de toutes confessions chrétiennes de Suisse romande se sont réunis à Leysin du 10 au 13 octobre pour le premier Forum chrétien romand. Ce Forum a pour vocation de créer des ponts entre les deux mouvements qui ont marqué le 20e siècle : le mouvement œcuménique et le mouvement évangélique-pentecôtiste.

C’est sous l’angle du témoignage personnel d’expériences de foi, en privilégiant ce qui rassemble que les participantes et participants – catholiques, réformés, évangéliques, pentecôtistes, orthodoxes, catholiques chrétiens, anglicans, adventistes, salutistes, baptistes, et membres de communautés et mouvements – se sont retrouvés. Ensemble, ils ont adressé sept interpellations à leurs Églises respectives.

Forts de leur expérience, dans un texte commun (voir en pièce-jointe), ils lancent un appel aux Églises communautés et mouvements de Suisse romande à « oser dépasser les limites qui nous séparent pour témoigner, en communion d’amour, du Christ qui nous rend libres et veut que tous parviennent à la connaissance de sa vérité »,

« Le Christ est la perle de grand prix »

Inspirés par la démarche des récents Forums Chrétiens Mondial et Francophone (Bogota et Lyon 2018), les participants ont vécu des temps de découverte mutuelle avec leurs cultures, leurs histoires personnelles et leurs manières de vivre la foi. « Ce Forum nous a rappelé que ce qui nous unit est bien plus fort que ce qui nous sépare : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, envoyé par le Père et donateur de l’Esprit Saint pour nous réunir en Lui », témoignent à l’unisson la centaine de participants. « Le Christ est la perle de grand prix. Il nous enseigne à mettre Dieu en premier, à l’aimer par-dessus tout et à vivre son commandement nouveau de l’amour réciproque. » 

« Nous sommes montés sur la montagne, non pour régler nos différences de théologie, mais pour mieux nous connaître et nous laisser toucher par l’Esprit saint. Tant de choses semblent nous séparer ; nous avons souvent des images des autres qui ne sont pas vraies. Nous oublions nos racines communes et que nous habitons une seule et même maison : “Vous faites partie de la famille de Dieu” (1 Pierre 2,5-10) », ont encore indiqué les participants à ce Forum, une première en Suisse romande.

« Oser échanger en “je” crée un lien comme rien au monde »

Dans des petits groupes, les membres du Forum ont pris le temps d’écouter les différents itinéraires de foi. « Oser échanger en « je » crée un lien comme rien au monde. Quelle joie de découvrir comment le Christ a choisi nos frères et sœurs !  L’aimer nous fait aussi aimer la communion fraternelle. » Au cours des temps de partage, ateliers, méditation et célébration publique à Aigle, les différentes sensibilités ecclésiales et théologiques ont pu s’exprimer.

La découverte des autres communautés chrétiennes s’est faite aussi par la visite de lieux d’Église dans le Chablais et sur la Riviera vaudoise. « Nous nous sommes réjouis de leur engagement dans la vie communautaire, la prière et la formation. Nous avons aussi été inspirés par la fécondité d’actions communes à plusieurs Églises. »

Sept découvertes  

Les participants ont fait part de sept découvertes à leurs Églises respectives. Dans le partage de leurs chemins de vie et de foi, ils ont exprimé leurs souffrances, celle d’un « Corps blessé » par la désaffection de beaucoup et le « séisme spirituel » provoqué par la découverte d’abus de toutes sortes. « Une spiritualité authentique donne sens à la douleur en unissant nos vulnérabilités à celles du Christ qui les a toutes assumées », assurent les participants.

De plus, avec les jeunes des Églises, ils encouragent les communautés à s’entraider pour être des « témoins crédibles du Christ ressuscité ».

Forts de leurs partages des itinéraires de foi, ils souhaitent que les familles, communautés et paroisses expérimentent « cette démarche fructueuse ».

