Cressier (NE), 5 octobre 2024. Une cinquantaine de personnes se sont donné rendez-vous pour la troisième rencontre du Forum chrétien romand (FCR). Une riche journée où les participants, venus de multiples Églises et mouvements, ont pu découvrir ce qui les relie. 

Par Martin Hoegger

La parole de l’apôtre Paul a éclairé cette journée : « Accueillez-vous donc les uns et les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu » (Rom. 15, 7). Cet accueil réciproque où l’autre est reçu comme un don, non comme une menace, a été vécu de diverses manières. 

C’était la première fois qu’une telle rencontre avait lieu dans le canton de Neuchâtel. Au nom de la Communauté des Églises de ce canton (COTEC-NE), Richard Jeanneret a souhaité la bienvenue : « Parce que vous êtes là, cela fait toute la différence », dit-il avec joie.  « Qui manque autour de notre table », telle est la question que les Forums chrétiens posent souvent, et que Catherine Wüthrich, déléguée du Réseau évangélique romand, évoque, en saluant l’assemblée au nom du comité du FCR.

Le pasteur réformé vaudois, Frédéric Keller, autre membre du comité, rappelle que « le socle du Forum est la conviction que Dieu travaille dans chaque communauté et parle la langue de chacune ». En 2018, le Forum chrétien francophone de Lyon a été une expérience extraordinaire. Sur sa lancée, le Forum romand a été créé. « Le Forum nous donne une force d’être ensemble. Mais son but est de témoigner ensemble du Christ« , dit-il.

Unité et mission : le but du Forum

Comme le Forum chrétien romand est une émanation du Forum chrétien mondial (FCM), Hubert Van Beek, premier secrétaire général du FCM, parle ensuite de sa dynamique. (Lire sa conférence ici)

A la fin des années 1990, le Conseil œcuménique des Églises (COE) a pris conscience qu’un quart du christianisme mondial est en dehors du mouvement oecuménique.  En effet, l’Église catholique en représente la moitié, les Églises membres du COE un quart et les Églises évangéliques et pentecôtistes un autre quart. 

« La réponse qui s’est imposée a été : il faut ouvrir une nouvelle voie. Non pas une nouvelle organisation qui remplacerait le COE, mais un nouveau cheminement dont le COE est un des composants. C’est ainsi que l’idée d’un Forum est née ».  

Un groupe composé de membres de ces différentes familles d’Églises s’est mis d’accord pour organiser une première rencontre. « Le groupe a défini le but : le COE et le Vatican ont dit unité, les évangéliques ont dit d’accord, mais il faut ajouter mission.  Unité : cela veut dire travailler sur les relations, dépasser les préjugés et les stéréotypes, apprendre à se connaître et se comprendre, construire la confiance. Mission : cela veut dire là où c’est possible, coopérer et témoigner ensemble ».

Plusieurs rencontres mondiales et régionales ont eu lieu. Depuis, le Forum Chrétien Mondial existe comme lieu de rencontre et de rapprochement des deux mouvements qui ont marqué la vie et le témoignage des Églises dans le monde entier, tout au long du 20e siècle – le mouvement oecuménique et le mouvement évangélique et pentecôtiste.

Le cœur d’un forum : le partage des chemins de foi

Dans des petits groupes, les personnes présentes ont pris le temps d’écouter les « itinéraires de foi« . Chacun avait 7 minutes pour témoigner comment il a vécu la rencontre avec le Christ. Comme à Leysin, lors du premier Forum romand, « oser échanger en « je » crée un lien comme rien au monde. Quelle joie de découvrir comment le Christ a choisi nos frères et sœurs !  L’aimer nous fait aussi aimer la communion fraternelle. »

Échos du 4e rassemblement mondial du Forum chrétien. 

Après le repas, trois romands ayant participé au rassemblement d’Accra (Ghana)  ont témoigné de leur expérience. Martin Hoegger, représentant le réseau de communautés et mouvements « En chemin ensemble » a montré que ce Forum avait une belle logique en trois temps. « Au premier temps, nous avons affirmé que c’est le Christ seul qui nous unit. Au deuxième, avec la visite de la forteresse de Cape Coast où des millions d’esclaves ont transité, nous avons reconnu nos infidélités et notre besoin d’être pardonnés et guéris. L’envoi est le thème du troisième temps ».  (Lire ici son exposé ) 

Esther Solari, jeune catholique vaudoise, a été touchée par la place donnée aux jeunes. Mais elle s’interroge sur le fait que les célébrations n’aient pas assez inclus les catholiques et les orthodoxes. Quant à Franck Jeanneret, délégué de la Communion d’églises protestantes évangéliques en France, mais aussi membre de la Fédération évangélique neuchâteloise, il s’est réjoui de découvrir la dimension mondiale du Forum, après avoir participé à des Forums régionaux. La rencontre avec des membres d’Églises orthodoxes l’a particulièrement touché. 