Le Forum chrétien a permis en outre d’élargir les rencontres entre Églises créant des ponts entre le mouvement œcuménique et le mouvement évangélique-pentecôtiste : « Demandons-nous toujours qui manque autour de la table de la fraternité chrétienne ! »

Les participants affirment par ailleurs la dignité de chaque être humain créé à l’image de Dieu et déclarent vouloir se soucier des personnes en marge de la société « en qui le Christ les attend ».

La relation avec la création est en outre un fruit de la vocation chrétienne. Des projets concrets sont déjà portés par plusieurs associations et méritent d’être connus.

Enfin, les participants exhortent à ne pas remettre à demain « l’appel à vivre ensemble la mission » confiée par le Christ et à être, à sa demande, « pèlerins les uns, les unes avec les autres ».

Forum chrétien romand

Document final du Forum chrétien romand : https://romandie.forumchretien.org/forum-chretien-romand-partageons-nos-itineraires-de-foi/

Unité en vue du témoignage : la vocation du Forum chrétien romand : https://romandie.forumchretien.org/unite-en-vue-du-temoignage-lappel-du-forum-chretien-romand/

Jean-Daniel Plüss: la vision du Forum chrétien mondial

Jean-Daniel Plüss, de la Mission pentecôtiste suisse, est président de la Fondation du Forum chrétien mondial. Voici son message à la rencontre de Leysin

J’étais un jeune pentecôtiste, lorsque j’ai commencé mes études de théologie à l’Université catholique de Louvain. L’un de mes camarades de volée venait de Californie. Je voulais mieux le connaître. D’une manière typiquement évangélique, j’ai pensé que je pourrais lui demander s’il avait accepté Jésus-Christ comme son Seigneur et Sauveur. Mais quelque chose en moi me disait qu’il ne comprendrait peut-être pas ma question, et je lui ai plutôt demandé pourquoi il avait décidé d’étudier la théologie. Sa réponse m’a surpris : il avait grandi dans la foi chrétienne et, à un moment donné, il avait eu le désir de servir Dieu en tant que prêtre. Son histoire de foi m’a fasciné.  

Trente ans plus tard, j’ai été invité à participer au deuxième rassemblement global du Forum chrétien mondial, en 2011 à Manado, en Indonésie. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. Bien qu’actif sur le plan œcuménique depuis plus de quinze ans déjà, cette rencontre de chrétiens du monde entier, représentant les différentes familles chrétiennes, a changé ma compréhension du Corps du Christ.

Il y avait par exemple cet Indien, assis à côté de moi pendant un voyage en bus. Il était sympathique et partageait avec moi sa conviction que tous ceux qui aiment le Seigneur peuvent se réjouir du fait que Dieu construit son royaume sur terre et qu’Il a besoin de nous tous afin d’y participer. Ce n’est que plus tard que j’ai appris qu’il était le secrétaire général de l’Alliance évangélique d’Asie du Sud.

Le soir, j’ai rencontré une pasteure anglicane. Elle m’a invité à boire un verre de bière au bar, près de la piscine de l’hôtel. Nous avons partagé ce que nous faisions et une amitié s’est développée, basée sur le fait que nous pouvions partager librement comment Dieu nous avait conduits dans la vie.

À la fin de la conférence, nous avons pris une photo de groupe et je me trouvais à côté d’un prêtre syrien orthodoxe. Comme il fallait attendre que les photos soient prises, nous avons eu le temps de rire et de parler de ce qui nous venait à l’esprit. J’ai senti une foi profonde dans la vie de cet homme. J’étais loin de me douter que je parlais au métropolite Mar Gregorios Yohanna Ibrahim, l’archevêque syrien orthodoxe d’Alep, un homme qui sera enlevé un an plus tard pendant la guerre en Syrie et probablement tué à cause de sa foi.

Ces trois exemples illustrent la dynamique de la vision du Forum chrétien mondial : se rencontrer au nom du Christ, adorer ensemble notre Dieu trinitaire, s’écouter et apprendre les uns des autres, établir la confiance et développer des amitiés, découvrir des moyens de témoignage et d’action communs.

En tant que président de la Fondation du Forum chrétien mondial, j’ai le privilège d’aider à rendre possibles les activités du Forum. Nous devons nous demander qui manque à la table de la fraternité chrétienne ? Comment pouvons-nous aider à rassembler les gens sur cette plateforme commune ? Comment pouvons-nous réunir les moyens nécessaires pour rendre ces rencontres possibles ? C’est une grande joie pour moi que nous puissions être ici. Soyons sensibles à l’œuvre de Dieu en nous écoutant les uns les autres, et en nous demandant ce que l’Esprit dit aux Églises !

Tiré de « En chemin d’unité. Actes du Forum chrétien romand ».

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

A commander pour le prix de 15 Fr.- auprès des Éditions UNIxtus, www.unixtus.ch – Courriel : info@unixtus.ch

Claudia Haslebacher, « Unis dans une seule famille »

La pasteure Claudia Haslebacher, membre du Conseil de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS), livre ses réflexions lors de la rencontre de Leysin.

Merci beaucoup de me permettre, en tant que germanophone, d’être parmi vous ce soir, de profiter du repas, de passer du temps avec vous. Ce que l’apôtre a écrit à l’Église d’Éphèse s’applique à nous tous :

« C’est pourquoi […] vous faites partie du peuple de Dieu, vous êtes de la famille de Dieu.

[…] La pierre principale, c’est le Christ Jésus lui-même.

C’est en union avec le Christ que toutes les pierres de la maison tiennent ensemble. Et cette maison s’agrandit pour former un temple saint dans le Seigneur.

C’est en union avec le Christ que vous aussi, vous faites partie de la maison qui est construite. Et vous formez avec tous les autres un lieu où Dieu habite par son Esprit. »

Tant de choses semblent souvent nous séparer les uns des autres : différentes idées de l’Église, différentes structures, différentes convictions politiques ou théologiques, différentes manières d’exprimer notre foi. Nous oublions souvent que nous appartenons à une seule maison, à une seule famille. Que le Christ maintient l’ensemble et que nous en faisons partie par son Esprit.

Je suis donc très heureuse qu’après de longues incertitudes un Forum chrétien romand puisse avoir lieu en Suisse pour la première fois. Cette plateforme de partage des expériences personnelles de foi invite à « recevoir un souffle intérieur commun » et à « témoigner ensuite ensemble ».

Aujourd’hui et jusqu’à mercredi, vous aurez du temps pour cela : partager des expériences de foi les uns avec les autres et se laisser toucher par Dieu. Je suis très heureuse que cela soit possible. En plus des rencontres institutionnelles bien connues qui existent depuis un certain temps, il s’agit d’une bonne occasion d’expérimenter, qu’au-delà des différences de nos traditions qui nous divisent, nous sommes unis par quelque chose de bien plus grand : à savoir, la foi dans le Dieu trinitaire et en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. Rechercher le plus grand terrain d’entente, le célébrer, partager notre foi les uns avec les autres, c’est le souhait du Forum Chrétien romand. Ici, il ne s’agit pas de structures, mais de rester connectés ensemble au cep de la vie.

Alors c’est une joie pour moi de vous apporter les chaleureuses salutations de l’EERS, de sa présidente Rita Famos et de son Conseil pour lequel je suis ici. Je souhaite à tous la riche bénédiction de Dieu pendant ces jours passés ensemble.

Photo: EERS

Tiré de « En chemin d’unité. Actes du Forum chrétien romand ».

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

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Anne Schweitzer, « Tous ensemble dans un même lieu »

Prédication d’Anne Schweitzer, membre du Forum chrétien francophone, lors de la célébration oecuménique du Forum chrétien romand. Aigle, 13 octobre 2021

Voilà le verset de Jean 15,16 qui est le thème de ce premier Forum chrétien romand. C’est un tout petit bout du grand discours si important de Jésus pendant ce dernier repas avec ses disciples. Un peu comme un testament.