Quatre ateliers

L’atelier « Présence chrétienne dans les médias », animé par le théologien Shafique Keshavjee, a permis de riches échanges. Après un « état des lieux » de la présence chrétienne dans les médias laïcs et confessionnels, trois propositions furent discutées. 1. Interpeller la RTS afin qu’aux fêtes chrétiennes un film ou documentaire inspiré par des valeurs chrétiennes et humanistes puisse être diffusé. 2. Soutenir la diffusion de l’émission Ma Foi c’est comme ça sur les différentes télévisions locales de Suisse romande. 3. Soutenir la diffusion du Quart d’heure pour l’essentiel comme tout ménage en 2025. La nouvelle Fondation de soutien aux médias Régénération fut aussi présentée.

Dans un autre atelier, Nassouh Toutoungi, prêtre de l’Église catholique chrétienne, Christophe Godel, prêtre de l’Eglise catholique, de la Fédération évangélique neuchâteloise, et Hyonou Paik, pasteur de l’Église réformée évangélique de Neuchâtel, ont présenté les « cinq engagements » de la Communauté de travail des Églises chrétiennes de Neuchâtel : s’ouvrir à la richesse de nos différentes traditions – créer des occasions de prier ensemble – reconnaitre que nous partageons la même foi – nous engager pour le bien de la cité – favoriser entre nos Églises la mise en commun de leurs missions. 

Dans l’atelier « Lecture plurielle de la Bible », Daniel Romet et Adrian Craciun ont proposé la lecture du texte de Romains 15,7, avec les perspectives d’un juif croyant en Jésus et d’un théologien de l’Église orthodoxe. Ce texte parle de l’accueil réciproque entre juifs et gens des nations, au nom du Christ. Il a été souligné que c’est la première fois qu’un « juif messianique » participe à une rencontre du Forum chrétien. Et, c’est une richesse !

Le quatrième atelier est intitulé « 2025 : les 1700 ans du Concile de Nicée. Quelle actualité ? » L’année 2025 marquera les 1700 ans du premier concile œcuménique de Nicée : un exemple de prise de décisions communes en des temps difficiles et à partir de cultures différentes. Les repères de la foi chrétienne ont alors été posés, avec le Symbole de Nicée, complété 50 ans plus tard au concile de Constantinople. C’est également à Nicée qu’a été décidée la manière de calculer la date de Pâques. Panayotis Stelios, théologien catholique et Martin Hoegger, pasteur réformé ont animé cet atelier. Ce dernier participe à l’initiative « Pâques ensemble 2025 » qui a récemment organisé un séminaire sur le sens actuel de ce Concile

Rassemblés par le don de Jésus

Cette riche journée s’est terminée par une célébration où une « lectio divina » a été animée par l’abbé Vincent Lafargue, membre du comité de l’École de la Parole en Suisse romande. Elle était, évidemment, basée sur le texte de Romains 15 invitant à nous accueillir les uns les autres. Par des temps de lecture, d’écoute, de partage et de prière, nous avons remercié Dieu de nous avoir rassemblés par le don de Jésus, sa croix salvatrice, sa résurrection et l’envoi de l’Esprit. Ce temps, comme d’autres moments, a été nourri par des chants entraînés par Jean-François Bussy et Daniel Romet. 

« L’unité n’est pas au bout du chemin, mais elle est déjà donnée en Christ. Il nous rapproche en une même famille », telle a été la conclusion enthousiaste d’un membre d’une Église évangélique, qui a découvert cette démarche originale pour rassembler les chrétiens de Suisse romande. Plusieurs ont aussi été nourris par la richesse des partages en petits groupes, particulièrement les « itinéraires de foi », et désirent la vivre dans leur contexte.

D’autres personnes ont à cœur de faire rayonner la vision du Forum en devenant « ambassadeur ». Nous sommes, en effet, tous les acteurs de ce mouvement d’unité et pouvons le faire connaître autour de nous.