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alors, ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

Avez-vous eu l’expérience quand vous étiez enfants, à l’école, de l’appréhension de ne pas être choisi quand les chefs de deux équipes au sport appelaient chacun à leur tour les membres qui seraient dans leur équipe ? Avez-vous ressenti cette crainte de ne pas être choisi ou bien de n’être pris qu’en dernier, car il n’y avait plus d’autre choix ?

Il n’en est pas ainsi avec le Christ. Il dit aux Douze qu’il les choisit sans dire d’abord toi puis toi, puis toi et on verra s’il y a encore de la place pour toi.

Il nous a choisis nous aussi chacun et chacune.

Mais peut monter en nous une autre inquiétude :

Et s’il savait ce qu’il y a en moi ? Et si je n’arrivais pas à tenir la route, que se passerait-il ?

Revenons aux disciples. Il leur parle en connaissance de cause, non seulement de ce qu’ils ont été, de ce qu’ils sont, mais aussi de ce qu’ils seront et feront. Peu de temps après, durant le même repas, il va leur dire qu’ils vont tous le laisser tomber, qu’ils vont tous être dispersés. Il annonce à Pierre qu’il va le renier.

Il sait ! Cela ne l’empêche pas d’affirmer clairement qu’il les choisit. Et c’est lui qui prendra l’initiative après sa résurrection, de les retrouver là où ils sont enfermés, sur une route en allant vers Emmaüs qui tourne le dos à Jérusalem, ou en leur préparant un petit-déjeuner sur une plage et en engageant le dialogue pour rétablir Pierre.

Oui, le Christ nous choisit en connaissance de cause de ce que nous sommes et de ce que nous serons, de nos beautés, de nos forces, de nos failles et de nos échecs. Encore et encore, Il prendra l’initiative de venir nous chercher et de nous rejoindre.

C’est beau de se savoir choisi par un Dieu qui nous connaît parfaitement. Il nous a choisis par amour et il nous choisit pour porter du fruit, pour partager son amour autour de nous. 

Acceptons-nous d’avoir été choisis, d’être choisis tels que nous sommes ? Cela demande humilité et aussi courage, mais quel privilège immense ! Cet accueil de son choix est aussi nécessaire pour avancer avec assurance dans la mission qu’il nous confie à chacun, quel que soit notre statut familial, notre situation de travail, notre service dans l’Église ou autre.

Mais alors, c’est une chose d’accueillir d’être choisi personnellement par le Christ. C’en est une autre d’accueillir les autres qu’il a aussi choisis…, ça peut être plus compliqué.

Cela n’est pas évident de ne pas être en contrôle, de ne pas organiser comme on voudrait, de ne pas être le responsable RH (des ressources humaines), de ne pas choisir ses collaborateurs.

Au moment où Jésus leur dit ces paroles au cours de ce dernier repas, les disciples ont déjà trois ans de vécu ensemble. Ils ont suivi Jésus ensemble. Pourtant, cela ne devait pas aller de soi au départ.

Lors du premier Forum Chrétien Francophone à Lyon il a trois ans, nous avions comme thème le verset de Marc 3,13 : « Il a choisi ceux qu’il a voulus, pour les avoir avec lui et pour les envoyer ». (Au passage, on peut dire que le choix de Jésus est d’abord pour que nous soyons avec Lui avant d’être envoyés et de faire des choses.)

Ceux qu’Il a voulus… Et pourtant, il est difficile d’imaginer un groupe avec des personnalités aussi différentes les unes des autres ! En parler moderne, on pourrait dire qu’il y a un « collabo » avec Matthieu à la solde des Romains. Il appelle aussi un « résistant » avec Simon le Zélote. Mais il y a aussi deux paires de frères avec Jacques et Jean et Pierre et André. Eux se connaissent par cœur et ils pourraient sans doute finir la phrase de l’autre. Il y a des « fils du tonnerre », ceux qui doutent… Il devait y avoir quelques paroles virulentes par moments, des incompréhensions, des frictions.

Mais il les a choisis et il nous a choisis aussi, frères et sœurs différents, pour être établis en lui, pour aller et pour porter du fruit. Un fruit qui ressemble sans doute au fruit de l’Esprit de Galates 5,22 avec ses neuf saveurs, dont l’amour en premier… Et c’est d’ailleurs ce qu’il commande ensuite. Au verset 17, Jésus dit : « ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ».

Il y a un lien entre le porter du fruit et les paroles s’aimer les uns les autres. Jésus dit aussi que c’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres que le monde autour de nous reconnaîtra que nous sommes ses disciples. Alors ce n’est pas accessoire ni optionnel !

L’abbé Paul Couturier initiateur de la semaine pour l’unité des chrétiens disait : « pour s’unir, il faut s’aimer, pour s’aimer il faut se reconnaître, pour se reconnaître il faut aller à la rencontre l’un de l’autre ».

C’est le but du Forum, de créer un espace de rencontre où chacun peut partager son expérience de rencontre, de cheminement avec Jésus-Christ avec sa propre sensibilité spirituelle et théologique. Cela permet de nous découvrir, d’être surpris parfois en nous rendant compte que cette personne dans cette Église si éloignée de la mienne, si étrange pour moi, a aussi vécu cette rencontre et ce chemin persévérant avec le Christ.

Je sais que vous vivez aussi des rencontres de ce type à Aigle avec la démarche Aigl’is en marche…

Oui, de telles rencontres sont nécessaires.

Et cela n’est possible qu’en laissant l’Esprit que Jésus nous a laissé pour demeurer en nous, nous animer, nous vivifier, faire mûrir en nous son fruit.

Parlant de l’Esprit Saint j’aimerais lire le verset qui débute le récit de la Pentecôte.

« Tous ensemble dans un même lieu »

Actes 2,1 Quand vint le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans un même lieu.

C’est frappant ce « tous » « ensemble » « dans un même lieu ».

Mais pourquoi les trois ?

Nous pouvons en vivre deux sur les trois :

  • Nous pouvons être tous dans un même lieu, mais désunis, divisés, pas ensemble.
  • Nous pouvons être ensemble dans un même lieu, mais pas tous. Il peut manquer certains de nos frères à la table du partage.
  • Nous pouvons être tous et ensemble, mais pas dans un même lieu (même si c’est déjà quelque chose).

Si cela n’est pas toujours possible, il est important de créer de temps en temps des possibilités de cet être tous ensemble dans un même lieu. C’est avec la conjonction des trois, dans l’attente priante et obéissante à Jésus que ce mystérieux nouveau Consolateur/Paraclet, le Saint-Esprit vient le jour de la Pentecôte d’une manière forte et inattendue et se donne sur CHACUN et sur TOUS. Ce même feu qui se divise en flammes sur chacun est celui qui les unit. C’est cet Esprit répandu sur ceux qui étaient cachés dans une pièce fermée qui leur fait dire à haute voix dans des langues nouvelles les merveilles de Dieu. C’est cet Esprit qui rend Pierre, qui quelques semaines auparavant avait renié le Christ avec virulence, capable d’une prédication incroyable. 

Les cent-vingt (un groupe plus grand que les douze avec des hommes des femmes…) parlaient dans d’autres langues ENSEMBLE et chacun des étrangers présents à Jérusalem les entendait parler SA propre langue.

Face à la détresse du monde, face au manque de repère cruel dans nos sociétés, nous avons besoin d’être aussi ensemble frères et sœurs de confessions différentes, chacun parlant peut-être sa propre langue liturgique, spirituelle, mais qui pourra interpeller de manière particulière tel ou tel de nos contemporains…

N’ayons pas peur d’accueillir le choix du Christ pour nous-mêmes ! Et ne craignons pas d’oser avancer dans la connaissance et le respect et l’amour des autres qu’il a choisis ! C’est un chemin beau même s’il est difficile. 

Avec nos différences, mais habités du même Esprit, nous sommes choisis, établis, pour aller et porter du fruit qui demeure… Et là nous pourrons demander ce que nous voudrons au Père…

Ça en vaut la peine pour nous et pour le monde !

Photo: Journal Réforme

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Tiré de « En chemin d’unité. Actes du Forum chrétien romand ».

« En Chemin d’Unité » – Les Actes du Forum chrétien romand

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Jean-Baptiste Lipp: Elargir l’oecuménisme

Réflexions du pasteur Jean-Baptiste Lipp, président de la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande, lors de la rencontre du Forum chrétien romand à Leysin. 11 octobre 2021.

Vous me croirez ou ne me croirez pas, mais je préfère que vous me croyez : si je n’avais pas les fonctions qui sont les devenues les miennes au Conseil synodal de l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) et à la présidence de la Conférence des Églises (réformées) Romandes, je serais l’un des vôtres en continu, depuis hier et jusqu’à mercredi. Soit dit en passant, merci à celles et ceux qui ont cru, prié et œuvré pour que ce Forum ait lieu malgré tout, alors qu’il était encore dans les limbes au mois de juillet…

S’il n’y avait, dans mon agenda, des séances à Lausanne et à Strasbourg, j’aurais donc été le 66ème participant régulier au Forum Chrétien Romand de Leysin, dont j’avais noté les dates bien à l’avance, espérant y participer… Pour une raison institutionnelle, d’abord. En effet, la Conférence des Eglises Romandes était partie prenante, de manière assez officielle, au Forum de Lyon, en 2018, d’où est née l’idée de mettre sur pied le Forum que vous vivez.

L’autre raison est plus personnelle. Je vis l’oecuménisme au quotidien au sein d’un couple mixte, puisque ma femme est catholique… Je le vis au sein de ma fratrie, puisque l’une de mes sœurs et sa famille fréquentent une assemblée évangélique… Mais surtout, surtout je le vis de manière multilatérale au cœur de mon ministère de pasteur réformé. Je dis bien au cœur de ce ministère, et non en marge. Et je vais vous dire pourquoi.

Lorsque j’étais pasteur à Fribourg, dans les années 90, – c’était dans une autre vie, – il y avait deux lieux d’œcuménisme pour les responsables d’Eglises, et non un seul. D’un côté la Commission œcuménique qui réunissait les représentants catholiques (majoritaires), réformés et orthodoxes autour des projets de la Semaine de l’Unité au mois de janvier et, par la suite, du Jeûne fédéral au mois de septembre. Cette Commission, bilingue, réunissait les Eglises dites « historiques » (comme si les autres n’avaient pas aussi une histoire).

Mais il y avait, en parallèle, officieusement, un autre groupe qui réunissait des responsables d’Eglise évangéliques : réveil, adventiste, GBU alémaniques, les VBG, tenus par deux catholiques un peu évangéliques, et puis moi, le réformé de service. Et l’on se réunissait aussi pour des raisons d’encouragement au témoignage commun. Cherchez l’erreur : deux lieux œcuméniques, et non un seul, comme cela se fait dans d’autres villes comme Nyon, ou encore ici, au Forum chrétien…

Pourquoi vivre un « œcuménisme des grands », d’un côté, et un autre « œcuménisme des petits », de l’autre ? Ne sommes-nous pas tous petits, même lorsque nous sommes majoritaires ? Il a fallu que le pasteur de l’église du Réveil nous informe de son projet de faire venir une exposition de la Société Biblique Suisse à Fribourg pour que je lui dise : « Beau projet. Mais pas sans les cathos, mais pas sans les orthodoxes ! »

C’est impossible, c’est impensable de promouvoir nos communes Saintes Ecritures sans le faire avec l’Eglise catholique, et même avec la Faculté de théologie de cette ville universitaire. L’Expo a donc eu lieu. Non pas émanant du petit groupe œcuménique seulement, mais avec les autres. Et c’est ainsi que j’ai collaboré avec un jeune prêtre du nom de Alain de Raemy, aujourd’hui évêque auxiliaire du diocèse de LGF…

Cette histoire est à la fois anecdotique et emblématique. Je ne vous la livre pas pour vous raconter les souvenirs d’un vieux combattant convaincu. Je l’ai choisie pour vous encourager à vivre un œcuménisme multilatéral, et non bilatéral. Car enfin, s’il reste vrai que les dialogues d’une confession à l’autre sont de la plus grande importance, on ne saurait, aujourd’hui, dans la situation qui est la nôtre, de se contenter de jouer la partition œcuménique en duos.

A cet égard, je salue le livre à trois plumes de mes amis Claude Ducarroz, catholique, Noël Ruffieux, orthodoxe et Shaffique Keshavjee, réformé. Mais je me dis aussi, et devant vous : à quand ? A quand un livre à quatre, cinq, six ou sept plumes, intégrant un théologien évangélique, un adventiste, un méthodiste, un anglican, un catholique-chrétien, un pentecôtiste, etc… ? Peut-être que ce livre naîtra de votre cheminement ici, à Leysin…  Comme est née l’initiative trilatérale d’un commentaire biblique hebdomadaire sur le net, intitulé Evangile à l’écran, pris en charge par des personnes de confession catholique, réformé et évangélique, sur le net. Bravo et merci à Vincent Lafargue et à ses co-fondateurs !

Pour terminer ce mot d’accueil, qui se veut plutôt une exhortation, vous dire pourquoi, de mon point de vue, nous devons impérativement aller de l’avant ensemble, et de manière multilatérale, dans la moisson du Seigneur. Non pas seulement parce que ce serait plus sympa de vivre de manière multilatérale, et non plus bilatérale ou trilatérale, l’exigence œcuménique voulue et priée par le Christ en Jean 17.

Non pas seulement pour cette raison, qui pourtant constitue en elle-même une raison nécessaire et suffisante… (Je dirais même plus, une obéissance œcuménique à la suite de Jésus.) La raison pour laquelle nous sommes conviés, convoqués, condamnés à travailler ensemble est une raison missiologique. Finies, les Eglises historiques et non historiques ! Nous avons tous une histoire. Finies les Eglises majoritaires et minoritaires ! Nous sommes tous minoritaires dans cette société, quelle que soit l’histoire que l’on se raconte (du genre de celle que se racontait il n’y a pas si longtemps mon Eglise, comme « Eglise du peuple vaudois tout entier » !). Finies, les Eglises fidèles ou compromises. Nous sommes tous à la fois fidèles et infidèles à quelque chose, pourvu que ce ne soit pas au Christ, au Père et à l’Esprit Saint.

La seule raison de continuer de faire de l’œcuménisme, et de vivre en régime œcuménique, est une raison missiologique. C’est parce que nous vivons dans le même monde, la même pandémie, les mêmes défis sociaux, que nous sommes appelés à y être témoins ensemble. Il y a une vingtaine d’années, le pasteur Jean Arnold de Clermont, alors président de la Fédération Protestante de France, le disait comme une prophétie : « Si nous ne travaillons pas ensemble, c’est ensemble que nous serons laminés. »  

« Si nous ne travaillons pas ensemble, c’est ensemble que nous serons laminés. » Je le crois, plus que jamais. Je le vois, plus que jamais. Les Réformés, que je représente ici, ne sont plus trans-missionnaires comme nous l’étions encore il y a quelques temps : baptêmes, confirmations, mariages, enterrements… Le bon vieux système arrive en bout de course et s’essouffle. Nous allons clairement vers un effondrement, et cet effondrement a commencé. Je viens d’apprendre que la moitié seulement des enfants qui nous étaient encore confiés reprennent une activité pour l’enfance dans nos paroisses de l’EERV…   

Nous ne sommes plus trans-missionnaires. Nous ne voulons pas trop être missionnaires (ce n’est pas vraiment dans notre ADN). Nous allons peut-être même disparaître. Sauf… Sauf si nous reprenons la mission avec d’autres Eglises : catholique, orthodoxe, évangélique, pentecôtiste, et je n’allongerai pas ici la liste des confessions que vous représentez. Et si vos Eglises pensent pouvoir continuer sans les autres, cela durera un temps, deux temps, mais pas tout le temps. A ce propos, je vous laisserai découvrir ma lecture missiologico-oecuménique de l’appel des quatre premiers disciples de Jésus, et que j’ai renommés ainsi : Petrus, Andrej, Johannes et Jack…  Une feuille est à disposition pour vous sur la table à la sortie.

Merci de votre attention aux enjeux missionnaires de l’œcuménisme ! Et que ce Forum soit béni.            

Tiré de « En chemin d’unité. Actes du Forum chrétien romand ».

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Jean-Marie Lovey, « Marcher ensemble »

Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion, salue la rencontre du Forum chrétien. Octobre 2021

Bonjour de l’Église catholique,

Je suis très heureux que le Forum chrétien romand fasse ses premiers pas dans le diocèse de Sion. Bien que nous soyons en terre vaudoise réputée majoritairement protestante, c’est au territoire de l’Église catholique du diocèse de Sion qu’est pleinement rattaché tout ce district d’Aigle : Leysin, le Pays d’En-Haut. Ainsi le signe d’un œcuménisme permanent nous est donné.

La présence du Vicaire général, Pierre-Yves Maillard tout au long du Forum, dit aussi l’intérêt de notre Église catholique à ce que le Forum peut mettre en route comme chemin de rencontre, d’échange, d’enrichissements mutuels. L’actualité m’invite à vous partager très brièvement deux points que nous pourrions, ensemble, déposer devant Dieu.

Abus: L’Église est un corps et lorsqu’un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre (1 Co 12,26). Ce que le rapport de la « Commission Sauvé » a mis à jour dans la France voisine nous affecte profondément.

Les crimes d’abus sexuels commis dans le cadre de l’Église catholique sont une horreur épouvantable. Les chiffres sont terrifiants et nous savons bien que derrière chaque chiffre, il y a un visage dramatiquement abîmé.

Ce qui s’est passé en France s’est aussi passé chez nous, dans notre Église. Et la honte exprimée par mes confrères évêques, c’est aussi ma honte.

Synode : les diocèses du monde entier sont invités à entrer, ce dimanche à venir dans une phase de synode. Cela se fera concrètement pour nous par une célébration en trois temps. Une mise en route à la cathédrale de Sion/une marche jusqu’à la colline de Valère avec des temps d’échange à deux ou par petits groupes/et une prière des Vêpres à la basilique de Valère.

De fait le synode est un chemin commun que l’Église catholique veut vivre, dans une première phase, à l’intérieur de chaque diocèse ; puis en 2023 sous la forme plus habituelle d’une session d’environ un mois, à Rome avec des délégations majoritairement d’évêques du monde entier, mais aussi des laïcs homme et femmes et des représentants d’Églises sœurs.

Le thème des réflexions est précisément celui de la synodalité. Pour une Église synodale : Communion, participation, mission. Comment réalisons-nous cela ? Je relève la septième des dix questions posées pour guider la réflexion :

Le dialogue entre chrétiens de diverses confessions, unis par un seul baptême, occupe une place particulière sur le chemin synodal. Quelles relations entretenons-nous avec les frères et sœurs des autres Confessions chrétiennes ? Quels fruits avons-nous recueillis de ce « marcher ensemble » ?

Photo: Cath.ch

Tiré de « En chemin d’unité. Actes du Forum chrétien romand ».

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